Bateau
America’s Cup : les Français dans la course
21 JUILLET . 2015
C’est sous l’œil bienveillant de Jean Bart, Dugay-Trouin et Tourville que leurs lointains héritiers de la grande marine à voile française ont lancé, le 25 juin, le défi Groupama Team France pour défendre nos couleurs dans la prestigieuse Coupe de l’America. Ce jour là, les dorures et lustres de cristal de l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde offraient un bel écrin à ce projet qui fait rêver tous les amateurs de voile.
Absente de la compétition en 2013, faute de budget, la France se rattrape pour cette nouvelle édition. Dans la Team se sont alliés Franck Cammas, Michel Desjoyeaux et le médiatique Olivier de Kersauson. « En réduisant la taille des bateaux à 48 pieds (15 m contre 62 pieds soit 19 m) l’organisation a rebattu les cartes, réduit les coûts et nous a permis de rejoindre le groupe des challengers » explique Michel Desjoyeaux, responsable de la technologie.
Et même si pour l’heure les Français font figure de parents pauvres dans cette course avec un budget officiel de 5 millions d’euros, le trio reste optimiste. « Nous n’avons pas un gros budget, mais il est suffisant pour foncer et payer la première tranche de l’inscription » note Franck Cammas responsable du volet sportif. Un passionné qui n’a jamais cessé de s’entraîner depuis que le projet a été lancé, il y a deux ans, avec la même énergie comme si le montage financier était bouclé depuis longtemps. « En réduisant la taille pour permettre à plus d’équipes de participer aux éliminatoires, le Defender a transformé ce championnat du monde de milliardaires en championnats du monde des meilleures nations » assure-t-il.
Des milliardaires, il en reste encore. A commencer par Larry Elisson, patron d’Oracle, victorieux des 33e et 34e coupes. On parle aussi beaucoup de Törbjorn Törnqvist, richissime courtier en marchandises suédois, qui aligne pour la seconde fois Artémis dont Loïc Peyron, récent vainqueur en multicoque de la Route du Rhum, est un des piliers. Cette année il faudra aussi compter sur le japonais Masayoshi qui a confié son projet au Néo-Zelandais Dean Barker, l’infortuné perdant de 2013.
Ceci étant, la réduction de la taille des catamarans n’est pas perçue de la même manière par tous. Ainsi Patrizio Bertelli, PDG de Prada, en est même venu à se retirer de la compétition en dépit de la préparation déjà avancée de son équipe. Un départ soudain qui a ouvert la voie à un retour tout aussi inattendu : Louis Vuitton qui, de nouveau, parraine les éliminatoires.
On le comprend, si l’America’s Cup perd un peu de son image de régate exclusive des très grandes fortunes, c’est surtout parce que les bateaux sont désormais devenus, à l’instar de ceux du Vendée Globe, de vastes supports publicitaires. Nos « Frenchies » ne sont donc pas les seuls sans milliardaire. Le Britannique Sir Ben Ainslie, génie de la régate, quadruple médaillé olympique en Finn et réel artisan de l’incroyable remontée d’Oracle en 2013, est ainsi parvenu à monter une équipe, la Ben Ainslie Racing (BAR) laquelle vient de recevoir le soutien de Land Rover. Son espoir : ramener le pichet d’argent dans le Solent d’où il est parti en 1851. Le désistement de Prada et l’orientation monotypie (plusieurs bateaux sortiront du même moule) lui conviennent parfaitement. Reste donc les Néo-Zélandais soutenus par Emirates qui doivent laver l’affront de la dernière édition. Larry Elisson avait en effet garanti que les éliminatoires auraient lieu à Auckland avant de revenir sur ses propos il y a quelques mois, déplaçant ainsi les régates aux Bermudes entre 2016 et 2017, lieu de la compétition finale prévue en juin et juillet 2017.
D’ici là, rendez-vous le 23 juillet à Portsmouth pour les premières régates sur catamarans de 45 pieds, à Goteborg le 27 août et à Hamilton le 16 octobre.
Patricia-M. Colmant
Le site officiel de l’America’s Cup