Voyages
Un week-end à Lille, la culture de l’art
16 JANVIER . 2020
Un week-end à Lille… Faut-il encore s’en convaincre, malgré quelques à-priori ? Trois jours dans la capitale des Flandres, dont un bien gris, ont paru si riches de découvertes culturelles et d’atmosphère joyeuse qu’il faudra bien y retourner. Du centre aux alentours, tour d’horizon des visites à ne pas manquer.
Par Patricia-M. Colmant
A Lille, le soir dans les estaminets de la rue de Gand ou le dimanche au déjeuner, jour de marché au café Aux Arts, l’ambiance chaleureuse est contagieuse. Notamment dans le vieux Lille, qu’il est plutôt indispensable d’arpenter à pied ou à vélo, pour apprécier l’architecture historique.
Car le puissant passé commerçant et industriel de la région a enrichi au fil des siècles cette ancienne bourgade marécageuse… L’influence flamande du XVIIe siècle, avec une profusion de décors ornementaux de pierre tels cornes d’abondance, volutes, médaillons, mascarons, est bien sûr très présente sur les bâtiments de la Grand Place. Elle n’est certes pas aussi somptueuse que celle de Bruxelles, mais les façades roses ou ocre illuminent.
C’est bien le cœur de Lille qui bat ici, avec en contraste de style, l’immeuble Art Déco de La Voix du Nord, inspiré du régionalisme flamand. Au sommet du pignon principal, trois grâces en bronze doré tiennent compagnie à la déesse perchée en haut de la colonne centrale de la place, érigée en hommage à la résistance héroïque des Lillois en 1792 contre les Autrichiens. Lille a toujours ménagé les dames…
La façade de la Vieille Bourse est elle aussi un vrai un chef-d’œuvre et mérite plus qu’un coup d’œil, mais si vous êtes tendance « rat de bibliothèque » laissez-vous aussi happer par la cour intérieure dont la galerie abrite les trésors de bouquinistes férus de belles pages. En sortant par l’autre arcade, sur la place du Théâtre, on rejoint l’Opéra majestueux et le Palais de la Bourse dont la verrière est une pure merveille de 1921.
On arrête là la visite guidée, bien loin d’être exhaustive, pour musarder dans les petites rues aux noms fantaisistes: Esquermoise, Rivierette, Grande chaussée, Chats bossus… Chacune offre au regard de beaux immeubles restaurés …ou non. Pas exclu qu’il y ait encore de belles affaires immobilières à faire ! C’est aussi l’occasion de découvrir les bonnes adresses que sont La Chambre aux Confitures ou le gaufrier Méert qui, derrière ses vitrines garnies de pâtisseries tentantes, propose midi et soir une carte de plats régionaux et d’inspiration nordique, modernisés par son chef Tom Truy-Courties.
Plus loin, la rue de Gand et ses estaminets font découvrir aux plus audacieux quelques mets insolites comme la carbonnade de boeuf à la bière et au pain d’épice ou les saveurs subtiles du Potjevlesch (le pain aux quatre viandes blanches). Pour boire un verre, JokeR, grand spécialiste des cocktails originaux est un bar très animé, mais nous, on a préféré déguster un excellent Viognier dans l’atmosphère rigolarde du café des Arts…
Lille, c’est aussi ses alentours. Pour les amateurs d’architecture de l’entre-deux guerres et d’art moderne, voire contemporain, les adresses ne manquent pas. Bien-sûr, à Croix, l’incontournable villa Cavrois due au génial architecte Robert Mallet-Stevens en 1934 est un must. A Roubaix, l’ancienne piscine art déco, transformée en musée par Jean-Paul Philippon est aussi un cadre unique : l’espace si beau après sa réhabilitation se suffit à lui-même… Le choix intéressant d’y intégrer une collection permanente n’empêche toutefois pas l’alignement de sculptures Néoclassiques, en lieu et place des plongeurs et baigneuses de la grande époque de l’ancienne capitale mondiale de la laine, de casser la perspective.
On termine par un crochet à Villeneuve d’Ascq au Musée d’Art Contemporain Lille-Métropole (LaM), qui abrite une collection d’art brut exceptionnelle dont la table de projection sonore, d’enregistrement et de contrôle électrique de Jean Lefèvre, pur chef-d’œuvre d’ingénierie loufoque et géniale qu’on vous laisse découvrir…
De retour, n’oubliez pas une balade dans le grand parc de la citadelle, de longer les murs Vauban sur la voie des combattants, et puis tout recommence, avec le même plaisir : arpenter les rues pavées du centre, siroter un verre dans les cafés à la clientèle effervescente et se délecter de l’abondance artistique de la métropole…
P-M.C