Cinéma & Séries
7 films d’espionnage à voir en secret (1/2)
07 AVRIL . 2020
Rien de mieux qu’une atmosphère confinée pour savourer un grand film d’espionnage ! Attention, on parle ici d’un film d’intrigue, un récit de l’espionnage et sa période de prédilection, la Guerre Froide. Alors pour une fois, on met de côté les 24 épisodes de James Bond, les copier-coller bondiens, parodies et autres pastiches. On vous a sélectionné 7 films (dans un premier temps) qu’il faut avoir vu pour parler la langue des espions. Baissez la lumière, servez-vous un verre, enfoncez-vous dans un bon fauteuil et plongez dans le cinéma des services secrets…
Par Guillaume Cadot
1. Torn Curtain (Le Rideau déchiré), 1966
Un jeune savant atomiste américain proche du Pentagone, en visite à Copenhague avec sa fiancée, se rend à Berlin et passe à l’Est pour arracher à un scientifique une formule bien gardée.
Le film d’Alfred Hitchcock a souvent été décrié. On lui préfère Les 39 Marches ou Cinquième Colonne. Et pourtant, il faut redécouvrir ce film de 1966 avec Paul Newman. Tous les éléments de l’histoire de l’espionnage sous Guerre Froide sont présents. Une aventure dramatique pleine de suspense et d’humour noir très hitchcockien dans des décors grisâtres typiques de la représentation d’une Allemagne de l’Est paranoïaque. Un film qui se découvre avec un oeil nostalgique.
La punchline : “You’re a scientist, and you’re supposed to respect a natural order in all things. Breakfast comes before lunch.
– And marriage should come before a honeymoon cruise.
– You’re on the wrong boat.”
Où le trouver ? Sur iTunes ou sur Youtube
2. Three Days Of The Condor (Les Trois Jours du Condor), 1975
Peut-être le meilleur de tous ! Le film de Sydney Pollack retrace la fuite d’un analyste de la CIA en quête de vérité suite à l’assassinat de son équipe. Un brûlot contre la machine de l’espionnage américain juste avant le scandale du Watergate dépeint dans l’excellent film Les Hommes du Président.
Robert Redford joue d’ailleurs dans les deux films. Il excelle dans ce rôle d’investigateur gratte papier où il prend en otage Faye Dunaway, victime du syndrome de Stockholm. Tout est bon : l’intrigue, le style rythmé d’un bon polar des années 1970, la bureaucratie américaine à grand coups de buildings aux couloirs déserts, téléphones qui clignotent et bandes magnétiques qui tournent. Les agents sont en costume cravate, le rôle du méchant pas si méchant est joué par Max Von Sydow, la musique jazz funk est signée Dave Grusin et bien sûr l’Ivy look de Redford est un sans-fautes : caban dix boutons, veste de sport en tweed herringbone, chemise chambray, shaggy sweater, jean élimé et un Solex !
La punchline : “Do you trust him? Does he trust you?
– He’s in the suspicion business. He can’t trust anybody.”
Où le trouver ? Sur iTunes
3. Espion Lève-toi, 1982
Sébastien Grenier, financier à Zurich vit avec Anna Gretz, une enseignante d’origine allemande proche des mouvements des brigades populaires. Grenier est en fait un espion «en sommeil» pour l’Etat français. Contacté par sa hiérarchie pour enquêter sur des attentats en Suisse, Grenier, qui se méfie de tous, met le pied dans une machination infernale.
Yves Boisset aime réaliser des films politiques. Avec Espion lève-toi, il dénonce les méthodes des services secrets avec deux acteurs chocs : Lino Ventura et Michel Piccoli. Un scénario complexe, peu de sentiments dans le jeu, Piccoli manipulateur, Ventura tenace, le tout sur fond d’attentats politiques et de coups bas pour éviter les procédures diplomatiques. Un film glaçant typique des polars français des années 70 où on aime retrouver un Lino Ventura déterminé dans son costume beige Cifonelli, chemise azur et cravate noire tricotée.
La punchline : “Où m’emmènes-tu ?
– Nulle part, on roule”
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4. The Lives Of Others (La Vie des Autres), 2006
Au coeur de Berlin-Est début des années 80, un officier de la Stasi surveille un couple d’artistes dont les textes sont jugés suspicieux par les autorités. Un film froid et introspectif sur la machine politique que fut la Stasi en Allemagne de l’Est où tout le monde était sur écoute. Dénonciation et paranoïa s’installent dans ce climat de terreur d’un Berlin gris, sous cloche.
L’acteur Ulrich Mühe qui joue le capitaine de la Stasi est bouleversant. Décor glacial, musique anxiogène, personnages machiavéliques incarnant le pouvoir… Le tout ponctué d’un furieux désir de liberté des deux artistes surveillés. Un film captivant par l’aberration de la machine étatique et la personnalité du personnage principal, bon soldat de la Stasi déstabilisé par l’amour et l’art que prônent les deux artistes…
La punchline : “Why are sitting at this table?
– You’re an officer.
– Socialism has to start somewhere.”
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5. L’Affaire Farewell, 2009
Un colonel du KGB déçu du régime prend contact avec un ingénieur français basé à Moscou pour lui transmettre des données sensibles. La France et les Etats-Unis décident de s’allier pour exploiter ces données.
Une histoire vraie du début des années 1980, rapprochant François Mitterrand et Ronald Reagan pour exploiter les données regroupant un gigantesque réseau d’espionnage soviétique, pour tout connaître des recherches scientifiques, industrielles et militaires à l’Ouest… “Farewell”, le nom de code de l’opération qui participa à la chute du rideau de fer, prend les traits de Guillaume Canet impeccable en petit ingénieur servant la grande cause au nom de l’Etat, en guerre contre Emir Kusturica, agent du KGB qui n’a plus rien à perdre. Une ambiance stressante en pays communiste sur fond musical années 1980.
La puchline : “L’une des plus grandes affaires d’espionnage du XXème siècle” – Ronald Reagan
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6. Tinker, Tailor, Soldier, Spy (La Taupe), 2011
Une adaptation léchée d’un roman de John Le Carré. Pour les amateurs de films d’espionnage d’action, passez votre chemin. Ici tout est lent et bureaucratique, certes, mais captivant. Au coeur de la Guerre Froide, George Smiley (Gary Oldman), espion vétéran, sort de sa retraite pour enquêter sur une infiltration soviétique au sein du MI6. Images sombres, décors monochromes, Gary Oldman en vieil espion est tout en retenue (on est loin du flic cocaïné de Leon), une histoire qui rappelle la lutte sans merci entre le bloc de l’Est et l’Occident à coups de transfuge et d’agents double.
La punchline : “She told me she had a secret, the mother of all secrets…
– Everything the Circus thinks is gold is shit, made in Moscow.”
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7. Bridge of Spies (Le Pont des Espions), 2015
Sur fond d’événements en pleine Guerre Froide, un avocat se retrouve à négocier la libération du pilote d’un avion d’espionnage américain U-2. Spielberg aux commandes, les frères Coen à l’écriture, Tom Hanks (bonifié avec le temps) en un homme de loi fatigué, un film grand public respectant le rythme du film d’espionnage, le chic de la reconstitution sur fond de débat patriotique. Un titre hommage au Glienicker Brücke, le pont faisant la jonction entre le secteur américain de Berlin-Ouest et le secteur soviétique qui formait la RDA. Depuis 1962 et jusqu’à la fin de la Guerre Froide, il servit à l’échange des espions entre les deux blocs.
La punchline : “The boss isn’t always right but he’s always the boss.”
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G.C