Un week-end insolite dans le Cotentin

Dormir dans un pigeonnier du XVIIe siècle

C’est un pigeonnier. Il se dresse, tout en briques et en pierre de taille dans un beau style français, entre l’église du village et le manoir, au milieu d’un grand jardin et de quelques vieilles pierres en ruines romantiques. Construit au début du XVIIe siècle, investi en lieu d’habitation dès le début du siècle suivant, il accueille désormais ce qu’on peut décemment appeler un nid douillet, pour une fois sans paraître tarte. 

A l’intérieur, on imagine le travail qu’ont représenté les deux années entières de chantier pour réhabiliter le petit édifice à l’abandon depuis cent cinquante ans, sans oublier le nettoyage de ses deux mille deux cents trous de boulins servant de nichoir aux pigeons… Au milieu de ces murs percés (mais bien isolés, rassurez-vous), trois niveaux : le principal, légèrement surélevé, accueillant le séjour – salle à manger et la cuisine, le premier étage avec la chambre spacieuse ouverte sur la salle de bains, et l’étage inférieur, en réalité un rez-de-jardin desservant une autre chambre et salle de douche – votre serviteure l’a trouvée si belle, qu’elle est descendue tous les matins par le petit escalier en colimaçon pour y prendre sa douche, elle qui aime tant les bains d’habitude…

Partout, la pierre et la charpente dominent. Côté mobilier, on est à mi-chemin entre la maison de campagne et le bateau de pirates : fauteuils club en vieux cuir, peaux de bête devant la cheminée, lampes en laiton, baignoire en cuivre et muret de bouteilles… Étonnamment ?- l’ensemble fonctionne très bien. En bas, autre chambre, autre ambiance, dans les pièces creusées dans la voûte, en partie recouvertes de pierres et de briques. Le mobilier en bois y laisse la place aux volumes. Dans la salle de douche -une très grande douche, c’est un peu l’ambiance thermes antiques. 

Pierres d’Histoire, à mi-chemin entre l’hôtel et la location indépendante

Et côté cuisine ? Pour les amateurs, elle est ouverte et équipée. Pour les oisifs, Pierres d’Histoire, à qui appartient, entre autres, le pigeonnier, peut s’occuper de tout : petit-déjeuner et repas divers sont livrés à votre porte. La maison vous propose un vrai service de conciergerie qui comprend massages, ménage, interlocuteur privilégié pour toute demande ou conseil et jusqu’au chef à domicile… Ici, on est à mi-chemin entre l’hôtel et le (luxueux) Airbnb. Comme une maison d’hôtes dans laquelle vous ne verriez pas vos hôtes. Une certaine idée de la tranquillité et de l’art de vivre à la française, en somme.

Un parcours dans le Cotentin

Et dehors ? Dehors, c’est le Cotentin. Comprenez-moi bien. L’habituée du Sud Est de la France découvrait pour la première fois les joies des côtes nordiques, cette pierre de granit grise à la bretonne (et cette météo incroyablement changeante). Ravenoville, le petit village dans lequel se situe notre fameux pigeonnier, est une paisible commune de deux cent cinquante âmes. Outre son bar-tabac (Raveno Bar, on jalouse la trouvaille) au comptoir en zinc qui ne connaît pas la crise sanitaire, Ravenoville c’est, à l’image de toute la côte, un morceau d’histoire de la seconde guerre mondiale. 

Avis aux amateurs, les plages du D-Day, c’est par ici. Vous êtes à cinq minutes de la plage de Ravenoville, à un quart d’heure de Saint-Mère-L’Eglise (mais oui, le nom vous dit quelque chose, c’est la fameuse anecdote du parachutiste américain resté accroché au clocher de l’église pendant des heures, qui a donc vécu le débarquement… vu de haut), joli village normand. Vous êtes surtout en plein parc naturel régional des Marais du Cotentin : à vous les petites routes verdoyantes et les rivières !

De l’autre côté, filez droit vers Barfleur, le plus joli village de la côte et bien sûr Cherbourg, ses parapluies, son port. Plus loin, à environ une heure de route de Ravenoville, on nous signale les paysages à couper le souffle du Nez de Jobourg, vaste côte sauvage, fleurie et protégée, aux falaises à pic. Au retour, faites un arrêt à Saint-Vaast-la-Hougue, où les gourmets découvriront une avec joie enfantine les conserves et produits d’épicerie fine en tous genres de la célèbre maison Gosselin. Avec une mention spéciale à la ventrèche de thon fumée.

De ventrèche fumée et de soupe de poissons, il fut question ce soir-là, au retour d’un grand coup d’air frais de mer et de campagne. On se blottit devant le feu -décidément, le confinement n’a pas que de mauvais aspects. On reviendra.

E.C

Le Pigeonnier peut accueillir quatre personnes. Sur le même terrain se trouvent le manoir et le pavillon. Rendez-vous sur le site pour en savoir plus…