Gastronomie

Benoît

03 JUIN . 2015

Et si on sortait un peu des sentiers balisés de la hype gastro poussant ses nouvelles adresses en continu pour revenir à l’essentiel ? Direction Benoît, le prototype plus que centenaire (il a ouvert ses portes en 1912) du bistrot à la française tel qu’on le rencontre dans les films américains d’un Woody Allen en escale parisienne.

Ici le décor plante ses murs dans la tradition à la française des cuivres, verres gravés, bar en bois, carrelage à l’italienne, banquettes de velours rouges, colonnes de faux marbre, service affable en noir et blanc et déploie comme au bon vieux temps des maisons bourgeoises ses nappes blanches et son argenterie.

A la carte, une cuisine de résistance, de panache et d’absolue générosité que ne renieraient pas d’Artagnan ou Cyrano : un des meilleurs pâtés croûte de Paris, des Ris de veau d’exception servis avec foie gras, crêtes et rognons de coq dans une casserole de jus truffé. La langue de veau Lucullus discute avec le filet de sole Nantua. Le cassoulet s’affiche en saison et tient la dragée haute à la tête de veau en ravigote. Les escargots beurre d’ail et la soupe d’écrevisses cultivent une nostalgie bonhomme et bien tournée. Même les asperges de saison se parent d’une petite mousseline à la truffe !

Portions de forts des halles, produits frais soigneusement sélectionnés (la table est passée sous pavillon ducassien), carte des vins tradi de belle profondeur : la contrepartie fait évidence, on y laisse le soir venu quelques gros billets.

Mais avec un peu de chance et un choix sur la carte judicieux (Bœuf Wellington ?) vous aurez droit au spectacle en voie de disparition d’un véritable service au guéridon. Aucune raison donc d’abandonner cette table aux bouches étrangères ! Parbleu !

Thierry Richard