Style de vie
Delon, l’insolence du style
02 NOVEMBRE . 2015
Que vous l’aimiez ou non, Alain Delon, appartient au cercle des hommes les plus stylés des cinquante dernières années, c’est un fait. Charisme et insolence, beauté et désespoir, star adulée mais homme solitaire, le monstre sacré du cinéma français aura 80 ans le 8 novembre prochain. En guise d’avant-goût du magnifique documentaire qui lui est consacré ce soir sur France 3 « Alain Delon cet inconnu », nous avons voulu nous replonger dans le cinéma de l’Age d’Or français, celui qui l’a consacré. Un acteur solaire qui a tourné avec les plus grands, côtoyé les Gabin, Ventura, aimé les Schneider et Darc, imprégné de son style et de sa patte un style à la française pendant 40 ans. Oublions les Miss France et les tirades cathodiques deloniennes, revenons à l’homme, au vrai, à cette génération de grandes gueules du cinéma, incarnant une jeunesse insouciante et stylée, roulant à tombeau ouvert dans des cabriolets italiens vers la Riviera. Delon, question de style, on ne pourra s’en passer.
On aime Delon, gueule d’ange et cheveux gominés version Borsalino & Co ou Le Guépard. Costume croisé à larges revers années trente avec son double opposé Belmondo ou en smoking strict et œil perçant chez Visconti. Assurance d’un jeune loup, visage juvénile prometteur, mitraillette au point. « Je me trouvais trop minet, trop efféminé » disait Delon au début de sa carrière. Il va s’endurcir et révéler son côté sombre avec Melville.
Delon ou une certaine idée du style à la française. Comme son double Belmondo, période A Bout de Souffle, Alain Delon c’est le mâle français des années soixante. Cravate sombre, chemise blanche, costume strict, l’œil bleu devenant plus froid, le sourire plus carnassier. Ce sera aussi l’incontournable combo Trench et chapeau mou dans Le Samouraï.
Delon ou une vision du style Riviera. Dans Plein Soleil, on le découvrira bronzé en jeans blanc torse nu ou enfilant un blazer de régate et les mocassins Gucci. Il sera le petit gangster pris sous l’aile du « vieux » (Jean Gabin) en costume gris et polo au volant d’une Alfa Roméo Spider dans Mélodie en sous-sol (décortiqué ici). Des codes du style Ivy League incarnés par de nombreuses icônes américaines qu’il s’est réapproprié pour créer un style à la française comme Belmondo, encore.
Delon ou le dernier du Clan des Siciliens. Lino et Jean sont partis, il est le seul survivant de ce trio magnifique. Imper mastic, lunettes solaires king size, cravate sombre, l’image de marque du futur monstre sacré du cinéma à l’image de ses pères.
Delon ou la fureur de vivre. À la manière d’un James Dean ou d’un Steve McQueen, croquer la vie à pleines dents jusqu’à ce que mort s’en suive comme dans le film de Robert Enrico, Les Aventuriers. Barbe sauvage, mèche rebelle, son ami de toujours Lino Ventura comme grand frère, il cherche l’adrénaline au volant ou sur les mers.
Delon ou le flic des années 80. Il incarnera le flic musclé de nombreuses fois à l’écran. Le regard a vieilli, mais le style eighties est là ; veste de cuir sur chemise sombre, chaîne en or éternellement sur la poitrine. Ou veste Cerruti en herrinbone gris et chemise blanche ouverte.
Delon et les femmes. Elles ont traversé sa vie, elles ont succombé, elles seront éternellement amoureuses. Romy, Nathalie, Mireille, elles ont été les femmes de sa vie et ont façonné aussi son style.
En définitive, il y aura toujours chez Delon un côté sauvage. Une sorte de fauve et, on le sait, les fauves sont indomptables et demeurent seuls.
Guillaume Cadot