Culture
Trésors à vendre à la Biennale
12 SEPTEMBRE . 2016
Pour une semaine, le temps de la Biennale des Antiquaires, le Grand Palais se transforme en super-marché de l’art. Pour autant le caddie y est proscrit. L’aristocratie des antiquaires (toujours plus : 115 au lieu de 63 en 2014) a sorti ses plus belles pièces faisant de cette foire une somme de tentations décoratives, accessibles au non commun des mortels. Illustration avec cinq objets d’exception, très Grand Duc.
1. On passe à la galerie Chenel (stand N19) autant pour apprécier la scénographie de Mathieu Lehanneur que pour se laisser tenter par un torse d’Apollon archaïsant, daté entre le Ier siècle av-J.-C.et le Ier siècle après J.-C., déjà présenté à la Biennale en 1986 avant de passer dans la collection de Kenzo. 26 cm de muscles et une cambrure affolante.
Prix sur demande.
2. Au stand de la galerie Coatalem (N13), laissez vous happer par une toile d’Hubert Robert (1733-1808), d’une modernité stupéfiante. Une lumière hors temps illumine ces « Personnages sur un escalier » insérés dans un singulier grand format carré, à la Instagram.
Prix sur demande.
3. On se répand d’admiration pour le stand de la galerie Trebosc + van Lelyveld (N23) où Jacques Garcia a joué de pans de satin, et pour un crucifix. C’est l’un des trois exemplaires au monde signé Gasparo Mola (1571-1640), le seul à manier la technique du battage à froid de la feuille d’or. Une prouesse technique pour ce Christ porté par une élégante croix d’ébène.
Prix : 2,5 millions d’euros, une dépense charitable.
4. Sur le stand voûté de la galerie Bernard de Leye (S25), il y a ce bâton de maître d’hôtel du roi Louis XVI ayant appartenu à André-Pierre Haudry de Soucy (1736-1817) qui a exercé la charge de maître d’hôtel du roi à la fin de l’Ancien Régime. Objet unique car les bâtons étaient destinés à être brisés à la fin du service. Ici, l’Histoire l’a épargné. D’autres objets tout aussi fous sont également à découvrir.
Prix sur demande mais une occasion de bastonner un compte en banque.
5. La galerie Downtown (S18) présente ses plus beaux Perriand-Prouvé-Jeanneret. Dont une pièce magistrale : une bibliothèque-console commandée à Jean Prouvé (1901-1984) par un professeur de l’université de Nancy. Le designer a joué de la géométrie d’immeuble pour la dessiner. Et on a même une sensation d’élévation vertigineuse.
Prix sur demande.
A la Biennale, tout est tentation. On achèterait tout, le décor testosteroné de casques et lances chez Steinitz, un petit « Homme courant » brossé par Géricault, une « Jeune fille à la frange » de Modigliani, un « pot en grès émaillé à décor de moutons » de Paul Gauguin, et puis ce « Torse de femme accroupie » de Camille Claudel provenant de la collection de Paul Claudel, où l’émotion naît de la torsion du dos… Autant dire que Grand Palais n’a jamais aussi bien porté son nom !
Anne Carpentier