Art
Beau livre : l’Australie selon Gabriella Giandelli
26 MAI . 2021
Ceci est un livre de voyage consacré à l’Australie. Ou plutôt un album d’artiste à la vision subjective -la seule qui nous intéresse- d’un continent fascinant. On plonge ensemble dans le dernier beau livre publié par les éditions Louis Vuitton ce mois-ci et imaginé par l’illustratrice Gabriella Giandelli.
C’est peut-être tout particulièrement à travers les paysages, immenses, saturés de couleurs, brutalement majestueux de ce nouveau Travel Book publié aux éditions Louis Vuitton, que l’on imagine l’enfant sauvage et timide qui se réfugie très tôt dans le dessin.
Gabriella Giandelli est Milanaise, née en 1963 et, pour l’instant, pas encore diplômée de l’Institut d’art et de l’Ecole de cinéma de Milan. La petite fille reçoit, à Noël, une boîte de crayons de couleurs qui changera sa vie. « Je suis certaine que si je n’avais pas reçu ces crayons, je n’aurais jamais autant aimé dessiner. » Il eut été dommage de s’en priver. Plus tard, elle étudiera la scénographie, le découpage, l’écriture pour construire ses récits.
Elle publie de brèves histoires dans des magazines, alors encore étudiante, puis fait paraître son premier album au début des années 80. De Milo, la série de bande-dessinée emblématique de l’artiste qui sera adaptée à la télévision française et italienne, à son dernier livre, Intérieur, plus introspectif, plein de mystère et des songes, le style de Gabriella Giandelli aura évolué au gré des rencontres et des influences : la période de Weimar d’abord, qui lui inspire des personnages anguleux, New York ensuite, qui la fascine et révolutionne son trait, désormais plus réaliste et détaillé, Lorenzo Mattotti, qui lui révèle la dimension spirituelle du dessin, Neo Rauch et son œuvre allégorique et foisonnante…
La couleur est le sport de combat de Gabriella Giandelli. Elle est reine de son œuvre, âme de ses créations, toute en vibration, en large aplats saturés, trônant presqu’en paradoxe avec la rondeur délicate du trait. Chez Giandelli, la couleur est brutale, appuyée, vivante.
L’Australie de l’artiste est celle des espaces infinis, des contrastes saisissants, d’une beauté puissante. Les couleurs, à couper le souffle, traduisent cette atmosphère. Gabriella Giandelli ne travaille pas sur le motif. Elle a voyagé, photographié, s’est imprégnée, a noté, retenu. De cet immense continent à peine peuplé, elle a retenu la culture aborigène, la dimension ancestrale des terres.
De retour à l’atelier, elle s’est attachée à exagérer volontairement les paysages pour en traduire le sentiment et construire son voyage comme une bande-dessinée, suivant la chronologie des routes parcourues. Toujours le sentiment, la réalité teintée de songe. La réalité comme un théâtre, comme du cinéma. La réalité améliorée, pourrait-on dire.
Gabriella Giandelli se nourrit de ce paradoxe, à coups de grandes plages de couleurs brutales et saturées. Et nous, lecteurs, nous enfonçons avec bonheur dans son rêve fascinant, celui de l’éternelle solitude de l’homme, qui est aussi espace de beauté et d’émerveillement.
E.C
https://www.youtube.com/watch?v=WnbbHsKv_iA&list=PLkp831_OgYqEx9sorCAXHN3EUfp6uqdr-&index=1
Louis Vuitton Travel Book, Australia, Gabriella Giandelli, 160 p. 45€
Découvrir l’édition de l’artiste, c’est là.
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