Gastronomie

Le Restaurant

31 AOûT . 2015

On pourrait ne s’attacher qu’à l’emballage. S’arrêter au décor d’un charme obscène, claquant ses ors, ses velours et ses pourpres au visage ravi des visiteurs. Ne pas voir plus loin que la séduction roublarde d’une salle à manger filant bon train son air rococo, ses manières de boudoir cosy et finissant sa course sur une terrasse aux parfums italiens que seuls les initiés connaissent. On pourrait en rester aux yeux écarquillés.

Mais il y a la bouche. L’appétit et le goût des belles nourritures. Et ils ne sont pas en reste ici, dans ce lieu si purement nommé : Le Restaurant. Sur des nappes immaculées, le chef étoilé Julien Montbabut fait défiler des assiettes de premier ordre, d’un charme égal à celui des canapés profonds où l’on se pose pour y goûter. Ses « Petites girolles, bouillon d’ail rose, poêlée d’escargots petits gris et caviar d’aubergine » respirent la forêt s’éveillant dans la brume d’un petit matin. Son « Turbot de Bretagne, champignon de Paris », cuit dans des vapeurs de café, fait doucement raisonner sa tonalité pastel. L’« Agnelet de Pays d’Oc, selle, haricot beurre, rognons panés et jus corsé » enrobe son caractère franc et fort d’une délicieuse odeur de tilleul.

Quant aux desserts, ouvertement girly, ils manient les blancs, roses et rouges dans de belles compositions sucrées. Comme un écho à cet écrin de tentures et de lustres précieux où ce petit théâtre du plaisir se joue quotidiennement.

Thierry Richard