Gastronomie
Pique Nique chic sur les bords de Seine (même en hiver)
03 FéVRIER . 2020
Faut-il toujours en savoir plus ? Tirer les fils du passé pour comprendre la trajectoire d’un restaurant, d’un chef, d’une vision de la restauration ? La question n’a pas de réponse définitive mais ce jour-là, chez Pique Nique, nous n’avions qu’une seule envie : profiter du moment présent. Alors on s’est laissé aller à flâner…
Thierry Richard
(Texte et photographies)
C’est le grand bonheur des restaurants d’angle. La lumière y pénètre en grandes flaques, à peine gênée par la grisaille des journées parisiennes. Celui-ci, répondant au joli nom de Pique Nique, pousse même son avantage à revêtant une parure de blanc opalescent rendant son atmosphère d’une clarté vibrante. On y entre comme dans un bain lumineux.
Bar en vagues blanches, cuisine ouverte aux carreaux immaculés, bois clair des chaises canées, piliers en miroirs et tables brillantes : on respire. Quelques mois à peine après son ouverture, la habitués y rejouent avec bonheur leur entrain affamé. Quelques touristes y découvrent la gastronomie de l’époque.
Celle-ci, chez Pique Nique, se vit sans entrave. On vous y laisse sur la table une liste à cocher mêlant entrées, plats, accompagnements et dessert : c’est à vous de jouer et de piocher dans la formule à 28 € (un de chaque) ou à 38 €, avec 5 choix possibles dans la carte. C’est ludique et très agréable.
Côté cuisine, on retrouve la patte de Laura Portelli (Mme Christophe Saintagne), petit bout de femme blonde à l’énergie débordante, passée par les plus grandes brigades, Ledoyen, Meurice et Plaza Athénée et qui vient elle-même commenter les recettes de la carte (le zaatar, c’est quoi ?) Elle y glisse de nombreuses influences italiennes, fidèles à ses origines.
Comme pour cette entrée en matière puissante, croquante et judicieusement relevée qu’est la “Focaccia, n’duja, roquette” où la saucisse aux abats pimentée calabraise est très bien mise en valeur ou les “Endives, poire, gorgonzola” où le roquefort d’un accord originel cède la place à son cousin transalpin, crémeux et caressant.
Choix des accompagnements oblige, la partie se joue en double mixte. Le très fondant et doux “Veau confit, miel, olives, câpres” s’accompagnera pour la circonstance de “Pommes sarladaises” peu grasses et somme toute assez éloignées de celles que l’on trouve en plein Quercy. Retour sur les rives de la méditerranée ensuite avec une “Aïoli Jacques Médecin” (lieu noir et bulots dans une sauce nappée délicate et généreuse) ayant choisi comme partenaire du “Boulgour, citron, sésame” parsemé d’herbes parfumées.
Pour l’anecdote, entre autres talents municipaux et un goût prononcé pour les voyages en Amérique du Sud, le fameux maire de Nice prit le temps d’écrire un livre de recettes du Comté de Nice, preuve s’il en est qu’il ne tambouillait pas que dans la cuisine politique.
En dessert, un “Tout citron” rafraîchissant prenait le large et un “Gros chou pralin/chocolat”, mêlant crème et glace, chocolat et noisette avec une belle ampleur ponctuait le repas d’un joli point d’exclamation.
Cette cuisine simple, parfumée et de qualité, laissant toute liberté au convive pour choisir ses accords, ses envies, ses outrances nous a emballé. C’est aussi ce que l’on attend d’un restaurant : un territoire d’expression de nos envies, parfois contradictoires mais jamais bridées.
Merci Laura Portelli, pour ce petit espace de liberté.
T.R.
Résumons
Atmosphère : Blanc virginal et lumière à flots continus.
Le plat à ne pas louper : L’Aïoli Jacques Médecin après avoir annulé vos rendez-vous de l’après-midi.
Liquides : Sélection réduite mais originale (ravi de retrouver le Champagne Piconnet en Blanc de Noirs à la carte).
Prix : D’une exemplaire correction.
En pratique
Pique Nique
14 rue Bertin Poirée
75001 Paris
Téléphone : 01 40 26 67 19
Fermé dimanche et lundi
Réservations acceptées
Menus à 28 € et 38 € (5 choix)
Métro : Pont Neuf ou Châtelet