Auto
Anthony Jannarelly, l’étoile montante du design automobile
27 MARS . 2018
Récemment, on vous avait présenté la Design-1, imaginée par le duo français Jannarelly. Basée sur de réelles solutions d’ingénierie, replaçant le plaisir et l’émotion de conduire au premier plan, la supercar nous avait intrigués… Rencontre avec Anthony Jannarelly, pour en savoir plus sur cet ambitieux projet.
Spontanément, on se demande avant tout comment a-t-on, en 2018, l’idée de lancer une supercar à la française, depuis Dubaï ?
Par hasard ou presque ! Je me suis installé à Dubaï, à l’origine, pour développer le projet de W Motors, la Lykan Hypersport. Régulièrement, on me demandait si je conduisais une Lykan. Je me suis donc naturellement interrogé : quelle serait ma voiture de rêve, idéale, au quotidien ?
Le projet est né comme ça : j’ai commencé à esquisser la Design-1, une évocation de tout ce que j’aime dans le glamour Automobile et la cool attitude. Ce n’est pas un projet conceptuel qui aurait l’ambition de redéfinir un mode de transport, c’est tout simplement une mise en forme de mon désir automobile.
Créer une supercar nécessite un sérieux bagage. Quel est votre parcours automobile ?
Il est assez atypique. Naturellement, comme tout futur designer, enfant, je dessinais des voitures partout. Étant plutôt bon à l’école on m’a conseillé de poursuivre un cursus d’ingénierie. J’ai pensé qu’il pouvait être intéressant de connaître les deux aspects de l’automobile. Une fois mon cursus terminé et au moment d’intégrer des écoles de design, j’ai douté : je ne me retrouvais pas dans cet esprit. J’ai brièvement étudié les arts appliqués avant d’intégrer l’entreprise familiale de bijouterie.
Mais j’ai eu comme un rappel à l’ordre et je me suis dit que qu’il fallait à tout prix tenter le design automobile. J’ai donc intégré la Coventry University et suivi un Master en design automobile. J’y ai rencontré Ralph Debbas, le fondateur de W Motors.
L’année 2008 était assez catastrophique pour l’automobile à cause de la crise. En attendant d’intégrer W Motors, j’ai développé avec un ami une idée qui me trottait dans la tête : peindre des fauteuils aux couleurs de voiture de course. Puis, tout s’est enchaîné rapidement. L’aventure W Motors a démarré, je suis parti au Liban puis en Italie pour suivre la genèse de la Lykan. Ensuite, j’ai pu dessiner le concept de la Fenyr toujours pour W Motors, ainsi que le Zarooq Sand Racer dans nos ateliers gérés par Frédéric Juillot, mon actuel associé.
« Le projet n’a pas l’ambition de redéfinir un mode de transport, c’est tout simplement une mise en forme de mon désir automobile » – Anthony Jannarelly
Quelle a été la source d’inspiration de la Design-1 ?
Plus qu’une voiture en particulier, c’est un esprit qui m’a inspiré, celui des années 1960, et notamment le côté glamour et naïf qui régnait à l’époque tant au niveau de l’ingénierie que du design. J’ai beaucoup observé, par exemple, des photographies de Steve McQueen sautant dans sa Jaguar XKSS au sortir d’un tournage… Quand je dessine, j’essaie de créer des scénarios de vie. Dans mon esprit, la Design-1 devait pouvoir remplacer la Jaguar de McQueen.
Il y a par ailleurs des principes stylistiques des années 1960 qui sont ici repris, comme les ailes en ponton pour aider l’aérodynamique et donner un effet sculpté à l’auto. L’arrière tronqué purifie la ligne, mais permet aussi de simplifier la fabrication. La petite marche qui souligne le contour arrière rappelle la Porsche 904, mais c’est surtout un principe technique plus général. A l’époque, les designers comme les ingénieurs suivaient des principes fonctionnels qui sont, au fil du temps, devenus des principes stylistiques. Les gens peuvent voir la voiture qu’ils veulent dans la Design-1, de la Cobra à la 550, voire à la Cheetah !
Avez-trouvé puisé inspiration dans d’autres domaines, comme l’art, le design, la musique ?
Je dois admettre que non. Peut-être ai-je tenté de trouver de la modularité dans la personnalisation notamment avec l’intérieur interchangeable, démarche qui peut s’apparenter à ce que l’on retrouve dans la téléphonie avec des objets standards que l’on peut personnaliser avec des coques, etc…
En général, j’aspire à faire passer une émotion plutôt qu’une démarche intellectuelle. Il me semble que c’est d’ailleurs l’un des problèmes du design en ce moment : le marketing cherche des significations pour tout. La Design-1, quant à elle, est un concentré d’émotions automobiles.
Pourra-t-on rouler légalement, en France, dans la Design-1 ?
Marcassus Sport est en charge d’enregistrer la Design-1 en France et il y a plusieurs façons de rouler en toute légalité.
En cinq mots, que représente pour vous la Jannarelly Design-1 ?
Émotion, rétro-futuriste, fantasme, hommage, aventure.
Propos recueillis par Jérôme Langlais