Culture
PAD 2018 : Warren Platner, invité inattendu au bord de la piscine
04 AVRIL . 2018
Comme chaque année, le Pavillon des Arts et du Design célèbre le XXe siècle au jardin des Tuileries, entre grands classiques du design et découvertes historiques. Cette année pourtant, les Grands Ducs ont parcouru les deux longues allées du PAD pour ne vous présenter qu’une pièce, une seule, là où on ne l’attendait pas.
Représentant incontournable du mouvement moderne américain, apôtre d’un art de vivre répondant aux principes du style international, (Good design, Less is More, Ornament is a crime… Mais si, souvenez-vous) on ne présente plus l’architecte-designer Warren Platner.
“Les années 60 sont marquées par la vision de l’homme en costume gris se rendant au bureau installé dans un environnement corporate Knoll. Il rentre chez lui, en banlieue, et sa cuisine, fonctionnelle, est en formica”. S’il ne faut retenir qu’une ou deux caractéristiques des arts décoratifs des sixties (qui feront sans doute hurler les experts), c’est bien à Anne Bony, dans son ouvrage Meubles et décors des années 60, qu’on les doit.
Dans cette propagande de modernisme et d’American Way of Life, Knoll International joue un rôle essentiel, faisant appel à des designers qui sont, ou deviendront, de véritables icônes de l’histoire du design. C’est dans ce contexte que naît en 1966 la série Wire Group, en collaboration avec Warren Platner.
Platner se forme auprès des designers Raymond Loewy, d’Eero Saarinen et des architectes Roche & Dinkeloo et Peï. Entre 1963 et 1967, il collabore avec le bureau de développement Knoll et crée son propre cabinet. L’ensemble Wire Group, comprenant tables, tabourets et fauteuils en acier nickelés, dont l’effet visuel rappelle l’art cinétique, répondent à une question simple : pourquoi séparer le support de l’objet ? Le designer veut créer un meuble enveloppant, semblant fait d’un seul tenant.
“Ces éditions originales m’ont tout de suite plu”, nous explique Thomas Fritsch, dont la galerie est pourtant spécialisée dans les céramiques du XXe siècle. Deux fauteuils de la série Wire Group trônent sur son stand du PAD, au milieu des céramiques émaillées et des grès. Le marchand les transporte d’une foire à l’autre : les sièges Platner sont indissociables de ses présentations.
Si l’on connaît désormais Thomas Fritsch pour son expertise incontestée de la céramique XXe, notamment des années 1950 et 1960, on sait moins qu’il est toujours passionné par l’Art Déco -il est entré en 1994 chez la marchande Anne-Sophie Duval, l’une des plus réputées en la matière, et qu’il saura tant vous parler des arts décoratifs dans leur ensemble que de Georges Jouve, Roger Capron ou Jacques et Dani Ruelland.
“La chose réellement étonnante et rare, c’est qu’il s’agit d’une série commandée spécialement pour l’extérieur, dont l’acier peint en blanc est traité contre les intempéries et l’assise réalisée en skaï blanc. A l’origine, ce salon se trouvait au bord d’une piscine…” Et quoi de plus Grand Duc effectivement, que d’imaginer un couple à la peau dorée, au sortir du bain sur la Riviera, se sécher au soleil, s’égouttant sur le skaï blanc, un pied négligemment posé sur le guéridon ?
On attend l’été avec impatience…
Elsa Cau et Thierry Richard
PAD PARIS 2018
Du 4 au 8 avril au Jardin des Tuileries
75001 Paris
Retrouvez Thomas Fritsch stand 68
Le site du PAD 2018
Ensemble Warren Platner (quatre fauteuils et un guéridon – 1960) : 15 000 €