Gamma Draconis, la BD manga dans les règles de l’art et polar à la française

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On ne s’improvise pas mangaka. Au pays du soleil levant c’est un art très sérieux, avec ses rites et ses codes, immuables. Pas question d’y déroger. Alors quand on est un gajin (comprendre étranger), le chemin est encore plus rude et la pente plus forte (petit emprunt à Jean-Pierre Raffarin, qui ne m’en voudra pas et qui de toutes façons préfère les Chinois !).

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Voilà pourquoi l’ancien journaliste économique Benoist Simmat qui signe le scénario de ce polar qui se déroule entre Tokyo, Londres et Ligugé (cherchez l’erreur), n’en revenait pas lorsqu’après un salon d’Angoulême, où il avait eu l’opportunité de rencontrer Eldo Yoshimizu, artiste plasticien reconverti dans la création de mangas, les éditions du Lézard noir lui avaient proposé de réaliser un album avec lui.

Une sorte de consécration pour celui qui, après avoir collaboré avec les plus grands titres de la presse française, avait publié plus d’une trentaine de livres dont une vingtaine d’albums de BD.

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Ce projet, qui allait devenir sa première fiction, Gamma Draconis, était enfin en germe. Avant de se lancer – on ne se refait pas-, l’enquêteur Simmat rencontre des traders, des historiens, des spécialistes de l’esotérisme afin d’assurer la crédibilité de son histoire et de ses personnages. Résultat, si une partie du cerveau du lecteur refuse se laisser endormir par des explications scientifiques plus ou moins fumeuses, dignes de Dan Brown ou de James Bond, l’autre partie se retrouve embarquée dans une histoire pointue, haletante et parfaitement vraisemblable.

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Tenez, Aiko Moriyama est une jeune japonaise qui se retrouve à la Sorbonne. Fille d’une initiée sans le savoir, l’occultisme la rattrape au détour d’une recherche et Aiko se retrouve en danger. La voilà au cœur d’une intrigue policière internationale impliquant une mystérieuse société issue du dark web et du trading à haute fréquence.

Magie noire et transhumanisme sont au rendez-vous et promènent le lecteur jusque dans les anciennes églises des Deux-Sèvres ou de la Haute-Vienne, patrie du sieur Simmat. Qui, sinon, aurait eu l’idée de situer l’action d’un chapitre dans un patelin reculé de Poitou-Charentes ?

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Autre rareté qui rend davantage encore cet album si singulier, la qualité des illustrations. Les cadrages sont sublimes, photographiques et transportent dans un monde parallèle. Chaque planche est une véritable œuvre d’art qui pousse au rang de chef d’œuvre les noirs, les blancs et les contrastes en clair-obscur.

De la très belle ouvrage assurément, qu’on ne serait pas étonné de retrouver prochainement sur les cimaises des galeries parisiennes où les tirages originaux, ou même estampés, rencontrent un succès de plus en plus grand. Sans même parler des vertus cinématographiques des aventures franco-nippones d’Aiko, dont la suite dépend bien entendu du succès en librairie de ce premier album.

Courez-donc l’acheter afin d’offrir un sursis à Aiko et à ses auteurs qui méritent en tout cas bien plus de reconnaissance et de succès que les auteurs de mièvreries millénaristes ou pseudo-occultistes. On vous aura prévenus.

A.M

Gamma Draconis, par Eldo Yoshimizu et Benoist Simmat
Editions Lézard noir, 18,5 x 25,5 cm, relié noir et blanc, 256 pages, 24 €
Disponible dans les bonnes librairies, à la Fnac et Amazon.