Culture
Art 42 : de l’art et du code
21 OCTOBRE . 2016
Difficile d’être passé à côté de 42, l’école de programmation fondée par Xavier Niel. Depuis le 1er octobre, ses locaux boulevard Bessières tiennent également lieu d’anti-musée dédié au street art. Explications.
42, une école d’un nouveau genre
Créée en 2013 à l’initiative de Xavier Niel, fondateur de Free, qui la finance entièrement, cette école est spécialisée dans la programmation informatique et le codage. Son but ? Pallier le manque de développeurs sur le marché du travail et permettre à des génies de l’informatique de se concentrer gratuitement sur leur passion sans s’encombrer d’une formation généraliste. Accessible de 18 à 30 ans, 42 s’intègre via un concours surnommé « la piscine ». Les candidats sont uniquement jugés sur leurs capacités à coder.
Une autre originalité de 42 vient du fait qu’il n’y a pas de corps enseignant. Seul un staff est présent sur place pour résoudre les possibles bugs techniques rencontrés par les élèves. Les étudiants travaillent sur des défis lancés ponctuellement par le staff mais surtout sur un projet personnel ; l’école met à leur disposition une impressionnante armée de Mac (alignés dans des immenses open-spaces qui se déploient sur les trois étages du bâtiment). Pour progresser, c’est sur Internet et auprès d’autres élèves que ces as de l’informatique se tournent. Chacun doit corriger le travail des autres pour pouvoir faire corriger le sien. Quant aux horaires, ils sont aussi flexibles qu’on pourrait l’imaginer : on vient à 42… quand on veut, 24/7 !
Art 42, de l’art ou du cochon ?
Depuis le 1er octobre 2016, 42 se double d’Art 42, un « urban art museum« , proclamé « anti-musée » par excellence et géré par Nicolas Laugero Lasserre. L’idée ? Partout dans l’école 42 se dévoilent des œuvres de street artists, de Bansky à Shepard Fairey, de Jef Aérosol à JR et de Monkey Bird à Seth en passant Brusk. Aucune pointure de la discipline ne manque au tableau. Les visiteurs déambulent librement dans l’école, admirant des œuvres sur (presque) chaque pilier, chaque mur et chaque hall. Une liberté inédite où aucun parcours n’est pré-établi et aucune limitation de temps n’est fixée. On peut ainsi fixer un visage psychédélique d’Okuda par-dessus l’épaule d’un développeur plongé dans des lignes de codes ou rêver devant le voilier de Gilbert1 entre deux conversations sur le numérique.
Aussi séduisant et moderne soit-il, le projet pourra toutefois rebuter les plus classiques des amoureux de culture. En effet, l’absence de médiation rend l’ensemble plutôt froid. C’est idéal pour les rêveurs qui aiment construire leur propre vision d’un graffiti ou d’un tableau ; c’est austère pour les non-initiés qui manqueront peut-être de clés pour comprendre les visions de chaque artiste. Aussi, si la profusion d’œuvres est indéniable, les petits formats sont légion et les toiles peuvent vite se noyer dans la masse.
Art 42, tout comme l’école dont elle tire son nom, a les défauts de ses qualités et les qualités de ses défauts. S’y rendre demeure une bonne occasion de découvrir 42 et ses locaux détonnants ainsi que des œuvres dont certaines parviendront forcément à vous toucher. L’exposition est elle-aussi gratuite et permet de se familiariser avec le visage qu’aura sûrement notre avenir.
Louise Bollecker
PS : au fait, pourquoi 42 ? Ce chiffre qui fascine tant les geeks est issu d’un livre de Douglas Adams, Le Guide du Voyageur Galactique. Dans ce roman de science-fiction parodique, un immense ordinateur, après des millions d’années de calcul, finit par répondre à la grande question sur la vie et l’univers : « 42 ». Ce qui laisse les personnages dans une grande perplexité et a amusé les geeks, souvent les seuls à reconnaître l’allusion, devenant ainsi un symbole de la culture numérique.
Art 42,
96 Boulevard Bessières,
75017 Paris
Le musée est ouvert chaque mardi de 19h à 21h et chaque samedi de 11h à 15h.
Réservation obligatoire sur le site Art 42.