Culture
Les chefs-d’oeuvre de la Fondation Louis Vuitton
26 JUIN . 2015
Autant vous prévenir tout de suite : si vous êtes sujet aux migraines, passez votre chemin. La concentration d’œuvres d’exception présentées dans le cadre de l’exposition « Les Clefs d’une passion » donne vraiment le tournis. Le bâtiment en lui-même en impose : les ailes de verre et de bois déployées, le navire imaginé par Frank Gehry est posé sur l’eau dont les reflets l’illuminent. Si l’intérieur du lieu aurait mérité plus d’audace – les dimensions comme le décor restent modestes, il renferme jusqu’au 6 juillet les plus grands chefs-d’oeuvre du modernisme.
Voilà l’avantage d’être une fondation privée ; nul besoin de viser l’exhaustivité. Il est ici question de passion, de ressenti, de goût personnel et non de raison. Heureusement, Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation Vuitton et commissaire de l’exposition, a un goût très sûr. Forte des prêts de collectionneurs privés et de grands musées (le musée de l’Ermitage à Saint Pétersbourg, le Tate Modern de Londres ou le MoMa de New York, pour ne citer qu’eux), elle a rassemblé les toiles les plus emblématiques du modernisme et construit autour d’elles une exposition exigeante et structurée.
Dans une scénographie épurée où la disposition des œuvres est aérée, la commissaire a réparti ces dernières dans quatre catégories : l’expressionnisme subjectif, où Francis Bacon, Alberto Giacometti et Edvard Munch partagent la vedette avec Otto Dix, Kazimir Malévitch et Helene Schjerfbeck ; la séquence contemplative, rêveuse, inquiète ou hédoniste, dans laquelle on trouve notamment Monet, Mondrian et Picasso ; la séquence popiste, où les couleurs franches de Fernand Léger répondent aux réflexions sur la ville et la société de consommation de Robert Delaunay et enfin la séquence musique sur une partition de Kandinsky, Kupka, Matisse et Severini.
Impossible de trancher entre toutes ces toiles et sculptures. Chacun, selon sa sensibilité, pourra dresser son palmarès parmi les maîtres du modernisme. Pour le plus grand plaisir des visiteurs néophytes, chaque description d’oeuvre est accompagnée d’un court paragraphe sur le sens qu’il faut lui donner. « Les Clefs d’une passion » portent bien leur nom : avec pédagogie et élégance, elles ouvrent la porte du génie des modernistes.
Louise Bollecker