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Land Rover Defender 2020, de l’outil à l’agréable
Partie 2 : à l’assaut des grands cols
15 OCTOBRE . 2020
Deux Land Rover Defender, un week-end et un unique objectif : arpenter les plus hautes routes d’Europe accessibles en véhicule motorisé. Vous pensez quel les seuls obstacles franchissables par le nouveau Defender se résumeraient au trottoir parisien ? Pour vous prouver le le contraire (et parce que ça nous faisait plaisir), nous avons décidé de partir à l’assaut des Alpes françaises et italiennes, armés de non pas un, mais deux nouveaux Defender.
Le col du Parpaillon, le mythe des grands cols alpins
Col de légende situé aux confins des Hautes Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence, le Parpaillon culmine à 2 783 m sur une crête séparant la vallée de la Durance et celle de l’Ubaye. Pour s’y rendre, pas d’autre choix qu’une longue piste serpentant dans les alpages…
Au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, Nicolas de Catinat de la Fauconnerie y faisait établir un chemin praticable à l’artillerie. Cette piste serpente dans la montagne et revêt sur sa fin un fameux tunnel construit par le génie militaire entre 1891 et 1900, pour joindre le fort de Tournoux situé en haute Ubaye.
Un tunnel long de 520 m dans lequel on pénètrerait presque à l’aveugle -heureusement, nous sommes équipés de phares à LED- très sombre, rempli d’eau, de boue et de pierres, relie chaque côté de la montagne. S’il se présente comme un défi pour les cyclistes et autres motards non expérimentés, autant vous dire qu’avec nos Defender, on peut y établir des records de vitesse tout en savourant une tasse de thé Darjeeling.
La chance du Parpaillon, c’est d’être situé à quelques encablures du Col de Vars qui permettait aux troupes françaises de relier les mêmes vallées mais à une altitude inférieure de 500 m. Lorsque le goudron a fait son apparition, c’est tout naturellement le col de Vars qui en a été revêtu.
La longue piste rejoignant le col du Parpaillon se pose comme l’un des derniers témoins de ce que pouvait être un grand col alpin avant l’ère de l’automobile et du goudron.
Defender 2020, le roi du bivouac
Une fois nos 4×4 garés en haut du col, Jérémy, à bord du second Defender, avait tout prévu pour passer une bonne soirée. Table pliante, chaises, lampes, guirlandes lumineuses, petit barbecue portable et de quoi s’abreuver et se nourrir comme des seigneurs.
Précisons que le Defender offre en option une prise 230 volts dans son coffre, pratique pour y brancher un frigo contenant nos victuailles… Un dîner à la belle étoile seuls au monde, une côte de boeuf, des légumes grillés et du bon vin, à 2630 m d’altitude ça n’a pas de prix. On ripaillera donc à plein ventre !
Après une nuit fraîche mais néanmoins confortable – allongés dans le coffre de nos Defender et couvert d’un bon duvet – nous admirons le lever du soleil et les sifflements des marmottes les plus matinales. Savez-vous que la marmotte festoie dès le début de l’automne afin de se constituer des réserves, puis se pelotonne au chaud et vit au ralenti jusqu’au retour des beaux jours ?
Maurice Carême le déclamait avant nous, dans son poème La marmotte… “Ma foi, si j’avais pu choisir / Mieux que les dieux ne le tricotent / Mon sort, selon mon bon plaisir / J’aurais choisi d’être marmotte.” Fini la poésie, il s’agit maintenant de redescendre le col. Nous quittons le sommet du Parpaillon par la face Est. La piste semble plus difficile que celle de la face Ouest par laquelle nous avons fait l’ascension la veille. Rien de bien effrayant, toutefois, pour nos Defender.
Esprit, es-tu là ?
Sur le plan technique, au grand dam des Landistes de la première heure, le Defender part d’une feuille blanche en proposant désormais une coque autoporteuse en aluminium suspendue par quatre roues indépendante.
Dans notre version longue 110, on apprécie dans ces conditions la célèbre suspension pneumatique Land Rover. Ainsi, la hauteur de caisse varie sur une plage de 18,5 cm atteignant au plus haut 29 cm ! De quoi franchir des guets de 90 cm de profondeur en toute décontraction.
