Auto
Petite histoire de la voiture électrique
1/2 : 140 ans d'histoire oubliée
11 MAI . 2021
Plus que jamais, on nous bassine sur les bienfaits de la voiture électrique, imposée par les pouvoirs, considérée comme l’avenir de la mobilité. Et pourtant, le véhicule électrique est loin d'être nouveau : il fête ses 140 printemps ! On revient sur ces premières voitures électriques qui ont fait la modernité…
Le XIXe siècle est synonyme de révolution industrielle. On assiste à la naissance et au développement tous azimuts de technologies aussi diverses que la machine à vapeur, le moteur à explosion et la fée électricité. Chaque technique, des ingénieurs l’ont appliquée à un véhicule automobile, pour remplacer le cheval utilitaire, devenu un réel problème de santé publique en ville : dès 1899, Pierre Griffard publie d’ailleurs un essai très remarqué, historique et polémique La fin du cheval.
Le premier moteur électrique est construit en 1831 par Joseph Henry, mathématicien américain. Il faut attendre 1854 pour que l’on invente une batterie composée de plomb et acide sulfurique, assez légère pour être transportable et rechargeable. Deux inventeurs français, Gaston Planté en 1865, puis Camille Faure en 1881 l’améliorent pour un usage commercial. La machine est lancée…
1881 : le premier tricycle électrique
Un certain Gustave Trouvé, ingénieur électricien installé à Paris, présente ce qui peut être décrit comme le premier tricycle électrique à l’Exposition Internationale d’électricité de 1881. Avant, il l’avait essayé à plusieurs reprises rue de Valois, dans le 1er arrondissement parisien. De l’autre côté de la Manche, des projets similaires voient le jour. Trois ans plus tard l’américain Thomas Parker construisait la première voiture électrique à quatre roues.
1895 : les premiers pas de l’électrique en compétition
Si la voiture électrique semble fonctionner efficacement par elle même, quoi de mieux que vanter ses mérites dans ces nouvelles courses de vitesse et d’endurance de ville à ville ? L’homme d’affaires Charles Jeantaud engage dans la course Paris-Bordeaux-Paris un break électrique. Si son autonomie n’est que de 50 km, il parvient à le conduire sur près de 600 km mais abandonnera suite à un problème d’essieu.
De l’autre côté de l’Atlantique, Andrew Riker court à New-York sur une Riker électrique de sa conception, qu’il vend sous son nom depuis 1899. L’histoire n’aura pas oublié la Jamais Contente (photo d’ouverture), de l’ingénieur et coureur automobile belge Camille Jennatzy : la première voiture électrique de route à dépasser les 100 km/h en 1899, record réalisé près d’Arpajon en Essonne.
1905, l’Auto-Mixte : le premier véhicule hybride
Henri Pieper est un brillant inventeur belge et depuis les années 1890, en parallèle de sa profession d’horloger, il travaille à construire une automobile performante et pratique. En décembre 1905, il présente finalement au Grand Palais à Paris son Auto-Mixte : un moteur à pétrole entraine une génératrice. L’usine Herstal, produisant déjà toute sorte d’appareils électrique assemblera des Auto-Mixte jusqu’en 1912. Ils seront principalement des véhicules lourds : camions de livraisons, de pompiers, autobus urbains notamment pour la ville de Londres. L’entreprise ne passera pas la guerre de 1914.
1912, l’électrique fait des étincelles aux Etats-Unis
La voiture à essence est bruyante, fumante, vibrante et perd de l’huile. La voiture électrique en revanche se montre prête à l’emploi, silencieuse, sans odeur et propre, au sens premier du terme. Ses handicaps sont une autonomie de 50 km et une recharge qui prend des heures alors qu’on se met à trouver de l’essence partout, d’abord dans les pharmacies puis dans les nouvelles stations-service.
Aux États-Unis, la répartition de la production automobile, entre vapeur, électricité et pétrole est égale jusqu’en 1910. Dès 1897 la mairie new-yorkaise s’équipait en taxis électriques. Les marques de voitures électriques fleurissent : Baker Electric, Detroit Electric, Rauch & Lang, Studebaker Electric … L’étendu du pays leur est favorable : en dehors des agglomérations, il n’existe quasiment pas de routes carrossables. L’utilisation des autos électriques est donc essentiellement urbaine et locale, logique.
La production atteint son maximum en 1912. Hélas ce sera un feu de paille. Dès 1908 le lancement de la Ford T à moteur essence, première voiture du monde produite en grande série, met à mal l’électrique avec un prix de vente canon. La découverte d’énormes réserves pétrolières au Texas rendra le prix du gallon bien plus avantageux que celui du kilowatt… Mais, vous vous en doutez, l’électrique n’a pas dit son dernier mot !
A.M