Instant Hardi
Instant Grand Duc : Le Talentueux Mr. Ripley, la côte amalfitaine en style
15 JUILLET . 2020
Mr Ripley est un être séducteur et envoûtant, magnétique et inquiétant. Il révéla Alain Delon à l’écran dans Plein Soleil et réveilla le souvent trop lisse Matt Damon dans la version américaine. Confronté à Jude Law et Gwyneth Paltrow, ce talentueux monsieur Ripley se déguste comme un gelato sous le soleil de la côte Amalfitaine ; une carte postale italienne où le style Riviera prend tout son sens rythmé par le jazz des années 50.
Par Guillaume Cadot
L’histoire
Quand un jeune playboy new yorkais dilapide l’argent de son père en Italie, ce dernier décide d’envoyer un garçon sans histoire tenter de récupérer son fils… Il découvre alors un monde frivole de jeunes gens riches désabusés qui le séduit, le conduisant à la folie, l’usurpation d’identité et au meurtre.
On aime
On entend souvent dire qu’il s’agit ici du remake de Plein Soleil avec Delon”. Eh bien non. On ne compare pas l’énigmatique Damon et le solaire Delon en Tom Ripley et encore moins ce film américain qui colle davantage au roman avec le chef d’oeuvre du réalisateur français René Clément. Le Talentueux Mr. Ripley est, après Plein Soleil, la seconde adaptation du roman éponyme de Patricia Highsmith, c’est la seule comparaison.
Nous, on aime les deux adaptations : d’un point de vue stylistique il y a des choses intéressantes à souligner dans cette version américaine qui dépeint parfaitement les codes de la bourgeoisie américaine, qui a enfanté la génération des premiers jet-setteurs d’après-guerre vivant d’amour, de soleil et d’oisiveté.
Avec le défilé des paysages de cette côte amalfitaine, les rues de Rome et la piazza Navona, sans oublier la lumière de Venise, ce film dépeint une Italie de carte postale qui nous transporte sur des notes de jazz de Charlie Parker rythmant la vie des chics protagonistes du film.
D’un côté Tom Ripley, simple garçon sans aspérité, imposteur génial, criminel sans vraiment le vouloir et homosexuel refoulé qui aspire à une vie qui n’est pas la sienne, celle des nantis, des oisifs et des jouisseurs. Sa garde-robe reflète l’Amérique collégienne conservatrice. Elle va évoluer au fil de la narration, au fur et à mesure de sa transformation en un double dont il rêve d’être et qu’il aime, Dickie Greenleaf.
De l’autre, sur la côte amalfitaine, c’est le séduisant Dickie, fils d’un riche constructeur de bateaux à New York, qui file la parfaite dolce vita au bras de Marge, blonde hitchcockienne jouée par Gwyneth Paltrow, troussant les jolies italiennes malgré tout, lézardant au soleil, passant ses nuits dans les clubs de jazz, s’évadant à Rome avec son copain mondain Freddie Miles (génial Philip Seymour Hoffman).
Il est riche, playboy, cynique, séduisant et rien ne semble l’arrêter dans cette vie de bohème où l’on passe ses hivers à Cortina et rêve de Venise au printemps. Ses tenues sont à son image et feront tourner la tête de Tom tant elles représentent le monde auquel il voudrait appartenir.
Les stylistes du film, Ann Roth et Gary Jones, primés pour l’occasion, ont fourni un énorme travail sur la sape : le look de l’étudiant coincé Tom Ripley avec sa veste en velours côtelé, son pantalon large sans couleur et ses brogues (qu’il troquera plus tard pour des mocassins Gucci) met en valeur toute sa gaucherie et son mal-être quand il arrive sur la plage de la ville fictive de Mongibello (en réalité une plage de l’île d’Ischia en fait) provoquant la rencontre avec Dickie, bronzant sur son transat. Ses chemises à col boutonné rappellent en permanence son style de la côte Est, tout comme ses lunettes de vue Moscot. Le style américain par excellence.
Pour habiller Jude Law à l’écran et le faire rentrer dans la peau du playboy Dickie, Ann Roth s’est tourné vers un tailleur new yorkais, John Tudor. L’objectif était de créer une garde-robe flamboyante comme son personnage, un style italien de bord de mer, très désinvolte et léger à base de polo en maille, pantalon blanc large mais aussi de costumes et cravates pour sortir dans les clubs de jazz.
Il fallait également des accessoires chic pour compléter cette panoplie de jet-setteur :; montre en or à bracelet élastique, chapeau Pork pie des jazzmen, Lunettes écaille et bague avec pierre à l’annulaire.
Dickie fait découvrir à Tom le plaisir de s’habiller à l’italienne en lui faisant découvrir le tailleur Battistoni (toujours en activité depuis 1946) et lui offrir une veste. Le début de sa transformation, l’engrenage vers le vol de l’identité de celui qu’il idolâtre.
On retient quoi ?
Le polo en Mérinos. Confectionné en laine Mérinos avec un col légèrement pointue, il a fait la renommée de la marque anglaise John Smedley en version manches longues ou courtes. Dans le film, le polo se boutonne comme une chemise, la maille est plus ajourée, et il peut être de plusieurs couleurs. Un vêtement typique des années 50-60, symbole de la Riviera que la maison Scott Fraser a reproduit à l’identique du film ! Assorti à votre pantalon en lin blanc, vous pourrez vous rendre au terrain de pétanque avec style.
La sneaker de bord de mer pour changer des Converse. La Cloud CVO sneaker de Sperry est l’originale, celle conçu par Paul Sperry dans les années 30 pour ne plus glisser sur le pont de son bateau. Une chaussure basique en toile blanche avec une semelle blanche en caoutchouc et des lacets.
Dans le même genre, on trouve le modèle classique chez Vans ou encore Doek depuis 140 ans la chaussure de sport japonaise. Choisissez-les en blanc, abîmez-les vite et portez-les Comme Dickie lacées, enfilées comme des espadrilles en écrasant l’arrière avec vos talons pour vous rendre à la plage.
La maille milanaise pour votre bracelet montre. Courants dans les années 50, ces bracelets métalliques inventés à Milan mais industrialisés par la famille Hermann Staib à la fin du XIXe siècle en Allemagne habillent élégamment les montres plates à petit diamètre comme certaines montres de sport, la Omega Ploprof porté par Gianni Agnelli notamment… CQFD.
G.C