Auto
La Riviera cheveux aux vent en Bentley Continental GT Cabriolet
07 MAI . 2019
Une promenade au volant de la nouvelle Bentley Continental GT Cabriolet… L’invitation ne se refuse pas ! Parenthèse de luxe, calme et volupté, entre Monaco et Saint-Raphaël, avec à l’honneur un ensemble architectural à peine réhabilité : Marina Baie des Anges.
Par Bertrand Waldbillig
2019 est un grand millésime pour Bentley. Un centenaire à célébrer et deux nouveaux modèles dévoilés. Si la très attendue Flying Spur n’arrivera pas avant la fin de l’année, les amateurs (fortunés) de cabriolets qui décoiffent peuvent d’ores et déjà signer le bon de commande pour la version découvrable de la Continental.
C’est à Monaco que la marque de Crewe présentait ce beau bébé de 635 chevaux, la GTC n’étant disponible pour l’instant qu’avec le W12 au souffle inépuisable. Une version V8 à peine plus politiquement correcte devrait logiquement suivre.
Nous voilà donc à Monaco devant une salivante brochette de Continental, soigneusement alignées devant l’hôtel Métropole, à deux pas du Casino. Monaco n’est bien sûr pas un choix anodin, puisque la marque y enregistre parmi ses plus gros volumes de vente… “Notre” Continental se pare d’un vert non métallisé du plus bel effet, baptisé Barnato en hommage au plus célèbre des “Bentley Boys” Woolf Barnato, triple vainqueur au Mans entre 1928 et 1930. Centenaire oblige, la panoplie sportive du cabriolet mis à notre disposition rend un hommage appuyé à cet épisode glorieux de l’histoire de la marque britannique.
Aussi imposante et intimidante que ses ancêtres pouvaient l’être, la nouvelle Continental manque un peu d’aise dans les rues étroites et encombrées de Ferrari et autres Rolls Royce mais incontestablement, un embouteillage de pareils carrosses rend la vie moins triste.
Bien entendu, la Bentley ne fait l’impasse sur aucun des équipements modernes que l’on peut retrouver sur berline (très) haut de gamme. Sa vraie différence, elle la cultive dans la profusion de cuir, de bois précieux et de chrome dont l’habitacle se pare sans faute de goût. Somptueux.
Sur l’autoroute qui nous mène vers le massif de l’Esterel, madame prend enfin ses aises en même temps que son souffle. Mode “confort” activé : l’effet tapis volant est saisissant. Mais la frustration guette, sur ces portions de route limitées à 110 voire 90, à peine le tiers de la vitesse de pointe. “Heureusement”, trois péages permettent de s’amuser un peu en catapultant la Continental à 100 km/h en trois seconde et demie.
A la recherche d’un endroit pour mitrailler la belle entre Théoule et Nice, sans tomber dans les clichés habituels de la French Riviera, on se souvient de Marina Baie des Anges et ses quatre immenses vagues de béton surplombant la Méditerranée à Villeneuve-Loubet. Par le plus grand des hasards, le photographe qui nous accompagne s’avère être le fils d’André Minangoy, l’architecte de ce projet qui s’est étalé de la fin des années 1960 au début des années 1990 ! Rendez-vous est donc pris sur place dans l’après-midi.
Mais pour l’heure, après une pause à Théoule sur mer, nous longeons le littoral vers Saint Raphaël en traversant l’Esterel. Un parcours sinueux prisé des touristes et des motards, avec quelques passages suffisamment étroits pour craindre d’y perdre un coûteux rétroviseur. C’est toujours mieux qu’en ville où les trottoirs constituent une menace permanente pour les jantes à 10 000 euros (incluses dans le pack Mulliner). Il est temps de rebrousser chemin pour me rendre à Marina Baie des Anges y retrouver Alexandre, le photographe.
Ce dernier m’explique que son père a tracé la forme des immeubles dans le creux de sa main. La légende dit donc vrai ! Des formes symboliques (voiles, vagues, pyramides ?) qui donneront naissance à 1300 appartements tous bordés de ces fameux balcon en biais imaginés par André Minangoy.
Né avec le développement éclair du tourisme balnéaire, le projet vit se succéder plusieurs promoteurs et au total près de 30 ans furent nécessaires à son accomplissement. Dans les années 1970, seuls deux immeubles étaient sortis de terre (ou plutôt de mer) mais déjà on se battait pour obtenir à prix d’or l’un des appartements avec vue sur la Grande Bleue.
Des Bentley, il y en avait alors autant qu’à Monaco sur la croisette de Marina Baie des Anges. Longtemps décrié par la suite, il aura fallu attendre les années 2000 pour que cet ensemble architectural soit classé Patrimoine du XXe siècle. Aujourd’hui, c’est une enclave paisible où les polémiques ne semblent plus avoir cours. Les Mariniens, pour la plupart des retraités amateurs de voiles, posent un regard bienveillant sur la Continental, qui trouve ici un cadre à sa mesure : architecture et automobile ont toujours fait bon ménage.
B.W.