Gastronomie
Cloudy Bay, le vin des antipodes
12 MAI . 2015
Cloudy Bay a trente ans. C’est jeune pour un domaine, et pourtant il en a fallu bien moins à la star des vins néo-zélandais pour devenir culte : le vin du Nouveau Monde à goûter absolument, celui que les auteurs citent dans leurs ouvrages les plus appréciés du grand public. Dès 1997, dans L’Homme qui voulait vivre sa vie, Douglas Kennedy mettait en scène un meurtre perpétré à coups de bouteille étiquetée Cloudy Bay.
Pendant des années, le vin de la « baie aux eaux troubles » a été victime de son succès, en particulier Outre-Manche : si difficile à se procurer que les cavistes en constituaient des réserves cachées, destinées à leurs clients préférés. Si l’hystérie s’est aujourd’hui un peu calmée, le fameux « effet Cloudy Bay » reste toujours aussi spectaculaire à observer : il suffit d’en servir un verre à quelqu’un qui « n’aime pas le vin blanc » pour voir le sceptique changer d’avis sur-le-champ.
Il faut dire que ce « Sauv Blanc » du bout du monde ne ressemble à rien de ce qui peut se faire sous nos latitudes : une saveur si atypique, si reconnaissable qu’on l’identifie les yeux fermés. Fruité raffiné, intensité vibrante, minéralité fumée : on est immédiatement transporté au cœur du paysage de l’étiquette, ce dégradé de montagnes qui se détachent en ombres chinoises sur le ciel de Wairau. On y sent la pureté des grandes étendues, la clarté des ciels de Nouvelle-Zélande, la magie d’une contrée aux infinies couleurs, aux infinies saveurs.
C’est la grande réussite de Cloudy Bay, la raison pour laquelle on revient à ce vin encore et encore : le sentiment de soudain étendre les horizons de notre palais, et d’y découvrir une multitude de panoramas inconnus. Un sentiment de liberté.
Marie Mascré
