Gastronomie
Elmer
11 FéVRIER . 2016
Si vous voyez trainer au loin la silhouette d’un éléphant bariolé, ne vous y trompez pas pour autant : l’affaire est sérieuse. Ludique, inventive, maline, mais sérieuse. Caché derrière une façade bleue qui ne dit pas son nom, Elmer déploie son bistrot dans une vaste salle, parsemée de nuances chaudes et de larges tables en bois brut, propices aux confidences. Le décor est moderne, et les cuisines se profilent généreusement à l’horizon, orchestrées par Simon Horwitz. Le jeune chef, au bel apprentissage (Grébaut, Gagnaire, etc.) et aux nombreux voyages (en Asie et en Amérique du Sud notamment), compose un menu aux allures de partition. Les produits semblent s’accorder par trio. Ici, moules de Bouchot, poire de terre et chou-fleur fumé. Là-bas, Canette de Challans, butternut et endives.
Les entrées, impeccables dans leurs assiettes en céramique, annoncent la couleur. De l’huître rapée vient endiabler des petites rattes. Les moules et leur étrange topinambour étonnent autant qu’elles régalent. Tout s’équilibre à merveille. On est sous le charme, comme au début d’un livre que l’on s’apprête à dévorer. Les plats de résistance, un lieu jaune bien assorti ainsi que la fameuse canette, transforment l’essai : copieux, plus classiques mais tout aussi précis et savoureux. Accompagnés, dans les verres, par de beaux vins natures. On ne s’ennuie pas. Jusqu’au dessert, à la pomme et au réglisse, dans lequel s’est invité une glace au Calvados.
Alors, même si le plat du déjeuner joue les raisonnables à 18 euros, difficile de résister aux sirènes de la carte (comptez alors autour de 45 euros). Heureusement, on se laisse envoûter avec plaisir. Parfait pour les grandes tablées et les appétits à éblouir.
Amélie Weill