Eros
Naked, l’estampe mise à nu
19 SEPTEMBRE . 2019
Naked. C’est le nom limpide de la collection d’estampes érotiques réalisées en collaboration avec les plus grands artistes de notre temps par la maison d’édition Baudoin Jannink. Rencontre.
Par Aymeric Mantoux
« Naked, c’est plus original que nu. Et plus chic aussi ! » nous explique Baudoin Jannink, éditeur d’art et créateur, il y a quelques décennies, de la maison d’édition éponyme. Voilà en tout cas comment il explique le nom qu’il a donné à la série d’estampes érotiques qu’il réalise depuis de nombreuses années avec les plus grands artistes contemporains, d’Arman à Villeglé, en passant par Julio Le Parc, Orlan, Viallat, Topor ou Monory.
Ce faisant, l’éditeur a bien conscience d’enfoncer des portes ouvertes : « dans l’histoire de l’art le nu et le nu féminin en particulier sont très absents, comme chacun sait… Romains, Grecs, Etrusques, tout le monde est à poil. Alors oui, c’est d’une banalité affligeante, mais j’ai voulu rentrer dans ce schéma, car c’est une expression essentielle à presque tous les artistes… Ils l’ont tous fait, sauf peut-être Mondrian et Malévitch. »
A ce jour, plus de 18 estampes ont déjà vu le jour. Parmi les plus récentes réalisations, le photographe Marc Lathuillière, très actif dans cet univers, avec une photo de deux hommes nus sur une plage qui remontent de l’eau, ou encore l’artiste africain Barthélémy Toguo.
Bien entendu, il s’agit ici d’une aventure artistique, mais aussi, qu’on ne se le cache pas, d’une aventure commerciale. Le concept de Naked repose sur des formats d’estampes identiques, et un nombre de tirages limités de 120 exemplaires. « Contrairement à Vasarely, par exemple, qui tirait à des milliers d’exemplaires. »
Parmi les gravures qui ont connu la plus grande fortune commerciale, celles d’Arman, Villeglé, Monory, Lary Bell, mais surtout Pol Bury et Julio Le Parc, contre toute attente. Orlan, avec sa parodie pénienne de l’origine du monde de Courbet, a du mal à trouver un public, en dépit de sa notoriété. Mais ne comptez pas trop sur son éditeur pour nous en expliquer davantage. « Je n’ai pas grand-chose à dire si ce n’est que c’est amusant de voir comment les artistes traitent le sujet…. ». C’est dit.
A.M