Modernes à tout prix ! L’UAM au Centre Pompidou

Culture

13JUIL. 2018

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Modernes à tout prix ! L’UAM au Centre Pompidou

13 JUILLET . 2018

Écrit par Pauline Da Costa Sampieri

Un dernier tour au musée avant la trêve estivale ! Jusqu”au 27 août, le Centre Pompidou nous invite à mettre un pied dans la modernité avec UAM, une aventure moderne : l’Union des Artistes Modernes n’est autre que la plus grande organisation d’artistes du XXe siècle, ici révélée dans la (grande) diversité avec plus de 700 pièces. Tous les métiers d’art sont réunis autour d’une vision commune de la modernité. Retour sur 3 réalisations majeures des grands noms du mouvement qui ont façonné l’évolution du décor moderne.

Par Pauline Da Costa Sampieri

© Pauline Da Costa Sampieri pour Les Grands Ducs

La maison comme un lieu d’expérimentation sensible

L’UAM n’est pas un long fleuve tranquille. Dans les grandes lignes, l’association naît le 15 mai 1929 de la scission d’un petit groupe avec le SAD (Salon des Artistes Décorateurs), encore emprunt de conservatisme. 
L’exposition à Pompidou, au parcours chronologique, s’ouvre sur les prémices de l’Union. Au tournant du XIXe siècle, le mouvement anglais Arts & Crafts pense la maison comme un lieu d’expérimentation sensible et oeuvre à l’abolition de la hiérarchisation des arts. D’autres courants majeurs, comme De Stijl aux Pays-Bas (1917) et le Bauhaus en Allemagne (1919) ouvrent la voie. 
L’UAM choisit comme moyen d’expression principal l’exposition. Il faut d’ailleurs attendre 1934 pour la publication de son manifeste…

 

Aux prémices : les décors de L’Inhumaine de Marcel L’Herbier, 1924

La cantatrice Claire Lescot reçoit chez elle toute l’intelligentsia. De ses nombreux prétendants, elle reste insensible. Seul un jeune disciple d’Einstein a ses faveurs. Très vite, elle succombe, victime de l’amoureux transi. C’est alors que son favori tente de la ramener à la vie grâce à ses machines expérimentales.

Si le scénario semble léger, les décors n’ont sont pas moins riches. Marcel L’Herbier exprime la synthèse des arts, parfait résumé de la recherche plastique contemporaine. 
L’architecture des décors est réalisée par Robert Mallet-Stevens et les décors-peints par Fernand Léger ; dans cet écrin, le mobilier de Pierre Chareau et Michel Dufet et les sculptures de Joseph Csaky. Enfin, les costumes sont signés Paul Poiret. Une véritable féerie des sciences modernes.

 

La chaise longue de Robert Mallet-Stevens, une icône au bord de la piscine

L’aventure de L’Inhumaine, consacrée à l’exposition de 1925, encourage ses acteurs à poursuivre leur collaboration. Robert Mallet-Stevens est, dès la formation de l’UAM, membre du comité directeur.
 De 1923 à 1928 (les dernières extensions datent de 1933), Robert Mallet-Stevens consacre son temps au projet d’une villa pour le à Hyères… 

L’inscription dans le site naturel est le premier principe d’édification. Si les premiers plans sont plutôt modestes, le désir des Noailles, alors rattrapés par leurs obligations aristocratiques, évolue vers une architecture de réception.

Gabriel Guévrékian, Jardin de la villa Noailles, 1926-1928 © Bibliothèque des Arts décoratifs, Paris MAD, Paris / Suzanne Nagy. Photo Thérèse Bonney

Et quelle architecture ! Mallet-Stevens fait appel aux plus grands de l’époque faisant de la villa un témoignage exceptionnel des arts décoratifs. Le fameux jardin triangulaire est confié à Gabriel Guévrékian, la porte d’entrée est réalisée par l’orfèvre Charles Linossier, une chambre en plein air par Pierre Chareau, les vitraux sont dessinés par le maître-verrier Louis Barillet, une petite salle est imaginée par Theo Van Doesburg.

Djo-Bourgeois, René Prou, Jean Perzel, Eileen Gray, Raoul Dufy… la liste est longue. Mallet Stevens se réserve le design de l’iconique chaise longue installée au bord de la piscine. 
Une simple structure tubulaire en acier peint dans le parfait style hygiéniste de l’époque. Objet de désir intemporel, elle est aujourd’hui rééditée par Habitat.

 

Le Pavillon de l’UAM à l’Exposition Internationale des Arts et Techniques de 1937

C’est la date-clé. L’organisation de cette Exposition Universelle est favorisée par l’arrivée au pouvoir un an auparavant du Front Populaire. Véritable instantané de l’époque – on se rappelle des pavillons de l’URSS et de l’Allemagne se faisant front – cette exposition de 1937 a laissé un patrimoine architectural essentiel. On lui doit notamment le Palais de Tokyo et le Palais de Chaillot…

A l’Exposition, Pablo Picasso expose Guernica dans le pavillon espagnol tandis que Raoul Dufy présente La fée électricité dans le Pavillon de la Lumière conçu par Robert Mallet-Stevens. Le Corbusier et Pierre Jeanneret travaillent ensemble à la réalisation du Pavillon du Temps Nouveau : une unité d’habitation pouvant accueillir 3000 personnes réalisée simplement à partir d’une toile tendue. 
1937, c’est l’exposition du progrès et de la modernité opérant la synthèse avec l’industrie. Une véritable synergie moderne est créée grâce aux recherches de l’UAM.

Georges-Henri et Jean Pingusson, Frantz Philippe Jourdain et André Louis, Pavillon de l’UAM, 1936-1937 | © ENSBA/Cité de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle © Frantz-Philippe Jourdain

Si René Coulon et Jacques Adnet ne sont pas membres de l’UAM, ils partagent certaines de leurs préoccupations. L’éblouissant pavillon de verre de la société Saint-Gobain en est la preuve. 
Le pavillon de l’UAM, est lui comme à son habitude, une oeuvre globale. Georges-Henri Pingusson, Frantz-Phillipe Jourdain, André Louis mais encore Jean Prouvé participent à l’élaboration de ce temple de la modernité fait de béton armé, brique de verre et acier.

Pavillon de l’U. A. M. Georges-Henri Pingusson, Frantz-Philippe Jourdain, AndrÈ Louis architectes, Exposition Internationale des Arts et Techniques, Paris, 1937 © Fonds René Herbst. Paris, BibliothËque Forney.

En 1949, une dernière exposition, Formes Utiles, présente tant des objets industriels que des oeuvres d’Alexander Calder ou Joan Miró. Cette ultime rassemblement prend son envol en 1956, annonçant la fin de l’UAM deux années plus tard.

Impossible pour autant de traiter succinctement de cette épopée moderne tant elle est diverse et complexe. Les dix salles de l’exposition éclairent avec brio cette véritable aventure qui a joué un rôle considérable dans la Reconstruction d’après-guerre et dans l’évolution de nos modes de vie. De quoi se replonger aux sources du goût d’aujourd’hui…

P.DCS.

En image à la une : la Maison de Verre de Pierre Chareau, à Paris

UAM, une aventure moderne au Centre Pompidou

Jusqu’au 27 août,
Centre Pompidou,
Place Georges Pompidou,
75004 Paris
tlj 11h – 21h
Nocturne le jeudi jusqu’à 23h
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