A Paris, Nosso

Situé à quelques encablures de la Bibliothèque François Mitterand, Nosso -qui signifie Nous en portugais- rappelle qu’un restaurant, c’est avant tout une histoire humaine, comme l’explique Alessandra :« dans l’équipe, nous sommes des citoyens du monde. On n’est de nulle part…et on est de partout: Nosso c’est une famille cosmopolite, dont tous les membres sont liés. » Voilà qui donne le ton ! Contemporain et lumineux, on a plaisir à prendre place dans ce lieu vivant et végétal où les matières brutes comme le béton, le sapin et le chêne sont déclinées.

Née à Rio de Janeiro, Alessandra Montagne-Gomes a été élevée chez ses grands-parents, maraîchers et producteurs de volaille : dans cette ferme familiale, rien n’était perdu et tout était transformé sur place. Une autosuffisance qui a fortement influencé sa vision de la cuisine, responsable et écologique. Chez Nosso, la carte change en fonction des saisons bien sûr mais aussi de l’arrivage des produits que livre Zone Sensible tous les mercredis, ferme urbaine située en Seine-Saint-Denis avec qui travaillent les cuisines.

Ici, pas de gaspillage. On utilise tout du produit, et les déchets font du compost récupéré par le maraîcher. Un trop plein de légumes ? Ils se transforment en pickles pour venir condimenter de futurs plats. Vive l’économie circulaire et l’art d’être ménager appliqués au restaurant.

« Un restaurant c’est de l’amour ! J’aime donner et savoir que les gens seront bien accueillis et repartiront avec le sourire. Ce n’est pas juste un job, c’est toute une philosophie. On est là pour que les gens se sentent bien et mangent bien » – Alessandra Montagne

Et en parlant de bien manger… On est accueilli à table par un petit pao de queijo, joufflu et douillet, souvenir d’enfance d’Alessandra et clin d’œil au Brésil qui ouvre l’appétit. La carte, quant à elle, est courte et créative : trois entrées, quatre plats dont la pêche du jour et trois desserts. A chaque fois, une version végétarienne est proposée comme la foccacia à la carotte dans laquelle l’huile d’olive est partiellement remplacée par du jus de carotte. Le croustillant de boudin noir est délicat et servi avec une crème pomme céleri et pickles qui apporte de la fraîcheur à cette entrée canaille. Les gyozas de bœuf, eux, sont une véritable invitation au voyage : la farce est légèrement herbacée, ils sont relevés par un bouillon diablement épicé et une tuile de pain aussi aérienne qu’une dentelle de Bruges.

Plat signature de la maison, le porc, confit durant des heures, est toujours présent à la carte mais sa garniture change régulièrement. Là, il était accompagné de topinambours en trois textures et d’un beau jus légèrement sirupeux, bien acidulé pour donner un bel équilibre à ce plat gourmand.  En dessert, on opte pour la crème renversée au thym et citron, aromatique et onctueuse, originale et raffinée : bref, la parfaite illustration de l’esprit Nosso.

Côté boisson, il vous faudra choisir parmi l’une des 72 références sélectionnées par le sommelier Aurélien Gil-Artagnan qui joue sur la diversité en mettant en valeur des domaines de prestige mais également des jeunes talents qui travaillent en Biodynamie ou encore une bière originale dont les arômes mettront en valeur les plats (si, si).

Dernière information, et pas des moindres : Alessandra ouvre une épicerie avant l’été juste en face de Nosso. On y retrouvera une sélection de vins, des produits d’épicerie de qualité mais aussi des plats au déjeuner à emporter avec un ticket moyen assez bas « pour que tout le monde puisse y goûter ».

A.H