Culture
Les Grands Ducs à Taipei avec Louis Vuitton City Guide
28 NOVEMBRE . 2018
Les Grands Ducs x Louis Vuitton City Guide
Berceau de la culture classique chinoise, occupée par les Japonais de 1895 à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Taïwan est une île à part, à mi-chemin entre les cultures chinoise et japonaise. Extrêmement férue de culture occidentale, l’île de Taïwan et sa capitale Taipei sont des lieux où il fait bon vivre. Jeunes galeries d’art, designers créatifs et sublimes restaurants le disputent à des musées de premier plan. Avec la plus grande boutique Dior au monde et l’un des musées fondateurs pour les arts asiatiques, sans oublier montagnes et sources d’eau chaudes, Taipei est une escale incontournable pour un public raffiné et exigeant.
Par Camille de Foresta
On dort où ?
On a un petit faible pour Les Suites Taipei, un hotel feutré en plein cœur du Taipei branché : raffinement tout japonais, service efficace et discret et buffet de petit-déjeuner extraordinaire où les fromages français (bons !!!) voisinent avec le tofu soyeux servi froid arrosé de sauce soja, oignons nouveaux et graines de sésame, histoire de bien commencer la journée !
Pour un déjeuner d’affaires
Taipei est connu pour la diversité des cuisines qu’on peut y goûter. Emmener ses clients, surtout occidentaux, chez Yé Shanghai (p.92) est toujours une expérience, d’abord pour le cadre et la carte des cocktails pour se mettre en condition. Puis arrive la farandole de dim sum, les shao mai extraordinaires et surtout les xi long bao, raviolis à la soupe, typiques de la cuisine shanghaienne. Les déguster demande de la concentration et du recueillement et vient avec son lot de surprises, idéal pour briser la glace et réchauffer l’atmosphère. Pas la peine d’en dire plus, à bonne température et fouettés par les brins de gingembre frais, c’est un régal pour les papilles.
Faire ses emplettes
Sauter dans un taxi et foncer au National Palace Museum (p.262) de Taipei, tous les trésors de la Cité Interdite y sont conservés. Il faudrait plusieurs jours pour admirer l’ensemble des collections – comme le Louvre c’est sans fin – à une différence près, l’accrochage change régulièrement : une bonne raison pour y revenir souvent. La boutique est exceptionnelle, rien à voir avec les boutiques de musée serviettes en papier et autres chocolats à l’effigie de la star locale. Porcelaines précieuses, objets de lettrés, reproductions de qualité et foulards en soie aux motifs : on veut tout acheter.
Sacro-saint apéritif
En Asie on veut prendre un verre en haut des gratte-ciels, on veut contempler la ville qui grouille à nos pieds… Rien à voir avec nos bars d’hôtels feutrés. Bienvenue au Sky bar de l’hôtel Barcode (p.153), un peu cliché sans doute mais pour un premier séjour à Taipei, il faut y aller : vue imprenable, bonne musique et délicieux cocktails. Notre préféré : l’amaretto sour, régressif à souhait mais personne ne le saura !
On dîne où ?
Impossible d’aller en Asie sans dîner chez Din Tai Fung, la délicieuse chaine asiatique présente sur tout le continent, un temps pressentie pour investir le Bon marché (le projet a été finalement abandonné). Présente à Taipei of course, ceux qui savent savent : dim sum encore dont certains à la truffe, méduse, tofu toujours et algues sous toutes ses formes : entre amis, on commande et on recommande, service rudimentaire mais découvertes gustatives assurées.
