Découvrir Montpellier au Richer de Belleval

Une halte au Richer de Belleval

C’est une adresse chargée d’histoire et transformée en hôtel, l’un des plus beaux du Languedoc-Roussillon, qui a pris place dans l’ancienne demeure d’un illustre botaniste et médecin du roi du XVIème siècle (Monsieur Richer de Belleval, donc) qui abrita ensuite la Mairie de Montpellier et, dans un tout autre registre, le conseil des prud’hommes, avant d’être laissé à l’abandon. Il n’en fallait pas moins que ce bâtiment emblématique pour incarner le grand retour des frères Pourcel sur la scène de la haute-gastronomie française. Ici se conjuguent plaisir, quiétude, élégance, audace, confort, culture et gastronomie, rien que ça. Un bouquet très hardi, en somme ! Un refuge délicieux, idéal pour une halte à proximité de la Méditerranée dans une adresse “qui fait dialoguer les époques sans les opposer” nous dit-on une fois sur place.

Le lieu s’est offert une rénovation exigeante et minutieuse, à la hauteur de son histoire. Au passé, toutefois, répond le futur : parquets anciens, plafonds peints, boiseries, moulures, cheminées et voûtes certes, mais aussi œuvres d’art contemporain commandées par la Fondation GGL Helenis, associée au projet. Une fresque à l’encre de chine dans le lobby par Abdelkader Benchamma, une majestueuse verrière où la lumière fuse, un escalier magistral et une œuvre de Marlène Moquet qui converse avec les bustes d’empereurs romains, un boudoir vif et coloré par Olympe Racana-Weiler… La décoration est signée Christian Collot. Et pour étancher davantage sa soif artistique, la Fondation accueille les plus curieux dans sa galerie accessible par le patio au rez-de-chaussée.

Au 4ème étage, sous les toits : la Junior Suite 18. Notre nid douillet, une suite lumineuse, surplombant la Place de la Canourgue. On l’aimera pour son confort et son élégance, plus douce que certaines de ses voisines qui jouent davantage la carte de la fantaisie ou de l’extravagance. En contrebas : la fontaine des Licornes, une belle pelouse, les terrasses qui fleurent bon le Sud. A l’horizon, les toits. Le Pic Saint-Loup en toile de fond. Sans oublier les sons de cloche de l’Église voisine.

Retour au sommet de la gastronomie pour les frères Pourcel

Le Jardin des Sens, table mythique des frères Pourcel, qui cumula en son temps jusqu’à trois étoiles Michelin, renaît de ses cendres. Après s’être éloignés un temps du feu des projecteurs culinaires, les chefs jumeaux remettent le couvert dans un écrin qui est déjà un des meilleurs restaurants à Montpellier. “Chefs de cuisine, ils sont. Agitateurs de sens, ils restent” nous souffle sa garde rapprochée, “fière de faire partie de la Famille”. Hommes de goût, infatigables ambassadeurs de leur ville, ils délivrent une cuisine ancrée dans son terroir, nourrie de voyages et d’inspirations, témoin de leur attachement sincère et entier à Montpellier et sa région. Sans s’enfermer dans les codes d’une gastronomie un peu lourde ou guindée.

Retour au sommet pour les chefs jumeaux Pourcel.

19h30. L’Élytre. A l’étage, pour attaquer les hostilités, on sirote un très bon cocktail dans le bar de l’hôtel (l’ancienne salle des mariages, du temps de la mairie), sous l’œil d’une Marianne qui elle, n’a pas bougé, plongée dans un univers aux milles nuances de vert, sous un lanternon où se cotoient des milliers d’élytres de scarabées – l’oeuvre est signée Jan Fabre.

20h05. Le Jardin des Sens. Le restaurant gastronomique, situé au rez-de-chaussée, compte trois jolis salons en enfilade. Les murs accueillent des miroirs pour mieux observer le spectacle des voûtes. La nôtre dévoile une fresque au plafond délicieusement défraîchie. Splendide.

Différents adjectifs ponctueront notre expérience ce soir-là. Jacques et Laurent Pourcel nous convient à un “dialogue avec la Méditerranée », leur permettant de renouer avec les producteurs locaux, au service d’une excellente partition libre, menée en 10 actes. Sans maniérisme ni minimalisme exacerbé, avec talent, passion et humilité.

