Culture
Les enfants du Douanier Rousseau
24 JUIN . 2016
Jusqu’au 17 juillet, le Musée d’Orsay célèbre le mystérieux Douanier Rousseau. Sous-titrée « L’innocence archaïque », l’exposition s’intéresse surtout à la postérité du peintre.
Le Douanier Rousseau, né en 1844 et décédé en 1910, est bien souvent perçu comme un électron libre, une météorite autodidacte dont les œuvres restent à part. Le Musée d’Orsay s’attèle à casser ce mythe : lorsqu’il invente le « portrait-paysage », Rousseau est le successeur de plusieurs peintres de la Renaissance, comme Vittorio Carpaccio ; lorsqu’il peint la célèbre toile La Guerre, difficile de ne pas y lire un hommage à la sublime Égalité devant la mort de William Bougereau, réalisée 46 ans plus tôt. Et surtout, à sa mort, l’œuvre du Lavallois sera reprise par de nombreux peintres – et pas des moindres. On découvre ainsi des ressemblances frappantes entre les enfants désenchantés du Douanier et la Maya à la poupée de Picasso ; on constate son influence sur les peintres américains du milieu du XIXème, Delaunay, Kandinsky, Brauner, Ingres, Delacroix…
Ainsi, au fil des espaces, aux toiles du Douanier se succèdent les toiles de ses successeurs. La scénographie a opté pour des murs colorés dans les tons verts et rouges foncés. Tiens, les mêmes nuances que celles des toiles représentant la jungle que tout le monde attend… et attendra jusqu’à la fin de l’exposition. Avec un brin d’humour, les commissaires Beatrice Avanzi et Caire Bernardi ont regroupé dans la dernière salle ces toiles oniriques et si emblématiques. Alors que le Douanier Rousseau n’a jamais quitté la France, son imagination le transporte vers des contrées exotiques où le guépard guette sa proie aux grands yeux noirs. Et la magie opère invariablement.
Louise Bollecker