Gastronomie
Cet hiver, place à l’ « Ego tripes » !
22 NOVEMBRE . 2018
De nos jours, le gras, l’ensaucé n’ont plus la cote. désormais on détoxe, on végétarise, pis, on vegane ! Si le ris de veau s’impose encore en mets de choix sur les plus belles cartes des restaurateurs, ses petits camarades tripiers se dégustent presque en cachette, par une tribus d’irréductibles jouisseurs… Revue en règle de quelques bonnes adresses en mets tripiers.
Par la rédaction
Ah si Jean Carmet était encore là… il est loin le temps béni où l’on s’encanaillait jusqu’à plus faim ni soif et où la gouaille ripailleuse symbolisait non sans un certain chic le bel esprit français. Car le Français s’épanouit à table, quand sa babine frétille à la vue affriolante d’une tête de veau ravigote, qu’il plonge frénétiquement sa fourchette dans une salade de museau et qu’il se lèche les doigts de bonheur en finissant de ronger un pied de porc pané, il est comme ça, ou plutôt il l’était.
Pourtant il suffit de passer la porte de n’importe quelle cuisine pour rencontrer des chefs vouant à ces mal aimés un véritable culte… Ainsi nos voisins transalpins chantent les louanges des tripes et autres abats dans une cuisine d’héritage familial. Outre-manche, si le haggis fait rouler les R gourmands de nos amis écossais, on travaille également ces produits pour des palais grand-britons ou irlandais qui ne boudent pas leur plaisir. Sur notre territoire, impossible d’être Lyonnais sans être tripier dans l’âme au plus profond de son rond de serviette.
Et pourtant nos artisans ont déserté la capitale gauloise, frôlant presque la vente sous le manteau. Il faut être de mèche avec son charcutier, copiner avec son boucher, heureusement que la province fait de la Résistance…
Les menus de notre enfance tournait autour du foie de veau, on mangeait de la cervelle avec un petit beurre fondu, votre serviteur n’avait de cesse de réclamer des pieds de cochon… Peut-être qu’on ne savait pas trop exactement de quoi il en retournait, mais on se régalait sans à-priori !
Adultes, on a découvert le charme clivant des abats et l’identité des cuisines de terroirs, on s’est pâmés devant des pieds-paquets en bénissant la Bonne Mère, on a chéri le tablier de sapeurs serviette autour du cou dans un bouchon lyonnais, les tripes à la mode de Caen était une véritable étape touristique et l’icône Chirac a su redoré le blason d’une tête de veau franchouillarde et débonnaire, à son image…
Et puis il y a tous ces produits que l’on mange sans savoir qu’ils appartiennent à cette grande famille, onglet et hampe de bœuf ont plus que jamais le vent en poupe et s’affichent fièrement sur les menus, la queue de bœuf mijote en pot au feu, la joue de porc s’exhibe en cuisson longue…
En novembre un mois est dédié à ces « grands » de la gastronomie de bistrot, de quoi les célébrer et rendre hommage aux artisans tripiers qui perpétuent un héritage au combien tricolore. God save the tripes !
Laurène Bigeau