Gastronomie
Gastronomie à ciel ouvert, l’art du pique-nique
25 MAI . 2020
Les jours ensoleillés de déconfinement nous le promettent. La liberté bientôt – presque – revenue nous laisse l’augurer. La saison des pique-niques est en vue. Voilà un des petits plaisirs des beaux jours qu’il est aisé et terriblement agréable de pratiquer en famille ou entre amis, en tête à tête amoureux comme en bande organisée. Une joie simple à portée de roues. Hommage et mode d’emploi.
Par Thierry Richard
Le pique-nique est, pour moi, l’expression accomplie, bucolique et joyeuse de la liberté. La liberté de sauter dans un train de banlieue, de glisser la clé de contact dans une vieille guimbarde (ou pas) et de tailler la route vers un coin de verdure sous un ciel sans nuage. La liberté d’un moment partagé avec ceux qu’on aime, sans contrainte, sans étiquette, sans tabou.
Dissipons tout de suite un malentendu. Le plus important dans un pique-nique n’est, n’a été et ne sera jamais le contenu des assiettes que l’on saisit d’une main avide et mal assurée. Car en la matière le plaisir est ailleurs. Dans l’intimité avec la nature, dans l’air doux qui décoiffe la chevelure des femmes, dans les rires partagés et la bonne humeur que chacun a glissé dans le coffre en partant et qui n’attendait qu’un coin reculé sous un arbre pour s’ébattre.
On a glissé dans le panier de pique-nique en osier pour les plus chics, dans la glacière pour les plus organisés ou dans le sac à dos pour les plus sauvages les victuailles. Il y a là ce que la gastronomie offre de plus simple et de plus immédiat. Des saveurs franches, la vérité en bouche. Avec, au choix, du bon pain de campagne (c’est de circonstance), quelques conserves choisies avec soin ou faites maison, la salade préférée des enfants, des légumes en bâtonnets, des sandwichs à l’anglaise (aux oeufs durs, concombre, etc.), de la charcuterie, incontournable (c’est la France Monsieur !), des chips artisanales au chaudron qui graisseront les doigts gourmands, un assortiment de fromages de terroir, des fruits de saison dans lesquels on croquera sans les peler (les cerises de Printemps sont un must).
C’est un des petits bonheurs du pique-nique, ce libre-service de mise, où chacun pioche selon son bon plaisir, dans le désordre bienvenu de ses désirs immédiats. Pas d’ordonnance, pas de pas cadencé, en Mai, fais ce qu’il te plaît ! On s’échange les bocaux, les boîtes ouvertes, le pain rompu, les couteaux de Laguiole. Une vie brouillonne s’organise sur la couverture. Car bien sûr, on aura pris soin d’éviter les “aires de pique-nique” préfabriquées pour leur préférer un coin gorgé d’herbe tendre, avec un peu d’ombre (tout le monde ne savoure pas le plaisir d’un déjeuner en plein cagnard), ou, luxe suprême, une pente douce glissant au bord de l’eau. Le choix du lieu est essentiel, il faut donc le prendre au sérieux, suivre les abeilles, guetter les fleurs, franchir sans crainte les clôtures, chercher le calme et la solitude. Traquer le silence que l’on prendra ensuite plaisir à pourfendre. Et y étendre au sol notre nappe à carreaux.
On aura bien sûr pris soin de glisser dans le sac un tire-bouchon et quelques bouteilles en sac isotherme. La question revient souvent : que boire en escapade ? Ma réponse est simple, comme toujours, cela dépend de ce que l’on mange. Si la dominante est poissonnière (saumon gravlax, thon, maquereau émietté…) et les fromages plutôt de chèvre, on choisira un vin blanc sec, servi très froid (plaisir égoïste). Si l’on est plutôt charcuterie, terrines, pâté croûte et camembert au lait cru, un rosé charpenté (de Corse par exemple) fera parfaitement l’affaire. Moi, j’embarque toujours les deux !
Ces breuvages de circonstance sauront vous accompagner tranquillement vers une autre source de félicité du pique-nique : la sieste à ciel ouvert. Mais, çà, c’est une autre histoire…
T.R.
On mange quoi alors ?
Quelques épiceries selon notre coeur pour y choisir l’assaisonnement de votre prochain pique-pique. Puisqu’en la matière, vous l’avez compris, l’alimentaire frise l’accessoire.
Pour se croire en Toscane
Une épicerie italienne sur les pentes de Montmartre où l’on ira piocher quelques spécialités (froides) de la botte comme de vigoureux antipastis.
Roberta
5, rue la Vieuville
75018 Paris
Pour taper dans la charcut’
Un charcutier que l’on ne présente plus, célèbre pour ses pâtés croûte d’exception mais qui propose bien d’autres spécialités à découvrir (jambon persillé, lapin de garrigue en gelée, rillettes…)
Maison Verot
3, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Pour se rafraîchir au goût des embruns
La petite conserverie de Quiberon est devenue grande et essaime désormais partout en France, tout en préservant son souci initial des beaux produits et des recettes goûteuses comme cet “Emietté de Maquereau à la Bière Blonde”.
La Belle-Iloise
15, Rue St Placide
75006 Paris
Pour se mettre au vert
Cette épicerie fine italienne reçoit toutes les semaines en direct de Gênes un pesto exceptionnel (Pesto di Pra’) qu’on tartinera généreusement sur une foccacia maison épaisse et moelleuse. Profitez-en donc pour embarquer une Burrata.
Fine
23 Rue de Lancry
75010 Paris
Pour parler cru
Légumes bio, en provenance directe de la ferme, c’est le primeur qui ne fait aucune concession et chez qui on trouvera les produits de saison, vifs et authentiques, à glisser crus dans le panier de pique-nique.
La Récolte
18 Boulevard des Batignolles
75017 Paris
Pour en faire tout un fromage
Anciennement Beau & Fort, voici une fromagerie-restaurant qui ne manque pas de caractère. On y a dégoté quelques spécialités bienvenues, du Saint Nectaire fermier au chèvre fumé en passant par un divin Moliterno aux truffes.
Monbleu
37 rue du Faubourg Montmartre
75009 Paris
Pour viser le tout-en-un
Une épicerie de très grande qualité où l’on a envie de tout acheter. Nicolas Julhès y source lui-même les fromages, traque les meilleures charcuteries et y propose une grande sélection de vins de caractère. On adore.
Julhès
54 Rue du Faubourg Saint-Denis
75010 Paris
Et pour se faire livrer en douceur
Epicery
https://www.epicery.com/