A Epernay, visite de la Maison Belle Epoque

A partir de fin juillet, le public pourra profiter d’une expérience gastronomique et artistique à la Maison Belle Epoque de Perrier-Jouët, à Epernay.

Préparez-vous : il souffle un vent Belle époque à Epernay. Gastronomie, Art, Nature. Les trois piliers de la maison Perrier-Jouët pourraient être ainsi résumés, tout simplement. Et n’en déplaise à Poutine, le champagne français n’a pas dit son dernier mot ! On avait bien remarqué que quelque chose se tramait à Epernay depuis un moment. On avait noté l’offre qui se diversifie, les discrètes et grandes maisons de Champagne se tournant enfin vers l’oenotourisme.

Les chefs Pierre Gagnaire et Sébastien Morellon lors de l’inauguration de La Maison Belle Epoque.

C’est dans ce contexte que la maison Perrier-Jouët propose deux expériences au visiteur : le cellier, d’abord, un bar à champagne prenant place au milieu des oeuvres d’art contemporain de la Maison, avec terrasse, restauration légère et boutique où retrouver les cuvées de la maison, les verres, seaux à champagne, gravure personnalisée, miel du vignoble, ouvrages…

Le chef de Caves Séverine Frerson et le chef Sébastien Morellon à la Maison Belle Epoque.

Pour autant, on ne s’attendait pas à voir s’ouvrir les portes de la plus-belle-collection-privée-en-Europe-d’Art-Nouveau-français (respirez). C’est désormais chose faite avec la deuxième offre de Perrier-Jouët, qui propose, à la bien nommée Maison Belle Epoque d’Epernay, un menu unique imaginé par le chef triplement étoilé (et ambassadeur de la maison) Pierre Gagnaire, Sébastien Morellon, désormais sacré Chef de Pierre-Jouët, et le chef de caves Séverine Frerson. Résumons : dans un cadre idyllique, au milieu d’une collection d’œuvres, de mobilier et d’objets d’art fabuleuse et d’un jardin que Monet aurait volontiers immortalisé, vois voici ripaillant au gré des accords mets-vins en sept plats. Mais retraçons l’expérience Belle Epoque dans l’ordre.

Une visite à la maison Belle Époque : Art Nouveau et art contemporain

Construite à la fin du XVIIIe siècle, la future “maison Belle Epoque” entre dans le patrimoine familial en 1850, à l’initiative d’Eugène Gallice, beau-frère et associé de Charles Perrier, le fils des fondateurs Perrier-Jouët (vous suivez ?). Ce dernier construit son château juste à côté -désormais classé Monument Historique- devenu le tout-juste rénové et inauguré Musée du Champagne et d’Archéologie régionale. Et tandis que Charles Perrier s’adonne à sa passion pour la botanique dans les serres du parc, Eugène Gallice, quant à lui, collectionne ardemment la peinture et le dessin, en éminent membre fondateur de la Société d’histoire et d’art français. 

Il transmet le virus à ses fils Henri et Octave : le premier prend bientôt la tête de la maison Perrier-Jouët, le second se fond dans l’effervescence de la Belle Époque parisienne, ami des artistes, habitué des fêtes (et grand amateur de chevaux). Les liens entre l’art et la famille Perrier-Jouët sont, dès lors, bien établis. Ainsi naît le mythique motif d’anémones du Japon en arabesque Art Nouveau des étiquettes de la maison, imaginé par Emile Gallé, chef de file du mouvement en France. La renommée internationale de celle qui deviendra la cuvée Perrier-Jouët Belle Epoque n’est plus à narrer…

Les collections, toujours conservées dans la maison et remarquablement restaurées depuis, ne sont pas en reste : tous les grands noms français du mouvement y sont représentés. Et si l’on y croise, entre autres, d’impressionnantes portes signées Hector Guimard, un décor exceptionnel de panneaux en cuir de Cordoue, du mobilier et des sièges pensés par Emile Gallé et Louis Majorelle, des sculptures d’Auguste Rodin, de François-Rupert Carabin ou encore Louis-Eugène Barrias, la danseuse Louïe Fuller immortalisée dans une lampe de Raoul Larche ou encore le portrait de la chanteuse Yvette Guilbert par Toulouse-Lautrec… Ne vous y trompez pas : ceci n’est pas un musée.

