Auto
Aston Martin a tous les jours 100 ans
20 NOVEMBRE . 2013
Fondée dans les Mews de Kensignton en 1913, Aston Martin est devenu la marque la plus « cool », au fil d’une histoire mouvementée, marquée par des succès sportifs et des faillites retentissantes. Fournisseur officiel du Prince de Galles et de James Bond, le constructeur anglais a fait de la célébration de son jubilé une opération de communication mondiale savamment orchestrée.
Une opération héliportée à Dubai, un timbre à l’effigie de la DB5, un yacht à Monaco, mille voitures à l’assaut des rues de Londres, un concept car de course, de nouvelles créations signées Zagato, une pluie de récompenses au concours d’élégance de Pebble Beach: les dirigeants d’Aston Martin n’allaient tout de même pas se contenter d’un gâteau avec des bougies et de quelques badges commémoratifs sur une carrosserie.
Le constructeur britannique de voitures de sport a cent ans. Il fallait donc que cela se sache. Au delà de l’hommage, légitime, à l’une des marques les plus emblématiques de la production anglaise, la célébration du centenaire a été conçue par la firme de Gaydon comme une vaste opération promotionnelle, orchestrée de main de maître, et habilement ponctuée d’événements sensationnels tout au long de l’année 2013.
Si le prélude fut sans grande surprise, avec le dévoilement d’une plaque sur le modeste bâtiment de brique rouge de Henniker Place, au coeur de Londres, où la marque fut fondée en janvier 1913 par Robert Bamford et Lionel Martin, le coup d’envoi des festivités aura été autrement plus spectaculaire. Peu avant le coucher du soleil, un hélicoptère dépose un coupé Vanquish sur le toit du Burj Al Arab, le plus haut gratte-ciel de Dubai culminant à plus de 300 mètres. Le message est clair : Aston Martin Lagonda Ltd entend bien prendre de la hauteur sur son passé pour regarder loin la ligne de l’horizon et l’avenir. Pour autant, pas question de prendre de haut les quelques mille invités, conviés dans les salons du luxueux hôtel, pour une fête endiablée, prélude à quelques autres. Quelques semaines plus tard, le rythme s’accélère encore. Pour présenter le concept car CC100, une barquette de course évoquant la DBR1 victorieuse aux 24 Heures du Mans 1959, Dr Ulrich Bez, Président d’Aston Martin, prend lui-même le volant du bolide sur la piste du Nürburgring. Puis vient la révélation de la ligne « Centenary Edition », comprenant une peinture gris-bleutée et des finitions spécifiques. Une griffe disponible sur les modèles Vanquish, DB9, Rapide et V8 Vantage, chacun produit comme il se doit à 100 exemplaires.
Pour entretenir la passion des amateurs récents comme des collectionneurs avertis, la marque a ensuite organisé une succession de rallyes sur tous les continents, de l’Amérique du Nord à la Chine, en passant par l’Australie ou l’Europe, mettant en valeur les modèles anciens les plus emblématiques, et quelques créations récentes, dont la très exclusive One-77, et faisant aussi la part belle aux partenaires du constructeur, comme Bang & Olufsen ou Jaeger-LeCoultre. Une trentaine de voitures ont d’ailleurs fait le voyage entre l’usine de Gaydon, en Angleterre, et la manufacture horlogère du Sentier, dans le Jura suisse, avec une escale de choix, ponctuée par une fête élégante, à la boutique parisienne de la place Vendôme.
Point d’orgue de ces itinéraires, mille voitures se sont retrouvées à Londres, après une visite de l’usine, pour une grande célébration populaire. Dans les jardins de Kensington, au coeur de la capitale anglaise, tous les modèles produits par la marque étaient alignés comme à la parade devant la Reine, y compris les exemplaires de course, les Shooting brake, les prototypes, tels l’Atom ou la Bulldog, certaines carrosseries spéciales signées Zagato, Berone, ou Ogle, les voitures de James Bond et celle de Brett Sinclair, et, bien sûr, la DB6 Volante du Prince Charles. Amateurs et néophytes ne savaient où donner de la tête. Mais les deux nouvelles créations de Zagato, un coupé et un cabriolet, spécialement créées pour l’occasion ne sont pas passées inaperçues. Tout comme a Pebble Beach, en Californie, où, fin août, Aston Martin glana quelques lauriers supplémentaires à l’occasion du concours d’élégance automobile le plus élitiste et le plus huppé.
En souvenir de tant de courses et même de quelques victoires, Aston Martin a aussi largement participé cette saison aux manifestations historiques. Invitée vedette du Tour Auto Optic2000 2013, la marque fut aussi à la fête lors du Silverstone Classic, du Festival of Speed de Goodwood, du rassemblement du Nürburgring, ou encore du Goodwood Revival, en septembre, ou, en plus d’une présentation muséale, le coupé DP 212 s’offrit, sous une pluie dantesque, une épique et glorieuse victoire dans la réédition du prestigieux Tourist Trophy. Première couronne de laurier pour cette élégante voiture du course dont l’ambition était, à l’époque, de tenir tête la Ferrari GTO. C’est chose faite désormais.
Dans un environnement très concurrentiel pour les marques de luxe, cet anniversaire tombait donc à point nommé pour entretenir la légende du constructeur britannique dont l’histoire a aussi été marquée par quelques faillites retentissantes. Mais l’époque des difficultés financières chroniques semble oubliée, surtout depuis l’entrée d’un fonds italien, aux côtés des investisseurs koweïtiens, permettant d’envisager l’avenir, c’est-à-dire la nécessaire mise en chantier d’une nouvelle plateforme, de nouveaux moteurs et de modèles inédits. Pour l’heure, la magie opère toujours.
Frédéric Brun
100 ans d’Aston Martin en images