Gastronomie
Nos 5 armagnacs préférés
Pour entrer dans l’hiver en une gorgée
14 OCTOBRE . 2021
Vous le savez bien, aux Hardis, on est friands d’armagnac, d’esprit gascon (ou serait-ce l’esprit Hardi ?), de trésors cachés de la France ! Et parce qu’automne et hiver sont synonymes du combo spiritueux-au-coin-du-feu, petite piqûre de rappel avec notre sélection de 5 armagnacs à déguster, en paix s’il vous plaît.
Il est vrai que d’armagnac, il est souvent question dans Les Hardis. Il a bien fallu qu’on renouvelle un peu notre sélection, puisqu’on avait déjà évoqué avec vous quelques-uns de nos préférés (par ici, par là ou encore de ce côté). Alors, on en a choisi cinq, très différents. Bonne dégustation !
1. Un millésime : l’armagnac Darroze, collection Luxe Gascon
Ce sont les trésors que la famille Darroze chasse depuis trois générations sur les terres d’une quarantaine de domaines situés en Bas-Armagnac que Marc Darroze a choisi de mettre en carafe dans une collection unique intitulée Luxe Gascon.
Chaque armagnac – certains de ces armagnacs ont vu passer deux guerres – provient d’un lot unique, porte son année de production et a sa propre histoire, avec un vieillissement systématique en fûts de chêne gascons dans les premières années puis un transfert dans des barriques plus âgées pour arrondir les tannins, complexifier les arômes et terminer en dames-jeannes où l’oxydation relative va lui permettre de continuer à s’affiner tout en réduisant l’effet du temps.
En tout, 8 millésimes (1924, 1925, 1928, 1929, 1930, 1936, 1941 et 1946) composent cette extraordinaire collection. « Le millésime 1929, nous confie Marc Darroze, surprend par sa fraîcheur malgré son grand âge. Aux arômes de café, de cacao, de miel et de cuir que l’on peut retrouver dans un armagnac de cet âge s’ajoutent des notes compotées de prunes, de figues lui conférant un superbe équilibre. »
l’armagnac Darroze, collection Luxe Gascon, 1929, carafe en cristal soufflée à la bouche, 2 810 €, édition limitée à 127 flacons. L’exception a un prix !
2. Une blanche : l’armagnac Dartigalongue, Un-Oaked Armagnac
La famille Dartigalongue, si elle représente l’une des plus anciennes maisons de Bas-Armagnac (1838), n’en est pas moins dans l’air du temps. Elle le prouve avec cette eau de vie, dédiée à l’élaboration de cocktails, « qui n’a pas flirté avec le bois », d’où sa couleur transparente qui lui vaut le nom de « blanche ».
Issue des cépages baco 22A pour la structure, ugni blanc pour le fruité et folle blanche pour les notes florales, elle titre à 58° à la sortie de l’alambic. Elle est alors logée en cuve inox pour une maturation de 3 mois minimum, au cours desquels le degré est réduit lentement jusqu’à 43,2° par ajout d’eau déminéralisée.
On aime son étiquette qui s’inspire d’un alambic de type armagnaçais, qui trône aujourd’hui dans le musée familial, rappelant que la richesse aromatique de l’armagnac provient en bonne partie du système de distillation continue à petite colonne, inventé au XIXe siècle dans le Gers par Sieur Tuillières.
Au nez, des notes de poire, de fruit blanc subtil de pêche et d’amande. En bouche, de l’onctuosité et de l’amplitude. Philippe Morin du restaurant Istr dans le Haut-Marais aime bien la proposer en sour ou juste servie à -18° comme une Williamine.
l’armagnac Dartigalongue, Un-Oaked armagnac, Appellation Blanche Armagnac contrôlée, 43,2% vol. alc., 70 cl, 37 €.
3. Un monocépage : l’armagnac Domaine de Laballe, Exode XIV
Si le château du Domaine Laballe date du XIVe siècle, la famille Laudet y cultive la vigne depuis précisément 200 ans. Cyril Laudet et sa femme Julie, représentants de la 8e génération, y impriment leur griffe depuis 2007.