D’abord, l’art contemporain s’invite très régulièrement dans les lieux à travers des installations comme celles, qui nous ont émerveillé, du duo de designers Mischer’Traxler (Ephemera, 2014) et de l’artiste Ritsue Mishima (All’ombre della luce, 2015). Ensuite, chez Perrier-Jouët, l’ambition est bel et bien de vivre au milieu du beau. Tout simplement. Les lieux sont faits pour être habités, tout comme ils le furent par les générations successives de la famille fondatrice. 

C’est précisément ici qu’intervient la nouvelle offre imaginée par Perrier-Jouët : ouvrir la maison à quelques privilégiés pour un moment, ma foi, très privilégié. La Belle Epoque 2.0, en quelque sorte. Qui continue de vivre grâce aux amateurs de gastronomie, d’art et de nature. 

Où la nature est reine

Car la nature n’est pas en reste chez Perrier-Jouët. Déjà, Charles Perrier signait en son temps plusieurs traités sur la viticulture et, on l’a vu, faisait vivre sa passion pour la botanique dans le parc de son château éclectique.

Celui qui fut également maire d’Epernay pendant de nombreuses années fit aussi construire, sous le château, d’immenses caves destinées au stockage et à l’élaboration du vin de champagne de la maison. “La vision singulière de Perrier-Jouët est celle d’une maison de champagne qui, patiemment, modèle la nature pour créer des assemblages floraux, sophistiqués, symboles d’élégance et de raffinement”, nous dit-on chez Perrier-Jouët. La nature, si chère à l’esthétique Art Nouveau. Et aux œuvres curatées par Axelle de Buffevent, directrice de la création pour la maison, qui toutes, ont un discours en lien avec le rythme des saisons, la main de l’homme sur la nature.

Ce soir-là, alors qu’on admire le jardin, sa superbe roseraie et son petit carré d’aromatiques, on nous confie d’ailleurs que l’ambition est à l’agrandissement : quelques pieds de vignes, un potager pour les cuisines ? L’avenir nous le dira.

A la table de la maison Belle Epoque, l’art de vivre à la française

Parlons-en, justement, de ces légumes ! Dans le menu -unique- en sept plats et trois accords qui a été pensé par la maison avec Sébastien Morellon, Pierre Gagnaire et Séverine Frerson, “c’est la cuisine qui accompagne le champagne, et non l’inverse”, déclare le chef de caves. On nuancera que les deux se complètent à merveille…

Biscuit de dorade royale, coques, couteaux, moules de bouchot et poireaux, Perrier-Jouët Epoque Blanc de Blancs 2004.

Nous, on retient, mariés au Perrier-Jouët Epoque Blanc de Blancs 2004, l’inoubliable bouillon Zézette (légumes de saison, lait de coco, soja millésimé, entre autres, nous souffle le chef) et le très fin biscuit de dorade royale, coques, couteaux, moules de bouchot et poireaux… Côté dessert, le granité au Perrier-Jouët Grand Brut et gelée de groseille aura éclipsé toute autre trace sucrée de notre mémoire.

Au bar de la Maison Belle Epoque, l’installation de Ritsue Mishima.

La nuit nous a surpris, installés à table dans l’air devenu enfin doux en cette journée caniculaire. On se surprend à savourer l’instant : le soleil déclinant, le tintement cristallin des disques en verre de Murano imaginés par Ritsue Mishima, les conversations qui se croisent, l’odeur des roses… Oui, dans une vie idéale, tout ne serait que ce luxe, calme et volupté. On saura en profiter à nouveau.

E.C

Résumons

Cellier Belle Epoque, bar à champagne, terrasse, restauration légère et boutique Perrier-Jouët
Avenue de Champagne,
51200 Epernay, 

De 11h à 21h, du mercredi au dimanche, depuis le 19 juin
Plus d’informations au 03 26 53 38 00

Maison Belle Epoque, menu gastronomique unique en sept plats, accord cuvées millésimées Perrier-Jouët,
Avenue de Champagne,
51200 Epernay
250 € par personne, sur réservation uniquement, à partir de fin juillet.

Musée du vin de Champagne et d’Archéologie régionale,
13 Avenue de Champagne,
51200 Épernay