Olivier Masmonteil se fait tout petit à Châtillon

Une exposition itinérante

Puisqu’on ne peut officiellement toujours pas voir cet ensemble magistral de plus de quatre-vingt œuvres de l’artiste Olivier Masmonteil à Châtillon, quelques jours après son installation officielle, sans inauguration, vernissage ni ouverture, sans tambours ni trompettes, il a bien fallu innover.

Aussi l’exposition La peinture dévoilée, a-t-elle été complétée par un dispositif qui a permis via les réseaux sociaux de suivre l’élaboration des œuvres, régulièrement filmées à l’atelier par Pierre Douaire, puis des visites et interviews commentées avec le peintre in situ via Instagram, le site et différents partenariats. De l’art de s’adapter en temps de pandémie.

D’ici quelques semaines, l’exposition renaîtra dans une galerie, puis une autre et dans des lieux privés à Paris, afin de donner une chance au public d’admirer avec plus d’intimité ces œuvres conçues pour un lieu.

Montrer les œuvres à la manière d’une ancienne collection

Ce lieu -l’ancienne maison du fondateur de la maison d’édition Hachette, léguée à la ville de Châtillon au siècle dernier- se prête davantage à la monstration de toiles de dimensions modestes qu’aux châssis immenses d’ordinaire produits par Olivier Masmonteil, imposants tant par les dimensions que par les thèmes qui revisitent l’histoire de la peinture, depuis les nus en passant par les portraits, les paysages, les ciels, les baigneuses.

Ceux-ci reviennent comme des songes, du passé, par strates, dans les « miniatures » réalisées par l’artiste pendant le second confinement. Elles ont été disposées dans cette ancienne villa XIXe comme on les montrerait chez un collectionneur, dans une demeure privée. Ce qui introduit un rapport plus proche, plus familier, plus personnel, au travail de l’artiste.

Dans l’entrée, on découvre un portrait qui pourrait être celui de la maîtresse de maison, dans une alcôve, derrière un drap opaque, un cabinet de curiosités. Au fond, dans le salon, une sélection de ses mille tableaux, souvenirs d’un tour du monde initiatique, qui revient sans cesse dans le travail du peintre.

Masmonteil, défenseur hardi de la peinture

Petit à petit, au gré des expositions, des achats, le nombre s’amenuise, mais toujours on revient à ce viatique, comme d’autres remettent sans cesse leur ouvrage sur le métier. C’est une colonne vertébrale, un ADN pour ce défenseur hardi de la peinture « qui salit, qui tâche les mains », toujours en quête du chef d’œuvre, à la manière des maîtres anciens qu’il admire tant.

Et ses contemporains aussi, comme Garouste, son maître. « Il faut sans cesse se réinventer » disent-ils en cœur, désireux de dépasser la querelle des anciens et des modernes. Avec l’un comme avec l’autre, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », ainsi que l’écrivait le chimiste Lavoisier.

Masmonteil, en ogre pantagruélique de la peinture, dévore le passé pour mieux le transfigurer. Ses petits formats auraient pu décevoir. Il n’en est rien, bien au contraire. Lui qu’on a connu comme peintre de l’infiniment grand, sait avec délicatesse, fourbir de petites toiles, délicates, qui lèvent un coin sur son intimité. Pudique et ambitieuse à la fois, cette exposition prouve s’il en était besoin que Masmonteil est un grand artiste, qu’il a des choses à dire et qu’il sait comment. C’est déjà pas mal. Surtout en ce moment.

A.M

La peinture dévoilée, Olivier Masmonteil à La maison des arts, Châtillon, prolongations jusqu’au 25 avril 2021
11 Rue de Bagneux,
92320 Châtillon

Pour vivre cette exposition, il faudra compter sur le livre écrit par l’artiste-écrivaine Aurélie Galois (on vous en avait parlé ici, souvenez-vous) avec Olivier Masmonteil, qui parait ces jours-ci -surveillez les comptes instagram. Une belle manière de prendre un pas de côté pour découvrir les œuvres.

Plus de renseignements sur le site de La maison des arts.

Pour l’acquérir et pour suivre les prochains lieux de l’exposition, rendez vous sur l’instagram d’Olivier Masmonteil et celui de la maison des arts