Auto
Orange mécanique en Cayenne Coupé
03 OCTOBRE . 2019
C’est bien connu, les SUV Coupé figurent parmi les autos les plus laides jamais dessinées. Porsche a d’ailleurs attendu la troisième génération de son Cayenne pour oser céder à la tentation. Comme si la marque avait un peu honte… Alors quand, sous la contrainte, on nous a proposé de prendre le volant d’un exemplaire Turbo flambant neuf et de couleur Lava Orange, on a un peu tiqué, mais impossible de résister, on s’est pris au jeu…
Par Antoine Minard
Rendons à César ce qui est à César, en 2008 BMW invente le genre avec l’affreux X6. Prenez un X5, rabotez le toit, inclinez fortement le hayon et vous obtenez ainsi les inconvénients d’un coupé (habitabilité et coffre réduit) et ceux du SUV (gabarit ou consommation). Allez savoir, les lois du marché automobile ont leurs propres règles et le X6 sera un succès colossal que la concurrence ne peut ignorer bien longtemps. Si le X6 nous fait mal aux yeux depuis plus de dix ans, Mercedes réplique avec le GLE aussi disponible avec un V8 Bi-turbo de 585 ch car AMG a toujours ce qu’il faut sous la main. Bien sûr chez Porsche, la réponse était toute prête et arrive servie sur un plateau d’argent.
“Le SUV qui rêvait d’être une 911”
C’est ce que titre la presse à propos du Cayenne Coupé. On n’ira pas jusque là. Bien que vue de profil, il semblerait que la ligne de toit typique de la 911 ait été greffée sur un Cayenne. Revenons un peu sur la succes story Cayenne. Chez Porsche, l’idée d’un tout-terrain existe déjà depuis les années 1950 avec la Type 597 Jagdwagen.
Un petit tout-terrain qui répondait à un appel d’offre de l’armée allemande. Peu puissant mais semi-amphibie et doté de réelles capacités tout-terrain, il ne fera pas l’affaire en raison d’un prix de production trop élevé. Il fut cependant fabriqué à 71 exemplaires et constitue aujourd’hui l’un des modèles Porsche les plus rares.
À l’été 1998, nouveau PDG, nouvelle stratégie : la diversification. Wendelin Wiedeking annonce la production d’un SUV sportif, à destination notamment du marché américain. Un an plus tard, l’usine de Leipzig est prête pour la production. Présenté en 2002, le Cayenne partage ses dessous avec le Volkswagen Touareg. Si les coûts sont partagés, c’est bien Porsche qui pilote la conception. Le pilote de rallye Walter Röhrl a même participé à sa mise au point sur le circuit de Weissach.
L’auto verte
Quant à moi, j’ai toujours apprécié les 4×4. Les purs et durs comme la Jeep CJ devenu Wrangler, le Land Rover devenu Defender ou le Mercedes G. Bien sûr, j’apprécie aussi la Range Rover et les grands 4×4 familiaux japonais. Ou même les petit 4×4 citadins envahissant les trottoirs des métropoles et les bords de mer chics.
Mais d’ailleurs qu’est-ce qu’un vrai 4×4 ? “Une sorte d’automobile dont les quatre roues tournent en même temps, histoire d’user plus rapidement les pneumatiques et de consommer davantage de carburant” plaisantait Jean-Pierre Fontenay, vainqueur (entre autres) du Paris-Dakar.
La Porsche la plus vendue de l’histoire
Revenons à notre Cayenne. Après le ML de Mercedes en 1997 et le X5 de BMW en 1999, le Cayenne ouvre en 2002 la voie du SUV sportif dans laquelle tout le monde (ou presque) s’est depuis engouffrée. Avant lui il y avait bien le Lamborghini LM002 mais la polyvalence et le budget de fonctionnement étaient tout autre.
Le Cayenne est un formidable coup marketing et permettra à Porsche de retrouver une santé de fer “un SUV capable de tracter un constructeur automobile tout entier” lisait-on en 2007 dans le magazine Business Week. En juillet 2013, le 500 000e Cayenne tombe des chaînes et l’auto s’affirme comme l’une des plus rentables au monde.
Coupé décalé
Le nouveau Cayenne Coupé est plus long, plus plat et aussi plus large de l’arrière. “L’allure plus athlétique et une ligne de toit fortement inclinée vers l’arrière confèrent au nouveau Cayenne Coupé une élégance unique en son genre” argue Porsche. Quoiqu’il en soit, notre Cayenne Coupé Turbo orange ne passe pas inaperçu…
En série, un grand toit panoramique, non ouvrant mais teinté, mesurant à peu près la surface de ma salle de bain parisienne. Il donne une agréable sensation d’espace et de luminosité. Visuellement, il assoit le Cayenne Coupé en lui donnant l’air d’être plus bas que ce qu’il est vraiment.
Contrairement à la version Turbo “standard”, le Cayenne Coupé Turbo offre d’office le Pack Sport Chrono et le PSM Sport autorisant une conduite plus sportive tout en gardant le PSM (Porsche Stability Management ) en veille active. Dans l’air du temps, la planche de bord est entièrement digitalisée. Des écrans personnalisables et des boutons tactiles composent la console centrale et le cockpit tandis que seul le compte tour central reste analogique. Les sièges proposent une foultitude de réglages électriques, chauffent et … massent. Si, si !
Passion turbos
Fort de 550 ch et 770 Nm de couples les accélérations et les reprises procurées par le V8 bi-turbo sont tout simplement phénoménales. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, volant en main, le Cayenne a toujours réussi à faire oublier sa masse excessive.
Il se présente aussi comme un routier au long cours. À 130 km/h en 8ème vitesse, nous sommes à 1 800 trs/ min et le silence impressionne. Comme peu d’autos, il vous isolera de tous les aspects inconfortables d’un trajet. À contrario, échappement actif ouvert il peut rugir pour maintenir votre intérêt. Selon Porsche il ne devrait intéresser que 15 à 20 % des acheteurs de Cayenne dont la plupart devraient également provenir d’autres cibles.
Quant à nous, on ne peut que vous conseiller d’opter plutôt pour une 911 Turbo, mais si vous tenez à impressionner vos amis par une certaine audace, ma foi…
A.M | Un grand merci à Benjamin Bérenger