Un musée incontournable
Toujours au Musée national du Palais (p.262) arrêtez-vous dans les salles consacrées au peintre Sanyu. Le musée en possède une cinquantaine, principalement des huiles sur toile. Admirateur inconditionnel de Matisse, il arrive en France en 1920. Contrairement à tous les peintres chinois de sa génération, il y passera toute sa vie goûtant à la bohème de Montparnasse, assez méconnu, vivant difficilement de son travail. Il ne connaîtra pas l’extraordinaire postérité de son œuvre. Ses tableaux s’envolent à des millions d’euros depuis une dizaine d’années, tandis que lui regarde cela de loin depuis le cimetière de Pantin où il repose depuis sa mort en 1966. Le Musée national du Palais lui consacre plusieurs salles rendant hommage à la puissance et à la profondeur de l’artiste profondément ancré dans la culture chinoise mais pétri de références artistiques occidentales.
Pour un déjeuner à la cool
Guting fried bun (p.120) : les meilleurs baozi ever, parfaitement assaisonnés, servis tièdes, bien croustillants à l’extérieur. La popularité de l’adresse assure une fraîcheur remarquable, on les prend à emporter et on se balade dans les artères animées du quartier avant de finir par une bonne glace râpée, une spécialité sucrée ancestrale : le dessert préféré des Taïwanais pour se rafraîchir pendant les grosses chaleurs.
Pour une dernière promenade avant le départ
Avant de partir pour l’aéroport foncez au marché aux puces qui ouvre dès potron-minet, à Chongxin Bridge (p. 219). On y trouve absolument de tout : des antiquités chinoises aux composants électroniques : idéal pour les cadeaux de dernière minute et pour prendre une bonne bouffée de Chine avant de reprendre l’avion.
L’adresse secrète des Grands Ducs
Il faut un peu sortir de la ville pour mériter Shi Yang, cet exceptionnel restaurant dont la beauté du cadre n’a d’égal que la finesse de la cuisine. Les poissons et crustacés sont d’une fraîcheur inégalée, la présentation des mets un rêve et les grandes baies vitrées donnant sur la nature touffue ont été inventées pour la contemplation. Une adresse qui m’a été transmise par une amie taïwanaise et que je partage aujourd’hui avec vous, un peu à regret…
C.d.F | Photographie à la une : © Juliette Ranck pour Les Grands Ducs. Nos remerciements à Palais des Thés
L’adresse inédite de Cindy Kuan
Situé sur les rives de la rivière Danshui, le quartier Datong est né de la fusion de deux villages : Dalongdong, connu pour son sensationnel temple de Confucius, a été fondé au début du XVIIIe siècle, alors que Dadaocheng, au sud, a été créé par des réfugiés de Wanhua en 1853. Cette zone a connu la prospérité à l’époque où les exportations de thé explosaient et où les sociétés étrangères en faisaient commerce sur le quai. Les touristes étaient rares, même si le marché en plein air du Nouvel An chinois attirait et attire encore des milliers de curieux, et le quartier reste relativement inchangé : les magasins de gros de Dihua Street, un fouillis de bâtiments de style fujianais, baroque et colonial japonais, traitent toujours des quantités gigantesques d’ail et de champignons noirs. On voit toujours chez les apothicaires des bocaux de verre remplis des ingrédients traditionnels de la médecine chinoise, qui parfument les arcades de l’odeur du ginseng, du jujube et des baies de goji. Ces dernières années, un effort de revitalisation, ciblant un public plus jeune et épris d’art, a été fait dans un esprit plus « durable ». Le résultat est un lacis rafraîchissant et sans prétention de galeries d’art, de maroquineries, de magasins d’artisanat, de boutiques de curiosités et d’herboristeries.
Les auteurs
Commissaire-priseur spécialiste des arts asiatiques chez Christie’s à Paris, notre Duchesse Camille de Foresta connaît bien l’Asie où elle rencontre de régulièrement d’importants collectionneurs, et notamment Taipei, écrin de la plus belle collection d’art chinois au monde.
Cindy Kuan est née à Taipei, a grandi en Californie et a fait ses premières armes sur la scène médiatique locale de Shanghai avant de se spécialiser dans la mode et la décoration intérieure. Elle a publié des articles dans ICON Magazine et le Women’s Wear Daily, et sur des sites web tels que designboom et ArchDaily.