Bateau
La renaissance de France 1 à Saint-Tropez
26 SEPTEMBRE . 2016
Le Baron Bich aurait dit de l’America’s Cup : « J’y vais parce que c’est impossible à gagner ». Quel panache ! Et c’est de cette quête de l’impossible qu’est né France 1 (ou France I), l’un des joyaux du patrimoine maritime français. Les 19 m de coque bleue de cet élégant 12 m JI seront une des attractions des Voiles de Saint-Tropez, régates qui rassemblent depuis hier plus de 300 bateaux dans le petit port varois.
Ce rendez-vous des plaisanciers de fin de saison mêle tradition et modernité. France 1, un plan Mauric de 1970 qui réunit toutes les nouvelles technologies et le savoir-faire de l’époque, est une des vitrines de l’évolution de la navigation de plaisance. En créant une nouvelle classe, les Classiques Marconi Racers, la Société nautique de Saint-Tropez, organisateur de ces courses, a bien fait les choses pour accueillir le retour de cet emblème de la voile française en Méditerranée. Ses dernières navigations dataient de 1977, à Hyères, lors des entraînements précédant les régates éliminatoires pour la coupe, à Newport (Rhode Island). Cette année-là, le baron Bich, pris par l’excitation de ce challenge hors norme, entame sa 3è campagne. Il avait fait construire France II, très prometteur en bassin de carène, mais un flop en mer. La coque brassait beaucoup d’eau et ne rivalisait pas en vitesse avec France 1. Le vétéran de 7 ans, ajusté aux nouvelles règles de la coupe, est donc reparti à Newport défendre le pavillon tricolore. Barré par Bruno Troublé qui avait gagné la régate de sélection contre deux autres pointures de la voile française, France 1 gagne quelques régates sans parvenir en finale.
Trois ans plus tard, la coque trois plis en acajou (vieux de 30 ans) sert de lièvre au nouveau France III, construit en aluminium. Plus rapide, ce nouveau 12 m JI, barré par Bruno Troublé, offrira, en 1980, à la France, son meilleur résultat en parvenant en finale, perdue contre l’Australie. Ce fut aussi la fin de l’aventure America’s cup de France 1. Le bateau fut donné en 1984 par l’Association Française pour la Coupe de l’America (AFCA), fondée en 1965 par le Baron Bich, à l’Ecole Navale pour faire naviguer les jeunes officiers. Mais comme ces bateaux sont des gouffres financiers, les sorties se font rares. En 1992, France 1, classé monument historique, hisse les voiles une dernière fois à l’occasion du grand rassemblement nautique de Brest. A sa barre, un autre monument, Eric Tabarly à qui la plaisance française doit son essor. Puis la coque bleue est posée sur son ber… pour 20 ans.
Ce sont trois passionnés, Bruno Troublé, Thierry Verneuil et le fils Bich qui entreprennent de faire revivre le Class JI. Dix mois de chantier pour une restauration réussie grâce à la réactivation de l’AFCA, le soutien de la Culture, des institutions régionales bretonnes et de quelques mécènes. Au total un budget de 450 000 € a donné une seconde jeunesse à France 1 qui permet désormais à des jeunes de se former à la navigation de gros engins de course. Résultats à suivre dans le golfe de Saint-Tropez.
Patricia-M. Colmant
Voiles de Saint-Tropez
Du 24 janvier au 2 octobre