Culture
Exposition : on s’enflamme pour la céramique
Au Musée d’Art Moderne de Paris
14 JANVIER . 2022
Ça chauffe jusqu’au 6 février ! L’exposition au Musée d’Art Moderne de Paris, Les Flammes. L'Âge de la céramique, propose une immersion étonnante dans le médium de la céramique à travers plus de 350 pièces toutes plus inattendues les unes des autres. On a voulu en savoir plus et on a échangé avec Anne Dressen, commissaire de l’exposition.
Repenser les frontières de l’art
Si vous pensiez que la céramique était un médium du Musée d’Art Moderne de Paris s’inscrit, telle un troisième volet, dans la lignée des expositions Decorum (sur la tapisserie) et Medusa (sur les bijoux) organisées en 2013 et 2017, cherchant à repenser et décloisonner les définitions artistiques. « Le choix de mettre en avant ces médiums m’a directement été inspiré de la pratique d’artistes contemporains. Ils m’ont incitée à regarder comment les artistes depuis la fin du XIXe siècle se sont emparés de ces médiums. Ce sont ces allers-retours dans l’histoire que je trouve intéressants » nous confie Anne Dressen.
Tout feu tout flamme
Du grec keramos, signifiant fait d’argile, le médium de la céramique désigne l’ensemble des objets fabriqués en terre ayant subi une transformation physico-chimique irréversible. Cette technique de création, l’une des plus anciennes, apparaît dès la Préhistoire pour la confection d’idoles, d’architectures et de contenants culinaires. Loin de se cantonner à cette période historique, la céramique n’a eu de cesse de traverser les époques et les genres, en se renouvelant, toujours.
Des redécouvertes artistiques
A la croisée des chemins entre l’art, le design et l’artisanat, cette exposition aborde la question de l’évolution du médium en fonction de trois thématiques : les techniques, les usages et les messages. Ce sont toutes les potentialités du médium qui se succèdent dans le parcours de l’exposition : des formes et décors les plus étranges ou classiques, aux couleurs les plus expressives ou neutres en passant par les objets à caractère utilitaire ou purement artistique.
Au départ anonyme puisque réalisée par des artisans, la céramique s’est peu à peu imposée comme un moyen de création privilégié pour les artistes reconnus. Tout le long de l’exposition, on découvre ainsi des œuvres – peu montrées jusqu’alors – d’artistes phares de l’histoire de l’art : Henri Matisse, Paul Gauguin, Pablo Picasso, Fernand Léger, Marcel Duchamp ou encore Ettore Sottsass… Anne Dressen confirme : « ce que j’apprécie le plus c’est d’aller dans les réserves voir les objets que tu n’as pas pu voir en salle et là souvent, il y a des découvertes inopinées qui relèvent un peu de l’aléatoire et de la chance ! »
Une mise en lumière de l’artiste femme
La plus grande surprise de cette exposition ne réside pas dans le fait d’apprendre que des artistes renommés se sont emparés de cette technique de création, mais plutôt dans celui de découvrir par dizaines de nouveaux noms d’artistes. Véritable coup de projecteur sur une production encore trop peu exhibée, l’exposition donne à voir le travail de 88 artistes femmes — dont plus d’une cinquantaine encore vivantes à ce jour !
« Depuis une quinzaine d’années, le Musée d’Art Moderne de Paris a présenté beaucoup de monographies de femmes sans nécessairement le revendiquer mais plutôt comme une forme d’évidence que de nombreuses figures artistiques n’avaient pas été montrées comme elles auraient dû l’être ». – Anne Dressen
La commissaire d’exposition nous explique ainsi avoir découvert le travail de céramistes lorsqu’elle a été contactée durant la production de l’exposition par deux gestionnaires de patrimoine artistique (estates) qui souhaitaient faire connaitre les œuvres de femmes tombées dans l’oubli : Jeanne Manivel, artiste bretonne du début du XXème siècle et Margrit Linck, artiste suisse des années 1950. Une exposition pleine de découvertes donc… à ne manquer sous aucun prétexte.
L.M | A la une : la salle Dufy « La fée électricité » et le début de l’exposition, avec une installation de Johan Creten « Point d’observation » © David Coburn
Exposition Les Flammes, Musée d’art Moderne de Paris
11, Avenue du Président Wilson
Paris XVIe
Jusqu’au 6 février 2022
Tous les jours sauf les lundis, le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre, 10h-18h, nocturne les jeudis jusqu’à 22h
Tarifs : 11 € / 9 €
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