Gastronomie

Amarante

11 JANVIER . 2016

Il y a des détails qui ne trompent pas. Prenez l’allure rabelaisienne de Christophe Philippe, le chef de l’Amarante, par exemple. Son œil gourmand, son estomac à dévorer tout Paris, sa gouaille à vanter l’excellente origine des produits qu’il cuisine dans son bistrot, la mention « Cuisine française » posée négligemment sur la devanture : tout indique que l’on vient de pousser la porte d’une très belle table. Pourtant ici pas de murs grattés ni de mobilier vintage, juste le décor simple et propret d’une adresse de quartier à la limite de la banalité. C’est que le spectacle se joue ailleurs, dans de belles assiettes de bistrot tirées au cordeau. Et quelles assiettes ! Carpaccio de langue de veau et petite salade d’Annie Bertin tout en finesse, sole délicate accompagnée de panisses (frites de farine de pois chiche, si rares à Paris), tripes aux olives judicieusement relevées, alanguies sur une des meilleures purées de la Capitale… Le tout dans un menu déjeuner tarifé avec tact à 22 € ! Auquel on ne manquera pas d’ajouter avec bonheur les 5 ou 6 € d’un verre de vin intelligemment sélectionné par le compère Mouloud Haddaden, comme un Morgon de Foillard ou un Vézelay de Montant-Thoden. Que du bon on vous dit ! Service zélé, ce qui ne gâche rien.

Thierry Richard