Gastronomie
Oui Mon Général ! Un restaurant de province très parisien
25 NOVEMBRE . 2019
Ce Général-là devrait porter une sixième étoile tant il incarne tout ce qu’on aime chez les Grands Ducs. Vous l’avez compris, la nouvelle aventure de Stéphane Reynaud et Nicolas Bessière a donc pris place à l’enseigne “Oui mon général !” et ses manières de bistrot de province nous ont ravis. A table !
Par Thierry Richard
(Texte et Photographies)
Ardéchois, auteur à succès et petit-fils de bouchers-charcutiers, Stéphane Reynaud, dont le « Ripailles » trône en bonne place dans toutes les bonnes bibliothèques gastronomiques, œuvrait jusque là, un peu en dilettante, à Montreuil. Le voilà depuis le mois d’août dernier installé aux abords verdoyants de l’avenue de Breteuil dans ce coin du 7ème arrondissement aux airs de sous-préfecture.
Toute son ambition, Stéphane la résume ainsi : “j’ai toujours rêvé d’ouvrir un restaurant de province à Paris”. Entendez par là un établissement qui ne se hausse pas du col, fait la part belle aux produits de nos régions, sélectionnés avec le plus grand soin (il se remémore les visites de fermes avec son grand-père boucher pour sélectionner les bêtes…), draine son lot d’habitués du quartier, propose de bons petits vins au comptoir et surtout agite une popote pas manchotte au bon goût de terroir.
Posé à un coin de rue, le “Oui mon général !” est vaste, chaleureux, offrant un décor simple et bigarré mélangeant tables de bois, marbres, mur de bouteilles, claustra scandinave, suspensions seventies et qui, selon toute vraisemblance, n’est pas signé par une décoratrice en vue.
La cuisine y est formidable de générosité et de gourmandise, deux qualités qui semblent de plus en plus déserter les tables à la mode. Ses “Œufs mayo bio”, finalistes du championnat du monde 2018, sont impeccables, servis presque mollet, avec une mayonnaise bien dense et moutardée et quelques accents automnaux (pain grillé, graines de courge et dés de butternut).
Ses “Anchois fumés, échalotes, romarin” combinent un parfum de harengs pommes à l’huile et la salinité fondante de beaux anchois : c’est franchement bien vu !
La “Crépinette de cochon de lait” mêle l’aristocratie de morceaux nobles avec la gouaille populaire des oreilles de cochon dans un tout joyeusement emballé, avec douceur, croquant et un bon goût de rôti. La purée maison qui l’accompagne, baptisée ici “purée de nous autres” est épaisse et se flatte des saveurs d’un jus de viande corsé.
Jour de beaujolais nouveau oblige, le “Saucisson de Lyon” de Colette Sibilia (une des meilleures charcuteries de la capitale des Gaules), joliment pistaché, est servi en tranches rondelettes avec une sauce lie de vin gouleyante comme un vieux Moulin à Vent.
Les desserts poursuivent dans la tradition à la française avec Vacherin et Tapioca comme un riz au lait. Le “Baba au rhum” XXL (commandez-le pour deux) à la mie compacte est servi avec 3 bouteilles au choix. De quoi donner l’envie d’annuler tous les rendez-vous de l’après midi.
Répétons-le : il y a chez ce général tout ce que l’on aime dans la culture bistrot : la générosité, l’authenticité et le talent. Il serait en bas de chez moi que j’y descendrais toutes les semaines. Là, ce sera tous les mois. Au moins.
T.R.
Oui mon général !
14 rue du Général Bertrand
75007 Paris
Téléphone : 01 47 83 76 66
Ouvert tous les jours
A la carte, compter entre 35 € et 45 €
Métro : Duroc, Saint-François Xavier