Enfin la planche de bord se dote d’un design très basique et reposant mais contient toutes les technologies modernes dont le faleux terrain response adapté à à peu près tous les sols que compte la Terre, la Lune et la planète Mars. Le système gère aussi les blocages de différentiels, la hauteur de caisse et se montre entièrement configurable.
On dispose également d’une boîte automatique commandée par un vrai levier de vitesse « à l’ancienne » (et le choix d’une gamme courte). Une bonne nouvelle chez Land Rover qui avait pour habitude de proposer, depuis quelques temps , une minuscule molette de sélection de boîte.
On s’ébahit devant les assistances à la pratique du tout-terrain : une caméra avant permet de voir au centimètre près où se posent les roues, comme si on avait un capot transparent. On peut même la configurer avec une vision du véhicule en 3D au sein de son environnement; Fabuleux en tout-terrain !
Autre surprise et non des moindres, l’habitacle, dans un style volontairement baroud avec tissus techniques et vis apparentes, se montre extrêmement bien pensé pour un usage familial et les longs voyages… Là où l’ancien Defender n’avait pas l’habitude d’être accueillant.
Le col du Sommeiller
Notre seconde étape, le Sommeiller fait parti “des plus de 3000 m”. Outre sa haute altitude, le Sommeiller c’est aussi une longue ascension de 26 km dont 19 de piste cabossée et caillouteuse, un dénivelé de près de 1 800 m, une cascade monumentale et des paysages grandioses. Comme dans Tintin au Tibet.
Une route (beaucoup trop) étroite nous emmène d’abord à Rochemolles depuis Bardonecchia. C’est ici que le bitume prend fin. Le chemin qui accède au sommet fut ouvert en 1962. Non pas comme route militaire mais comme accès à la construction d’une station de ski. Ce projet fut abandonné en 1980 mais la route reste ouverte.
Nous passons les eaux turquoises du lac de Rochemolles, situées dans une vallée glaciaire encore verdoyante. Après un replat, la piste contourne l’éperon de la Costa del Becco. On découvre alors un cirque grandiose sculpté dans la face Ouest de la Rognosa d’Etiache. Commence la meilleure partie de l’escalade en gravissant une série impressionnante de seize lacets à flancs de montagne.
Lorsqu’on croise un autre 4×4 dans le sens contraire, mieux vaut se ranger et éviter les manœuvres les plus audacieuses. Mais avec deux Defender dernier cri au cœur du paradis des baroudeurs, autant vous dire que nous ne passerons pas inaperçus ! Au sommet, la montagne se dévoile, l’univers devient minéral. Le glacier du Sommeiller descend sur le versant Mauriennais. Et nous sommes ravis.
Conclusion ? Oui, on peut réinventer une icône
Le Defender d’ancienne génération était essentiellement un outil. Sa capacité à survivre dans des conditions difficiles signifiait qu’il était sans doute trop brut pour être pris au sérieux comme un véhicule utlisable au quotidien pour la plupart des gens.
Le nouveau Defender est intelligent et sophistiqué mais aussi ancré dans son époque. Le prix est elevé, notre Defender P 240 D était facturé plus de 80 000 € avant malus. Difficile de sortir une configuration sympathique sous les 60 000 € auxquels on ajoute facilement 10 000 € d’options. Laissez-vous jouer sur le configurateur en ligne…
Cela dit, à 37 000 € la version de base, dénué de tout équipement, le Defender Classic n’était pas spécialement bon marché. Les premiers Defender 2020 sont peut être trop bourgeois – et sévèrement malussés – mais des versions simplifiées comme des dérivés utilitaires, destinées aux professionnels, ont déjà été présentées.
Bref, ce n’est plus l’ancien Defender, mais il ne serait pas pertinent de les comparer à un même niveau. Il y aura toujours ceux qui dédaigneront le nouveau Def sans même l’avoir conduit… et peut-être même sans avoir conduit l’ancien ! Pour notre part, après 2200 km parcourus en trois jours sur routes, autoroutes et chemins, on l’affirme : c’est l’une de ces voitures polyvalentes parfaites que nous aimerions posséder dans le garage.
A.M