Culture
Klimt et la Sécession : l’art et l’or
13 MARS . 2015
Des dorures, une végétation luxuriante, des étreintes… Les tableaux de Gustav Klimt sont autant de visions de paradis ancrées dans notre inconscient. La Pinacothèque propose de replacer cette œuvre mythique dans son contexte, celui de la Sécession viennoise de la fin du XIXème siècle.
A travers des peintures, sculptures, mobilier et autres fresques, le mouvement artistique se dévoile. Rejetant le modèle académique qui place la peinture d’histoire sur un piédestal, Klimt, Moser, Schiele ou Kokoschka se tournent vers le symbolisme. L’attrait des artistes pour les paysages prend un nouveau souffle et les portraits jusqu’alors très solennels se font plus doux. L’objectif est de dévoiler la nature la plus personnelle et le caractère le plus intime d’une personne à travers sa représentation. Pas étonnant en ces temps de réflexion d’un certain Sigmund Freud.
La Sécession viennoise, officiellement née le 3 avril 1897, allie cette subtilité à une force d’exécution souvent stupéfiante. Pour les arts qui mènent au « seul endroit où nous pouvons trouver la pure joie, le pur bonheur, le pur amour » d’après Klimt, les artistes ne reculent devant rien. La première œuvre dans laquelle Klimt utilise l’or, en 1901, est une fresque longue de 34 mètres à la gloire de Beethoven. Impressionnante. Les toiles consacrées aux femmes de la mythologie, « Judith », choisie pour l’affiche de l’exposition, et « Salomé », sont éblouissantes de sensualité. On peut toutefois regretter que beaucoup d’œuvres majeures de Klimt, comme « Le Baiser », ne soient pas présentées.
Le pari est donc réussi pour la Pinacothèque qui parvient à donner un large panorama de ce bouillonnement artistique de fin de siècle. Pourtant, l’exposition a le défaut de ses qualités : les explications proposées aux visiteurs sont si denses qu’elles en deviennent excessives (courage à qui voudra les lire toutes !). C’est un ensemble très complet que la Pinacothèque propose, mais un rien scolaire pour un mouvement dont la devise était : « A chaque époque son Art. A l’Art sa Liberté ».
Louise Bollecker