Sport
La boxe anglaise : un art, un vrai
3/4 : les meilleurs puncheurs
20 MAI . 2021
Le punch : l’aptitude qu’a le boxeur, même dominé, de pouvoir éteindre la lumière (mettre K.O, souvenez-vous) en un instant, en un coup violent, rapide et sec, bien exécuté. C’est un mouvement parfaitement placé du bout de l’orteil jusqu’au poing en passant par la jambe, le bassin, le torse, l’épaule, le bras et enfin le poing vrillé : tout le corps s’anime. Alors qui sont-ils, les meilleurs puncheurs de la boxe anglaise ?
1. Jean-Claude Bouttier (1944-2019)
Ce champion gaulois, élégant, souriant, avenant et bien élevé naît en Mayenne (Saint-Pierre-la-Cour) en 1944. Il possède une carte de 64 victoires entre 1965 et 1974 dont 43 par ko, 7 défaites et un match nul. Fils d’un employé de la SNCF, il devient boucher à l’âge de seize ans, à Laval, où il découvre la boxe avec son patron, un ancien boxeur amateur qui l’entraîne. Son CAP de boucher en poche, Bouttier s’installe à Paris où les salaires sont plus confortables. Son nouveau patron est un ancien boxeur de Jean Bretonnel (le manager le plus influent de l’époque) avec qui il poursuit son apprentissage du noble art.
Bouttier effectue son service militaire dans l’Est où il est battu en quart de finale du championnat de France amateurs de 1965. Encouragé par son patron et Bretonnel, il passe pro tout en enchaînant les petits boulots : chauffeur-livreur, représentant de produits laitiers,… Avant de se concentrer à 100% à la boxe en s’entraînant à Miami et New-York (tout comme Christophe Tiozzo).
“C’est l’adversaire le plus coriace que j’ai affronté » – Carlos Monzon à propos de Jean-Claude Bouttier
En 1971, il devient Champion de France des moyens et d’Europe. Il est battu au championnat du monde par Carlos Monzon en 1972 pour arrêt du combat par l’arbitre au treizième round cause : une hémorragie interne. Il participe en 1973 à Roland Garros aux matches organisés par Alain Delon où assisteront Omar Sharif, Bébél, Gilbert Bécaud… En 1974 il est Champion d’Europe. Il termine sa carrière en organisant des combats, puis travaille pour Le Coq Sportif avant de lancer sa marque de vêtements en alternant avec son métier de commentateur chez Canal +. Le trio Bouttier-Monzon-Delon aura véritablement relancé la boxe en France, tombée pratiquement en désuétude par manque d’organisation.
2. Carlos Monzón (1942-1995) dit El Macho
Carlos Monzon est le Champion du monde des poids moyens entre 1970 et 1977. Il totalise 87 victoires (59 ko) – 3 défaites – 9 matchs nuls et est considéré, de nos jours, comme l’un des meilleurs boxeurs de tous les temps. Les années 50 mettent fin à l’ère La Motta et créent l’avènement Sugar Ray Robinson, qui totalisera 202 combats dont 175 victoires (109 par ko), seulement 19 défaites et 6 matchs nuls. Il arrache le titre à cinq reprises dans les poids moyens. Vous l’aurez compris, la tâche était ardue pour se faire un nom dans cette catégorie.
A la fin des années 60, seul l’Argentin Carlos Monzon, le taureau argentin, pourra prétendre à la succession de Robinson. Originaire de San Javier, Santa Fe en Argentine, il grandit dans un quartier difficile où il hésite entre les petits boulots et le métier de voyou occasionnel. A quatorze ans il entend, en cirant les chaussures d’un boxeur amateur, parler boxe, voyages et argent. Habitué à la bagarre, il s’inscrit au club de boxe qui vient d’ouvrir dans son bidonville. En 1959 il dispute son premier combat amateur.
Il débute chez les pros en 1963 et grâce à ses frappes lourdes il connaîtra une ascension fulgurante jusqu’à affronter le Champion du Monde Italien pour le combat de l’année : Nino Benvenuti. La star mondiale des poids moyens se prend une belle raclée au treizième round à Rome en 1970 face à un adversaire qu’il avait sous-estimé. Avec sa taille d’1,81m, une boxe atypique, retraits de bustes avec le bon timing, bras longs, puncheur et encaisseur, El Macho est un boxeur redoutable et difficile à boxer. Monzon rencontre Benvenuti pour la revanche en 1971, le liquide à nouveau en trois rounds. S’ensuivent les deux victoires face au champion Français Jean-Claude Bouttier en 1972 et 1973. Son comportement arrogant et dominateur lui vaudront le surnom son surnom (également un spaghetti western de 1977 de Marcello Andrei)…
3. George Foreman (né en 1949) dit Big George
Médaillé Olympique à Mexico en 1968, double champion du monde des poids lourds, George Foreman fait partie des plus grands puncheurs, avec 81 combats dont 76 victoires (68 par K.O.) et seulement 5 défaites -dont une contre Ali à Kinshasa en 1974, le Rumble in the Jungle.
Par la suite, il raccroche les gants et devient pasteur après une vision du Christ en 1977 …avant de remonter sur le ring en 1987 pour sa fondation caritative. En 1994, George Foreman entre dans l’histoire de la boxe en devenant le plus vieux champion au monde -il est alors âgé de 45 ans. Il raccroche définitivement les gants en 1997, fait fortune en écrivant des livres de cuisine et surtout en vendant des grils de table portant son nom !
