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Paris 2024 : mais d’où vient la flamme olympique ?
01 JUIN . 2021
Il semblerait que les Jeux Olympiques de Tokyo se tiennent finalement cet été. Avec cérémonie d’ouverture, allumage de la flamme… mais sans public. Et après la cérémonie de clôture, que devient-elle, cette flamme ? Et avant ? On vous emmène dans les archives des JO. Une chose est sûre, pour les prochains, c’est Tony Estanguet, le patron de Paris 2024, qui va virtuellement reprendre le flambeau !
Il y a cent ans, lorsque Pierre de Coubertin remit au goût du jour les Jeux Olympiques antiques des Grecs, et en établit la charte et les symboles, point de flamme. Pourtant le relais de la torche et l’allumage en sont devenus le point d’orgue lors de chaque cérémonie d’ouverture des JO d’hiver comme d’été (ou encore de la jeunesse).
La flamme olympique, tout un symbole
L’embrasement de la vasque olympique est un rituel bien codifié : pas question de rigoler au protocole du CIO (Comité International Olympique). Ben non, ils sont suisses. D’ailleurs, sur le parvis du musée olympique à Lausanne, au pied d’une statue en bronze du fondateur, resplendit, allumé en permanence, un feu dont le support en marbre et en bronze, signé du français André Ricard (non, je vous vois venir, rien à voir !) est bien plus majestueux que celui du soldat inconnu. Datant de 1993, le feu olympique de Lausanne, lui, a été allumé par Laser depuis l’école polytechnique de Lausanne, puis par relais. Il brûle depuis pour l’éternité.
Mais d’où sort donc cette histoire de flamme ? Surtout que dans l’Antiquité, lors des jeux olympiques, qui, selon des sources écrites, furent célébrés en 776 avant J.-C. (mais seraient en réalité bien plus anciens) et abolis en 393 avant J.-C., il y avait des tambours et des trompettes, mais de flamme, de vasque ou de feu, nenni.
C’est au cours du XXè siècle, à la suite des différentes éditions modernes des JO, qu’émerge la symbolique de la flamme, « relais entre les peuples », qui rappelle selon le CIO, « le feu sacré qui brûlait en permanence sur les autels des dieux de l’Olympe ». C’est, plus précisément, à Amsterdam lors des Jeux d’été 1928 que la flamme fait son apparition. Il n’y a pas encore de torche ni de relais, ceux-ci font seulement leur apparition en 1936 aux Jeux de Berlin.
Allumer le feu, de toutes les façons, à toutes les époques
Depuis, l’allumage de la flamme et son corollaire ont beaucoup évolué. Dans les années 1970, c’est un miroir parabolique en aluminium qui servait à produire une flamme par réflexion de la lumière du soleil devant le temple d’Héra à Olympie. Expression des valeurs positives de l’humanité, qui a survécu grâce au feu, elle est un symbole d’unité entre les peuples et les nations. Sur son parcours, elle apporte des messages de paix, d’unité et d’amitié.
En 1992 à Barcelone, c’est une céramique inspirée par les motifs des vases grecs qui sert de récipient pour l’allumage de la flamme. Au cours des ans, des dizaines de torches, coupelles et autres instruments, ont été conçus pour porter la flamme depuis l’antique cité grecque, et la relayer sur terre ou dans les airs jusque dans les différentes villes olympiques d’hiver comme d’été. Les plus grands designers jusqu’à Philippe Starck en ont dessiné des versions. Il existe même des lampes de sécurité, ou lampes tempêtes utilisées lors des transports en voiture, par mauvais temps ou en avion.
Passer le flambeau, une mise en scène bien rodée et essentielle des JO
La mise en scène est toujours la même : plusieurs mois avant chaque édition, une cérémonie inspirée de l’antiquité rallume la flamme grâce à un miroir. Le premier relayeur lui fait faire le tour du stade olympique, avant de la transmettre au suivant. Et ainsi de suite jusqu’à destination, après que plusieurs milliers de personnes se soient transmis le flambeau (réellement cette fois !), en souvenir des messagers antiques qui transmettaient les propositions de paix entre les cités grecques. A chaque nouvelle édition, la flamme, image emblématique des JO, passe de main en main entre Olympie et la ville hôte.
Parmi ses voyages remarquables, la flamme a gravi l’Everest, voyagé sous l’eau, été transportée par Soyouz, le Concorde ou à dos de chameau.
Les jeux olympiques ne peuvent être officiellement ouverts que lorsque la flamme est allumée, généralement par un athlète au palmarès notable, comme par exemple Mohammed Ali ou Michel Platini. Elle le restera jusqu’à la fin des jeux.
Tout pour que la flamme reste vive
Il est tellement important tout au long de ce processus que la flamme reste allumée, que l’élaboration de la torche répond à un cahier des charges très strict. De nos jours, la flamme est généralement alimentée par une cartouche de gaz dissimulée dans le manche de la torche.
Il existe des flammes relais, lorsque la flamme mère s’éteint. Un phénomène qui ne s’est produit accidentellement que quatre fois dans l’histoire, en 1976, 2004, 2008 et 2012. C’est ce « précieux » qui va bientôt arriver en France et sur lequel il va falloir veiller soigneusement.
En attendant, ce n’est pas vraiment le relais de la flamme que Paris prend cette année. Plus exactement, c’est la Maire de Paris qui, lors de la cérémonie de clôture des JO de Tokyo cet été, recevra des mains du maire de Tokyo le drapeau olympique (et non pas la flamme donc, ah il y en a qui suivent !).
Pendant ce temps là, la flamme, elle, retrouvera son sanctuaire d’Olympie, où repose également le cœur de Coubertin. Oui, oui, invraisemblable, on se croirait dans la Bible. Et contrairement à une légende bien tenace, la flamme est toujours éteinte entre deux olympiades, loin des pratiques zoroastriennes toujours en cours comme en Perse. Dans trois ans, en 2024, à l’approche des jeux d’été, le parcours de la flamme la conduira à nouveau sur les routes jusqu’à Paris. Pour la première fois depuis un siècle. Historique on vous dit.
A.M
Photographie à la une : Aux JO de Los Angeles en 1984, relais de la flamme olympique avec Toshihiko Tahara, chanteur du Japon.
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