Architecture
Avoriaz : Métropolis des neiges
24 FéVRIER . 2014
A 1800m d’altitude, un balcon rocheux plein sud domine la vallée de Morzine, voilà le magnifique site d’Avoriaz. Selon la galéjade, ces alpages alors délaissés faisait dire à leur propos « ça ne vaut rien », devenu, au fil du temps et avec l’accent savoyard, Avoriaz.
En 1960, Jean Vuarnet, l’enfant du pays devenu champion olympique de descente cette année là, rêve d’y installer une station de ski.
Pour mener à bien sa vision, il va confier le projet au promoteur Brémont-Lafond lequel se tournera vers son fils pour s’occuper du projet et faire appel aux architectes du groupe, dont notamment Jacques Labro. Cette équipe jeune, tous à peine trentenaires, va poser au début des années 60, les bases d’une station de ski moderne, résolument à contre courant de ce qui se faisait à l’époque.
Quand on lui demande d’expliquer le style d’Avoriaz, Jacques Labro évoque plutôt la passion commune pour le jazz au sein des architectes de l’agence. Pour lui, cette équipe était comme un groupe de musiciens. Le premier, tel un bassiste, posait la rythmique en dessinant les fondations. Ensuite chaque architecte venait jouer son propre solo, comme une improvisation et ainsi ajouter sa touche personnelle au projet.
De cette conception instinctive va naitre une architecture organique et déconstruite évoquant les formes accidentées de la nature, avec des matériaux souvent laissés bruts, telles les façades en tavaillons de bois de cèdre rouge. L’architecture marque la topographie, joue avec elle. Les bâtiments s’implantent en bordure de falaise afin de la surligner, ou encore à flanc de paroi, pour réduire l’impact visuel des constructions.
Autre principe majeur voulu dès le départ par les créateurs, Avoriaz est une station sans voiture. Au début, un simple téléphérique assure la liaison avec Morzine. Une idée inconcevable à une époque où cette dernière est le symbole d’une société en plein essor. Les automobiles reléguées au parking, les pistes dictent le plan de la station. Tout peut se faire à ski, à pied ou en traineaux depuis les appartements.
Ne nous méprenons pas, l’idée de départ n’était pas de choquer mais bien d’étonner et ainsi provoquer le dépaysement total des vacanciers. En proposant autre chose, Avoriaz offre une vraie rupture avec la vie urbaine. 50 ans plus tard et alors que la plupart des stations se cherchent une crédibilité éco-responsable, Avoriaz semble plus que jamais d’avant garde.
Jean-François Maccario
www.alastairphilipwiper.com Alastair Philip Wiper est un photographe anglais basé à Copenhague. Il travaille dans le monde entier, notamment sur les sujets bizarres et merveilleux de l’industrie, la science ou l’architecture. Parmi ses nombreux clients : Wired Magazine, The Telegraph, The World, New Scientist, Designboom, The Daily Mail, Gizmodo, Architizer. Il est également le photographe attitré de l’artiste Henrik Vibskov. La série d’images « Avoriaz : The Enchanting Village » a fait l’objet d’une exposition au Bygnings kulturens Hus de Copenhague, du 15 novembre 2013 au 31 janvier 2014, qui vient d’etre prolongée jusqu’à la fin mars.