Le homard.

Réconfortant. Pour amuser nos (fines) gueules, entre autres bouchées de hautes volées : affriolante raviole frite, garnie à la manière d’une tielle (prononcez “ti-èle” !), réminiscence de vacances estivales du côté de Sète, ou friponnes croquettes de pied de veau. Malin. Quelle belle idée et quelle allégresse, surtout pour un fanatique de pain comme moi (Terre de Blé, vous vous souvenez ?) de ponctuer son festin par de jolies découvertes boulangères, dans l’esprit d’un accord mets… et pains. Souvenir ému pour le “Pain du pêcheur”, assemblage de seigle, de farine de pain toasté, de porridge de lin, d’avoine et de graines de courge. À s’offrir dans la boulangerie “Des rêves et du Pain”, installée à trois cents mètres du restaurant.

Fraises et safran.

Frais. Un peu plus tard, une divine interprétation du trou normand pour reprendre son souffle : parfaite gelée de clémentine, tomates, grenade, herbes, condiments et sorbet fenouil. Régressif. Délicieuse surprise servie dans un pot de yaourt en verre (joie de percer avec sa cuillère l’opercule argenté !), et qui aura eu le don de me réconcilier avec le foie gras. Sensationnel. Nous arrivons peut-être au point d’orgue de cette symphonie occitane : le tronçon de homard bleu rôti, raviole coulante de potimarron, bisque légère. Stupéfiant. La prestation sommelière sublime le tout. Coup de cœur absolu pour un improbable Languedoc du Domaine Boillot – La Truffière, un blanc aux notes inattendues lactées et beurrées. Exquis. Pénultième émerveillement : acoquinement de la fraise et du safran autour d’un dessert ennobli par un joyeux espuma au riz et un sorbet fraise-estragon.

C’est donc sans grande surprise que l’adresse décrochait sa première étoile en mars dernier, seulement quelques mois après son ouverture, récompensée pour une cuisine millimétrée, très lisible, des goûts francs et un service agréable, rythmé, attentionné. Même si le tandem n’a plus rien à prouver aujourd’hui, “ça fait plaisir aux équipes » nous souffle le Chef lors d’un (bref – coup de feu oblige) passage à notre table, quelques jours après la grande révélation du Guide.

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Découvrir Montpellier : héritage médiéval et architecture contemporaine

Montpellier (à prononcer “Monpélié” pour s’attirer le respect des locaux) était pour moi une première ! Et entre nous, vingt-quatre heures suffiront à faire grimper la cité héraultaise sur mon podium très personnel (et donc tout aussi subjectif) des villes où il fait meilleur vivre en France.

L’Office du Tourisme organise une flopée de visites guidées thématiques très bien pensées, pour arpenter la ville, et selon vos envies, flâner (et apprendre) à travers l’espace et le temps. Pour plonger dans le passé médiéval de la ville, vous pourrez par exemple gravir les 90 marches de l’Arc de Triomphe pour dominer la vieille ville et les Jardins du Peyrou, ou découvrir le mikvé (bain rituel juif du XIIIème siècle), symbole de l’héritage hébraïque médiéval local, alimenté par une nappe d’eau souterraine naturellement purifiée et renouvelée. Dans un contexte incontestablement plus actuel, en s’éloignant du centre, immersion à Port Marianne pour errer le long du Lez et contempler les merveilles architecturales contemporaines signées Nouvel, Starck, Bühler, Ferrier ou Fujimoto.

Oui, vous l’aurez compris, Montpellier et le Richer de Belleval ont beaucoup à offrir. Et non, Marseille et ses bonnes adresses n’ont certainement pas le monopole de l’échappée urbaine méditerranéenne réussie. (Ceci étant dit, profitez-en pour jeter un oeil à notre sélection des plus beaux hôtels vue mer…) Le retour des Frères Pourcel est remarqué… Allez, venez, Hardis, vous asseoir à leur table !

G.B

Hôtel Richer de Belleval,
Place de la Canourgue,
Montpellier (34)
à partir de 190€ la nuit 

Restaurant Jardin des Sens, au sein de l’hôtel
Déjeuner – Menu à 120€
Dîner – Menu à partir de 190€  

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