Gastronomie
Paris : à la fondation Pernod-Ricard, le Café Mirette
Arty but tasty !
06 DéCEMBRE . 2021
Dernière aventure en date de la très talentueuse équipe de la Pantruchoise, le Café Mirette a posé ses cartons à Paris, le long d’une librairie d’art contemporain, dans la très paisible Fondation Pernod Ricard. Une halte idéale pour qui veut se restaurer le corps après l’esprit (ou inversement). Découverte en technicolor.
Il y a quelque chose de profondément exotique dans les restaurants de musées. L’impression d’y être en suspension, comme en voyage, une sorte de dépaysement à peu de frais. Et si les nourritures peuvent y être parfois un peu approximatives, un réel effort de montée en gamme ne cesse d’y être observé. La preuve par l’exemple avec ce Café Mirette, tout juste éclos dans l’enceinte de la fondation d’art Pernod-Ricard.
A l’écart de la foule de Saint-Lazare, derrière d’immenses baies vitrées, ce café moderne tout de longueur se déploie sous des plafonds aux dégradés Pantone, le long d’une librairie aux mises en avant soigneusement entretenues. On y a placé quelques tables d’un esprit design 80’s et des sièges cannelés pour la touche estivale, pour ne pas dire méditerranéenne dans la filiation marseillaise de (quoi d’autre ?) Pernod-Ricard. L’escapade est en route.
La clientèle mêle visiteurs de la fondation, touristes épris de design, voisins curieux et amateurs de bistronomie bien informés. Car cette cuisine de musée n’a rien de banal. Elle a été pensée et organisée par le chef Franck Baranger déjà à la tête, avec ses associés, du Pantruche, de Caillebotte, Belle Maison et autres Coucou. Que de belles et bonnes adresses ! Et ce Café Mirette, ouvert toute la journée, ne fait pas exception.
On y trouve une carte ultra-courte, faisant la part belle aux saisons, aux alliances surprenantes et à la limpidité d’exécution. Quelques entrées, trois plats à la carte et deux plats du jour, quelques desserts et voilà le travail. Mais ce travail est de la bien belle ouvrage. On s’y est partagé ce midi-là quelques entrées bien senties : des “Rillettes de cabillaud, noisettes et légumes en pickles” d’une fraîcheur vivifiante et une “Tapenade cajou-pistaches, pickles d’oignons rouges, pain noir” toute en rondeur et servie toute la journée…
Côté plats, on n’a pas lésiné et la presque totalité de la carte s’est glissée sous nos fourchettes. A la carte, un “Poulpe grillé, purée de céleri, pickles de chou-rave, crumble noisette et pain grillé” aux saveurs méditerranéennes et à la cuisson impeccable et une “Joue de boeuf braisé, chou kale, butternut, maïs confit” réchauffant nos joues marquées du sceau automnal. A l’ordre du (menu du) jour, un poisson délicat et délicieusement crémeux (“Cabillaud et petit épeautre aux herbes”) accompagné de carottes rôties fondantes, d’une poudre d’olives noires et d’une sauce étonnante aux amandes. Un régal. Pour les carnivores, un “Burger au pulled pork” so frenchy avec son cream cheese au paprika fumé, ses maïs confits et sa garniture du moment, pommes de terre grenaille et carottes rôties.
Pour la note sucrée (la carte condense quelques desserts à déguster à toute heure), un “Carrot Cake” glacé au fromage frais, plus léger qu’il n’y paraît avec sa quenelle de glace et sa pâte tendrement friable.
Dans nos verres point de Pernod, point de Ricard (on reviendra aux beaux jours, la table débordant en terrasse) mais un joli Macon La Roche Vineuse de 2018, simple, minéral et frais comme il se doit.
Si on ajoute à ce tableau déjà bien garni, un service affable aux petits soins et des prix doux qui ne connaissent pas l’inflation (formule déjeuner à 19 €), vous n’aurez plus aucune excuse, amateur d’art ou pas, pour vous attabler quelques instants à ce Café Mirette. L’escapade vaut définitivement le déplacement. Si je puis dire.
T.R