THIRDMAN

Ringarde, la Cologne ? Certainement pas pour les maisons comme Atelier Cologne, Annick Goutal ou encore Hermès, qui offrent régulièrement de nouvelles facettes aux incontournables notes d’agrumes – citron, orange, pamplemousse ou bergamote – recherchées pour leur fraîcheur. Cette note de tête tonique, hélas très volatile, nécessite de s’asperger régulièrement. Elle est donc de plus en plus souvent associée à des notes de coeur et de fond plus « tenaces » comme le boisé ou le musc.

Nouvel arrivant sur ce créneau, Thirdman débarque des Etats-Unis. Flacons ultra-sobres, silhouette noire en guise de logo… Et quatre « Eaux » mixtes pour réveiller la Cologne de niche. L’Eau moderne marie l’orange amère et l’iris pallida (superbe contraste fraîcheur / sensualité) ; l’Eau monumentale joue la carte bergamote / mimosa ; l’Eau profonde, parfum de peau sensuel et addictif, débute par des notes de poivre blanc puis évolue sur une « ambre atmosphérique » empruntant au géranium… Enfin, l’Eau nomade cingle les sens avec une tête orange sanguine / citron de Sicile, soutenue par un fond de cardamome veloutée. Un voyage immobile.

Au départ, c’est déroutant. La gamme dégage une impression de frais et de confort difficile à expliquer. C’est un peu comme se glisser dans le velouté et la fraîcheur d’un t-shirt en coton neuf. La faute à l’ambroxan, une molécule de synthèse, mélange de muscs et de plusieurs bois, convoquée pour renforcer le sillage et accentuer les facettes sensuelles. Jean-Christophe Le Grévès, créateur de Thirdman en 2011, l’appelle « la note fantôme ». Résolument moderne avec son côté « propre », cette enveloppe synthétique pourra dérouter les nez les moins intrépides. Les autres profiteront des beaux jours pour se lover dans ces architectures olfactives hors normes, à l’élégance vaporeuse.

Guillaume Tesson