Auto
Hellenic Motor Museum : une passion automobile à Athènes
20 JUIN . 2017
C’est l’histoire d’un grec – ça commence souvent comme ça – un enfant de la douceur d’un pays bleu et blanc bercé par le soleil, qui succombe au virus paternel de l’automobile, pour ne plus jamais s’en éloigner, et ouvrir en 2011 un musée qui lui est entièrement dédié, en plein cœur d’Athènes.
Un peu culotté Theodore M Charagionis d’avoir ouvert un espace érigé à la gloire des cylindrées en pleine ville-musée, un peu chauvin sans doute, car ce projet porte en lui l’espoir de redonner du lustre à un volet de l’histoire d’un pays désormais plus connu pour sa dette, que pour avoir marqué l’évolution automobile. Et pourtant, la Grèce a su marquer son territoire en matière de design, d’économie, et même d’avant-gardisme en la matière.
Ce qui frappe d’entrée de jeu dans ce Hellenic Motor Museum, indépendamment de son emplacement à quelques encablures de la place populaire d’Exarchia, c’est son architecture et sa façade cylindrique inspirant le mouvement, et témoignant de la modernité d’un pays qui se relève dans la plus pure fierté méditerranéenne. Une fois pénétré les lieux, pas loin de 5 000 m2 s’offrent au visiteur selon un parcours retraçant les grandes heures de l’automobile ponctuées de contribution hellénique. De la reconstitution d’un garage époque années 50 au simulateur de baquet de Formule 1, il y a – dans ce musée à taille humaine – de quoi combler toutes les générations de passionnés.
Cette collection comporte pas loin de 300 véhicules et fête cette année ses 40 ans– en plus du centenaire de la Bayerische Motoren Wercke. C’est en effet en 1977, à la naissance de son premier enfant, que ce magnat de l’immobilier originaire du Pirée, raccroche ses gants de pilote de course pour commencer à faire l’acquisition de modèles ayant marqué les rêves de son enfance. Parmi ces autos, une majorité de « RHD » comprendre conduite à droite, la collection s’étant étoffée au fil des ans, au travers de nombreuses ventes aux enchères du Royaume-Uni comme cette rarissime Ferrari 365 Berlinetta Boxer…
Parlons peu, parlons autos, parmi les modèles quelques joyaux des années 30 comme cette superbe Delage 15S, ou d’après-guerre avec une Bristol 401 Saloon de 1950 et son châssis alu équipé d’un moteur 2 litres 6 cylindres dérivé de la BMW 328. Rétrospective BMW oblige, un des 3 uniques exemplaires de la magnifique 1939 Mille Miglia Coupe. Toujours au chapitre des oiseaux rares, une Bentley Two Door Saloon by James Young de 1950 (seulement 15 exemplaires produits), ou encore une Jensen Interceptor FF1 de 1969 (une centaine d’exemplaires). C’est un fait, le Hellenic Motor Museum aime les Italiennes et ce n’est pas pour nous déplaire : Alfa Romeo 6C 2500 Berlinetta Sport « by Touring », Lancia Appia Zagato GTE Stradale, Ferrari 250 GTE 2+2, Maserati Quatroporte MK1, Lamborghini Espada 400 GTE Serie II… Parmi les françaises, les éternelles glorieuses : Facel Vega Facellia F2 B et Citroën SM Coupé de 1973. Dans la série ovni ascendant rock à la sauce US, la Chrysler Imperial Crown Convertible rose bubble gum ayant appartenu à l’ex leader de Led Zeppelin, Robert Plant.
Mais alors quel rapport entre la Grèce et l’automobile ? Savez-vous par exemple que la marque auto favorite de James Bond a appartenu un temps à une famille grecque ? Peter Livanos, as du transport de marchandises grecques avait en effet fait l’acquisition d’Aston Martin en 1984… Savez-vous encore que la mythique Morris Mini Minor était le fruit du talentueux coup de crayon d’Alec Issigonis ? Et savez-vous enfin que la firme Enfield Automobile, propriété du milliardaire Giannis Goulandris, produisait dans les années 70 un modèle pionnier dans l’électrique avec la Enfield 8000 ? On dit même de cette petite auto qu’elle pourrait encore mettre dans le rétro une Tesla !
Bien plus encore à découvrir au Hellenic Motor Museum (on murmure même prochainement une exposition retraçant les 70 ans des chevaux cabrés de Maranello), bien chaussé dans ses spartiates Melissinos (la référence de la sandale en cuir artisanale) avant de débriefer autour d’un verre de Malagousia chez Heteroclito (une centaine de références de vins grecs et une propriétaire franco-héllène), pour enchaîner sur des feuilles de vignes et de la charcuterie de luxe à l’épicerie Karamanlidika.
Décidemment, Athènes n’a pas fini de nous surprendre….
Laurène Bigeau
Photos Laurène Bigeau, Miltos Patronis