Gastronomie

Loulou

04 OCTOBRE . 2016

Pour qui avait fréquenté l’ancien Saut du Loup, l’impression que l’on ressent en pénétrant chez Loulou, le nouveau restaurant du Musée des Arts Décoratifs, c’est un peu comme le passage du noir et blanc à la couleur. Entièrement repris en main par l’équipe de Monsieur Bleu, re-dessiné et ripoliné de frais par Joseph Dirand (on aime le talent de cet homme là), ce Loulou affirme au premier coup d’œil un charme irrésistible.

Petit salon privatisable, entre Kubrik et Riviera, au rez-de-chaussée, bar de timbre-poste doré à l’étage, vue bluffante sur les jardins, terrasse en embuscade, c’est peu dire que le décor a mis les bouchées doubles et pris les chemins de traverse pour nous séduire. Brillant sans être cliquant, bourgeois sans ennui, italisant ses gammes de marbre blanc, c’est le genre d’endroit où se nouent les affaires, de toutes natures, business arty ou yeux dans les yeux.

Mais au-delà du décorum, de la clientèle bien mise, on vient ici aussi pour l’assiette. Elle a pris l’accent de la péninsule, teintant ses saveurs de parfums italiens : charcuteries découpées à la minute (jambon à la truffe redoutable, mortelle mortadelle…), beignets de fleurs de courgettes croustillants en saison, vitello tonnato, poulpe tiède aux agrumes, tomates farcies, et ces divines liguines « Cavaliere Cocco » au pesto de pistaches de Sicile, d’une suavité déraisonnable, à compléter d’un baba au rhum d’une réalisation au cordeau. On est un cran au-delà de la cuisine honnête et proprette des restaurants chics à la mode.

Et si la terrasse s’avère très agréable sous le soleil parisien, ce n’est pas parce que l’automne nous guette qu’il faut rayer ce sacré Loulou de vos agendas. Au contraire. Parce qu’il n’y a pas que le plein air dans la vie.

Thierry Richard