Cinéma & Séries
5 raisons pour lesquelles vous devez regarder « Succession »
24 JANVIER . 2020
Les initiés le savent : les meilleures séries sont estampillées HBO : Game of Thrones, The Newsroom, Chernobyl, The Wire, Westworld, Watchmen… La chaîne privée a érigé l’exigence scénaristique en ligne de conduite. C’est de cette fabrique à succès qu’est issue notre série fétiche du moment, “Succession” dont la seconde saison, visible en France sur OCS, a été récompensée d’un Golden Globe.
Par Thierry Richard
Passée relativement inaperçue lors de sa sortie en France, la saison 2 (encore meilleure) de Succession, diffusée sur OCS fin 2019, ravive l’intérêt pour cette série qui trouve place dans notre Top 10 Ever. Voici donc, en quelques mots, ce qui nous plaît tellement dans “Succession”.
1 – Quand Shakespeare rencontre Wall Street
Le pitch de “Succession” ? Logan Roy, octogénaire à la tête d’un conglomérat des médias et du divertissement les plus puissants du monde se sent vieillir. Serait-il temps pour lui de passer la main à l’un de ses quatre enfants ? Peut-être. Mais alors lequel ? Kendall semble le mieux placé pour succéder à son père. Mais rien n’est joué.
Naviguant en permanence entre drame et comédie, la série est très largement inspirée de personnages réels comme les Murdoch (Fox), Sumner Redstone (Viacom) ou même Ivanka Trump. Elle est d’ailleurs assez largement issue d’un scénario de biopic de Rupert Murdoch écrit par Jesse Armstrong, son créateur. Mais là n’est pas la question. Elle ouvre une fenêtre sur le mode de vie hors du commun à la fois banal et extraordinaire des 0,01% à l’ère Trump. On y retrouve, au sein de cette famille totalement dysfonctionnelle, où les enjeux affectifs le disputent aux considérations de business, des accents de tragédie shakespearienne. Le roi Lear pourrait bien habiter Park Avenue et diriger des chaînes de télé. Entre humour grinçant, non-sense et satire cruelle, on ne sait jamais sur quel pied danser.
Turpitudes, remords, coups bas, élans soudains d’affection, psychothérapie familiale, addictions en tout genre : le portrait de cette amérique n’est pas rose. Mais il nous captive. Tout comme la vision que le show nous propose de ce qu’est finalement devenu le rêve américain.
2 – Un casting de premier ordre
Le casting se passe de têtes d’affiche mais révèle une brochette d’acteurs de premier plan tous très à l’aise dans leur registre.
A tout seigneur tout honneur, l’acteur écossais Brian Cox (Logan Roy), distingué d’un Golden Globe pour le rôle, y incarne le patriarche fatigué mais toujours mordant aux accès de colère foudroyant dont on ne sait jamais lequel de ses enfants a ses faveurs.
Jeremy Strong (Kendall Roy) assure avec maîtrise la complexité du rôle d’un fils qui navigue en permanence entre l’envie de plaire à son père et celle de se réaliser par soi-même alors que Kieran Culkin (Roman Roy), joue le plus jeune des frères, à la folie à peine contenue et au verbe (très) direct. Seule fille des quatre enfants, Sarah Snook (Siobhan “Shiv” Roy) se révèle une femme aux ambitions complexes et à la vie maritale à géométrie variable.
Quant à Nicholas Braun (Cousin Greg), il est remarquable en composant à la perfection un personnage de naïf, fragile et un peu simplet par qui le scandale arrive mais qui peut, tout aussi bien, user des mêmes armes de manipulation que les autres membres de sa famille.
3 – Une mise en scène proche du documentaire
La réalisation, dotée de moyens importants (on prend l’hélico pour aller jouer au baseball en famille, on passe son week-end sur le deck ensoleillé d’un yacht, le jet privé est un métro comme un autre…) est parfaite et flirte avec un savoir-faire très cinématographique. Les plans sont par ailleurs souvent cadrés à l’épaule avec des zooms profonds, pour renforcer le côté documentaire, images volées et intimes et nous plonger au plus près des personnages.
On retrouve d’ailleurs parmi les réalisateurs crédités et comme producteur exécutif de la série, Adam McKay, le metteur en scène oscarisé de The Big Short et Vice (qu’on a adoré).
4 – Une musique originale que vous n’êtes pas prêt(e)s d’oublier
La bande-son, mixant habilement créations originales de Nicholas Britell et morceaux contemporains (les Beastie Boys ouvrent le bal dans une scène new yorkaise épatante) s’est vue distinguée d’un Emmy Award. Le générique est hypnotique et la mélodie originale, reprise régulièrement en diverses variations ne vous quittera plu, faisant résonner dans votre crâne ses accords légèrement dissonants.
Il faut à ce sujet absolument voir la vidéo de Nicholas Britell expliquant son processus créatif l’ayant amené à composer ce thème en liaison avec l’histoire et la psyché des personnages.
5 – Du style, du style, du style
Sans verser dans le défilé de mode, on ne peut se targuer de représenter la vie des puissants de ce monde sans faire d’effort vestimentaire. Dans “Succession”, on apprécie tout particulièrement les costumes nouveau business de Kendall Roy, les gilets en laine croisés de Logan Roy, son manteau et sa casquette qui le rendent anonyme dans les rues de New York, les tenues de soirée aux smokings impeccable. Mais, source d’inspiration infinie pour vous mesdames, les tenues de Shiv Roy et son goût immodéré pour les pantalon larges taille haute nous ont laissé bouche bée…
Et alors ?
Le plus pervers dans tout cela ? C’est qu’on finit par prendre du plaisir en compagnie de ces personnages, pourtant objectivement détestables.
Alors si ce n’est déjà fait (et là, on vous envie), filez sur OCS et enjoy ! Et pour les autres, vivement la saison 3, promise pour l’été 2020.
T.R.
Succession
Saison 1 en 2018 (10 épisodes)
Saison 2 en 2019 (10 épisodes)
A voir sur HBO ou OCS.