Ce « jeune domaine de 200 ans » situé au cœur du Bas-Armagnac landais, produit aussi des vins dans les 3 couleurs en IGP Landes et Côtes-de- Gascogne. Exode XIV est un assemblage de trois millésimes (2014, 2015 et 2017) qui rend hommage au cépage ugni blanc et ses racines italiennes, désormais très présent dans le Sud-Ouest.
Au XIVe siècle, l’Italie se déchire. Le pape Clément V prend alors une décision : fuir Rome. Avant de partir, il glisse dans sa valise le cépage italien Trebbiano bianco dont la culture va se répandre dans le Sud-Est puis le Sud-Ouest de la France. Rebaptisé ugni blanc, ce cépage de distillation par excellence est généreux, résistant aux aléas de la nature et sa maturité tardive permet l’obtention d’eaux-de-vie fines et de grande qualité.
Élégant et tout en rondeur, Exode XIV a la fraîcheur d’un jeune armagnac, les notes d’agrumes et de pâte d’amande que l’on retrouve sur les ugni blanc de Laballe, terroir des Sables Fauves.
l’armagnac Domaine de Laballe, Exode XIV, 100% ugni blanc, 43% vol. alc., 70 cl, 40 €.
4. Un dernier-né : l’armagnac Armin, 6 ans d’âge
Lancé le 11 novembre 2020, jour de « l’Arminstice », ce renégat n’hésite pas à montrer son… cul ! Comme en témoigne, au verso de l’étiquette, le coq gascon qui sert de porte-étendard à cette toute jeune marque bien décidée à repartir à la conquête de cette eau de vie et la dépoussiérer. Ah, l’esprit gascon…
Né pour être dégusté en long drink allongé de tonic ou de ginger beer, sans rien renier à son côté foncièrement artisanal – Armin est distillé à Arthèz-d’Armagnac à partir d’un alambic de 1804, encore en fonctionnement et classé aux Monuments Historiques – ce 6 ans d’âge est un assemblage d’ugni blanc (60%) et de baco (40%) vieilli en fûts de chêne pédonculé. Un nez orangé marqué par de légères touches biscuitées de vanille et de cannelle.
En bouche, on retrouve ce côté orangé légèrement épicé avec des notes de cannelle et de cardamome. Une finale douce tout en fraîcheur. Idéal pour les amateurs de cocktails ou de long drinks. En bref, vous l’aurez compris, un armagnac hardi, tout comme le chevalier Armin (d’Arminius, le nom latinisé du chevalier Herman dont il est fait référence en introduction).
L’armagnac Armin, 6 ans d’âge, 40% vol. alc., 50 cl, 29 €. Existe aussi en 10 ans.
5. Un bio « triple cask » : l’armagnac Uby Oak
À l’image de ses vins de pays des Côtes de Gascogne issu d’un domaine ancré dans le paysage du Gers depuis 3 générations, François Morel, très attaché à ses terres, y imprime une vraie dimension humaine et durable. Le style de son armagnac répond viscéralement à une nouvelle génération, décomplexée et en quête de nouvelles saveurs.
On adore son flacon qui casse littéralement les codes de cette eau de vie gasconne et c’est voulu. La couleur jaune est là pour rappeler ses notes vanillées, florales et épicées.
Issu d’un assemblage égal d’ugni blanc et de baco, Uby Oak est un triple cask, élevé successivement dans 3 fûts de chêne français différents : 12 mois en fût de chêne pédonculé neuf « pour définir son caractère », explique François Morel ; 18 mois en fût de chêne roux « pour affiner sa personnalité » ; 6 mois de finition en fût de chêne Sessile « pour développer sa rondeur et ses saveurs uniques ».
Le résultat ? Le bois a opéré son tour de magie. « Un maelstrom de gourmandise sur le caramel, la vanille et les épices », souligne Alexandre Vingtier, journaliste et grand aficionado d’armagnac. Cet armagnac jeune, frais et gourmand se déguste pur sur glace, ou, mieux, allongé de ginger ale, et encore mieux, en cocktail !
L’armagnac Uby Oak, certifié Agriculture Biologique, 40% vol. alc., 70 cl.
C.K