4. Larry Holmes (né en 1949) dit L’assassin d’Easton
Un jab (coup délivré sèchement avec le bras avant bien allongé porté à mi-distance, le pouce au dedans. Le jab est un court direct qui permet de maintenir l’adversaire à distance, éventuellement de préparer des attaques en crochets des deux mains : l’arme défensive par excellence dévastateur, ndlr) et une droite qui n’est pas en reste (le cross : coup porté par le bras arrière qui propulse la puissance avec le transfert du poids de corps du sol au poing en simulant l’écrasement d’une cigarette avec le pied arrière) …
De nos jours, Larry Holmes règne sur une multitude d’affaires à son nom : magasins, garages, gymnases, hôtels en Pennsylvanie… Auparavant analphabète, il a multiplié les petits boulots alimentaires : cireur, laveur de voitures, boxeur amateur… « C’est dur d’être noir. Vous n’avez jamais été noir ? Je l’ai été autrefois. Quand j’étais pauvre » dira-t-il plus tard. Ex-sparring partner de Mohamed Ali et Joe Frazier, lui aussi est tombé, un temps, entre les mains du promoteur véreux Don King.
5. Roberto Duran (né en 1951) dit Manos de Piedras, El Cholo
Le jeune Panaméen grandit dans un bidonville de la capitale où il se bat fréquemment pour protéger son emplacement de cireur de chaussures (encore!), danse et fait le saltimbanque pour quelques billets… Son punch le fait remarquer dès ses huit ans au gymnase local. Il fait ses débuts dans le monde professionnel âgé de seize ans en 1968, en poids légers. C’est un boxeur au coup d’œil acéré et à la dureté des coups décis. Fort physiquement, offensif, vicieux, acharné, dur à la tâche ne s’avouant jamais vaincu et intimidant il aligne les ceintures dans 4 catégories : légers (entre 58,9kg et 61,2kg), welters (entre 63,5kg et 66,6kg), super-welters (entre 66,6kg et 69,8kg) et moyens (entre 69,8kg et 72,5kg).
En 1980, il rencontre à Montréal Sugar Ray Leonard (souvenez-vous, on vous en parlait ici) qu’il bat par décision unanime des juges après 12 rounds intenses. Le 25 novembre de la même année, la défaite attend Manos de Piedra et marquera un tournant dans sa carrière avec les deux mots qui lui feront abandonner le combat : « no más ! » (Assez !). Il ne reprend pas à l’appel du huitième round et Leonard remporte la ceinture.
En 1983 après 15 longs rounds, il s’incline de justesse aux points face au dévastateur Marvin Hagler (Marvellous). S’ensuit en 1984 le K.O. qu’il subira au deuxième round contre le terrible Hitman, Thomas Hearns. Sa carte de 70 K.O sur 103 victoires et dans quatre catégories de poids font de Roberto Duran l’un des plus grands boxeurs du siècle -peut être le meilleur dans les poids légers. Il fera une apparition en tant que sparring partner de Stallone dans Rocky II et dans la série Miami Vice.
6. Don King (né en 1931), punchline : Only In America
Qui est Don King ? Un puncheur symbolique ! Il naît en 1931 à Cleveland : il est le premier grand organisateur de combats de boxe anglaise noire – peut être même l’un des plus importants aux Etats-Unis. Il a eu entre ses poings les plus importants boxeurs du boxing business – vous l’avez sûrement vu dans les Simpsons ou dans Rocky : extravagant, les cheveux grisonnants ébouriffés, mettant en avant son amour pour l’Amérique avec son fameux “Only in America”, ses chaînes en or, cigare au bec…
A la tête d’une loterie clandestine, il tue deux hommes : le premier tentait de le cambrioler mais le second lui devait 600 dollars. Il ne sera condamné que pour ce premier meurtre en 1966. Il sera libéré après seulement quatre ans d’emprisonnement où il se reconvertit dans la boxe : il se fait remarquer notamment en organisant le championnat des poids lourds avec le Rumble in the Jungle en 1974, combat disputé au Zaïre entre George Foreman et ALi; et le Thrilla in Manilla à Manille en 1975 où s’opposent cette fois Ali face à Joe Frazier. Avec Larry Holmes, il devient le principal organisateur dans la boxe, jusqu’aux années 2000 – notamment avec la star Mike Tyson, débauché en 1988.
7. Alain Delon (né en 1935), acteur, promoteur
Est-il utile de présenter l’homme, l’acteur, l’icône ? On connaît moins le passionné de boxe ! Dans le film Rocco et ses Frères, de Luchino Visconti, Delon interprète un boxeur. Pour cela, Sauveur Chiocca et René Millot, qui entraînent les boxeurs du manager Jean Bretonnel, lui enseignent les rudiments de la technique du noble art pour qu’il soit crédible à l’écran.
Bretonnel, qui était à l’époque le manager de Jean-Claude Bouttier, propose à Delon d’organiser le championnat. L’acteur accepte, monte un camp d’entraînement dans sa propriété dans le Loiret et présente le combat à Roland Garros face à Carlos Monzon. Il organise également le championnat du monde des poids welters à La Défense entre Carlon Monzon et José Napoles.
S.B
La boxe au cinéma ! On revoit :
Edith et Marcel (1983) : Patrick Dewaere s’entraîne au Red Star Audonien en prévision du rôle du Bombardier marocain, avant de disparaître. Marcel Cerdan junior reprendra le rôle en hommage à son père.
Hurricane Carter ou The Hurricane (1999) : Denzel Washington dans l’un de ses meilleurs rôles.
Les huit films Rocky (1976-2018) avec Silvester Stallone, évidemment !
Le documentaire Champs (2014), produit par Mike Tyson.
On la lit : Mohamed Ali sans filtre, une somptueuse collection de photos rares sur l’icône, le boxeur, l’homme : Ali.
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