Culture
Beau livre : Shanghai selon Otobong Nkanga
29 SEPTEMBRE . 2021
Ceci est un livre de voyage consacré à Shanghai. Ou plutôt un album d’artiste à la vision subjective -la seule qui nous intéresse- d’une ville authentique, loin de l’image futuriste qu’on lui connaît : toute en légendes et en temps suspendu. On plonge ensemble dans le dernier beau livre publié par les éditions Louis Vuitton ce mois-ci et imaginé par l’artiste Otobong Nkanga.
Après le beau livre consacré à l’Australie, dont on vous parlait ici, publié par les éditions Louis Vuitton, c’est au tour de Shanghai d’être mise à l’honneur par un artiste. Otobong Nkanga a conservé de son Nigeria natal l’amour absolu de la nature et de la terre. De la terre, au sens du territoire, qu’elle explore en nombre, comme au sens géologique du terme, l’une de ses passions et l’un de ses sujets principaux de recherche.
« L’artiste revient toujours aux racines, à une archéologie du temps qui l’interpelle et dont elle est à la fois la témoin active, l’exploratrice des possibles et la poétesse »
Désormais établie à Anvers, l’artiste a pourtant découvert l’art sous toutes ses formes, de la peinture à l’architecture, à Paris, où elle est scolarisée jusqu’à ses quinze ans, lorsque ses parents -une mère professeure de français, un père employé des télécom- décident de revenir à Lagos. Elle intègre alors l’université Obafemi Awolowo et surtout, sa faculté d’art, dès l’âge de seize ans, largement encouragée par sa mère qui y voit une manière plus libre d’expression.
Un encouragement d’autant plus précieux que la jeune artiste perd sa mère l’année suivante. La suite coule de source : les Beaux-Arts de Paris à vingt ans, une résidence à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Amsterdam, un diplôme des DasArts d’Amsterdam. Galeries internationales, Biennales, Musées : tous se l’arrachent depuis une vingtaine d’années.
A Shanghai, Otobong Nkanga questionne, comme toujours, le rapport oublié à la nature. Artiste protéiforme, performeuse, photographe, vidéaste et plasticienne, c’est toujours pourtant le dessin qui demeure à la base de son œuvre. « Le dessin m’aide à clarifier l’idée, l’émotion ou la pensée, à ordonner les choses dans l’espace, à associer des mondes différents et à broder une réalité qui devient gouache, sculpture ou installation. »
L’artiste aura étudié pendant trois semaines la géométrie et la géographie de la ville, déambulant appareil photo en main (plus de quatre mille clichés en tout) et bien sûr, visitant les parcs et jardins botaniques, le musée géologique, s’imprégnant de l’architecture de la ville, des rues et surtout, de la vie.
Elle s’intéresse notamment aux lilongs, ces habitations organisée en allées, construites en un siècle, entre 1840 et 1940 et résistant à la bulle immobilière. Dans ces venelles et lacis, il n’y a pas que le temps qui est suspendu : le linge y sèche encore en plein air. L’artiste aime ces legs du passé. Tout part bien de ce constat, qu’elle formule elle-même : « toute ligne que l’on trace est une respiration ».
https://www.youtube.com/watch?v=pCzsEZrKiVE&list=PLkp831_OgYqEx9sorCAXHN3EUfp6uqdr-&index=2
Louis Vuitton Travel Book, Shanghai, Otobong Nkanga, 136 p. 45€
Découvrir l’édition de l’artiste, c’est là.
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