Nos 5 nouveaux artistes décorateurs préférés

Une fresque d’Alexandre Benjamin Navet pour Pierre Yovanovitch, © François Halard

« Quand on ne peut pas changer le monde, il faut changer le décor. »

La phrase de Daniel Pennac ne pourrait mieux tomber en ces temps complexes. L’occasion pour nous de partir à la découverte de ces jeunes créateurs qui n’ont pas fini d’imprégner notre rétine !

Victor Cadene © Mathieu Richer Mamousse

1. Luke Edward Hall, l’artiste-décorateur “greco-disco”

Luke Edward Hall, c’est le jeune Londonien surdoué tout droit sorti d’un film de Wes Anderson dont on vous parlait déjà il y a quelque temps. 

On lui doit l’aménagement de l’étonnant hôtel des deux Gares à Paris, et à son actif de nombreuses collaborations dont une qui l’aura rendu particulièrement populaire, avec la manufacture de céramiques italienne Richard Ginori dont il orne assiettes, tasses et autres vaisselle de ses célèbres portraits d’éphèbes et éléments aquatiques. Quant à la maison de parfumerie Diptyque, elle lui a récemment confié le look de ses flacons pour leur fragrance méditerranéenne Ilio à l’occasion des 60 ans de l’enseigne.

Son dernier projet ? Le lancement de sa propre marque « Château Orlando » dévoilée en France au Bon Marché en février dernier à travers un pop-up réalisé avec notre duo préféré, les marchands-décorateurs Objets d’Affection (ODA). 

Certes, le charme anglais opère à première vue. Mais pas d’inquiétude, la France n’a pas dit son dernier mot et l’on ne compte plus le nombre de jeunes artistes qui honorent la tradition, s ‘inscrivant dans la droite lignée des peintres-décorateurs des siècles passés.  

2. Matthieu Cossé, le renouveau de la figuration

Et les fresques ont décidément le vent en poupe. On pense notamment à celle de l’artiste Matthieu Cosse trônant sur les coursives de la nouvelle boutique Hermès de Sèvres Babylone à Paris, exercice auquel l’artiste s’est également prêté pour la coupole d’entrée de l’hôtel Le Coucou à Méribel, création montagnarde au sommet du chic signé Pierre Yovanovitch, ou encore pour la maison de campagne de l’architecte d’intérieur Tristan Auer.

A plus petite échelle, on retrouve de sublimes tapis de plage chez Hermès toujours, et des céramiques –assiettes, saladier et pichet- chez WedonotworkAlone, maison d’édition d’objets usuels fabriqués par des artistes. Cette même maison présentait en 2019 à la Design Parade (en collaboration avec la manufacture provençale Poterie Ravel) une série de jarres en céramiques de l’artiste, au répertoire méditerranéen (ânes, visages, animaux marins) qui n’est pas sans rappeler l’aventure à Vallauris d’un certain Picasso…

C’est donc sur une vaste gamme de supports (dessins et peintures sur papier, dessins numériques, estampes, textiles ou encore céramiques) que l’artiste, diplômé des Beaux Arts de Paris, navigue pour croquer paysages comme portraits, tout droits sortis de ses souvenirs pour être réinterprétés sous un prisme fantaisiste, parfois facétieux !

3. Alexandre Benjamin Navet, roi du décor ultra coloré

Pour ceux que le littoral provençal attire à la bonne saison, vous aurez certainement aperçu le décor monumental d’Alexandre Benjamin Navet peint sur la façade de l’Hôtel des Arts de Toulon. Une palette de couleurs vives décorrélées du réel, des traits hachurés pour croquer des décors en trompe l’œil comme une mise en abîme infinie des plus beaux intérieurs, son style séduit à toutes les échelles.

Façade Hotel des arts – Alexandre-Benjamin-Navet – Portrait Un été à Toulon.

Vases, lampes et cheminées, se côtoient dans un parfait décorum inspiré des lieux qu’il occupe et de son imaginaire. Enfant de la Design Parade (en 2017, il remporte le Grand Prix de la Design Parade Toulon), le jeune artiste multiplie les collaborations prestigieuses : Van Cleef and Arpels, Hermès, Codimat Collection, Baccarat, Pierre Frey… et ne manque pas de répondre à l’appel de projets d’architectes d’intérieur tels que Charles Zana dans le cadre du restaurant de l’hôtel Lou Pinet à Saint Tropez ou Pierre Yovanovitch pour un appartement privé parisien, pour lesquels il réalise de merveilleuses fresques.

4. Pierre-Marie, l’ornemaniste en chef

C’est toujours par le biais du décor monumental (cette fois-ci sous la forme d’une fresque textile) que l’on aborde le travail de Pierre-Marie, artiste-décorateur touche à tout, à l’occasion de sa collaboration avec l’architecte Franklin Azzi pour le restaurant Tortuga, implanté sur le toit-terrasse des Galeries Lafayette à Paris ; d’autres collaborations en cours avec les architectes Charles Zana et Uchronia enrichiront prochainement l’oeuvre à « grande échelle » de cet ornemaniste.

Pierre Marie devant la fresque Tortuga © Ambroise Tézenas

Le jeune artiste de 39 ans au style flamboyant réinvente les arts décoratifs à travers un répertoire signature qui séduit architectes d’intérieur, comme galeries : la prestigieuse Dimore Studio en tête. Ses ornements faits de rubans entrelacés, de couleurs profondes, de dessins aux allures baroques cultivent une tradition décorative dans laquelle on rêverait de se blottir comme un songe dans le passé et cela tombe bien car pour Diptyque, il crée des tenues d’intérieur, véritable concentré de son goût. C’est également avec une collaboration autour du textile qui dure depuis plus de 14 ans avec la maison Hermès que le grand public a pu découvrir le style de l’artiste à travers les fameux carrés de soie pour lesquels il crée des décors foisonnants. 

Et pour ceux qui souhaiteraient découvrir plus amplement le travail de Pierre Marie, sa galerie rue Victor Massé, à Paris offre un aperçu de ses créations, orchestrées sous la forme d’expositions temporaires et réalisées avec la fine fleur des meilleurs artisans français. De quoi réactiver vivement l’exception culturelle.

5. Victor Cadène, le plus théâtral

© Mathieu Richer Mamousse

Enfin, Victor Cadene ferme le bal de notre liste avec ses réalisations théâtrales et son style enchanteur qui se déploie à travers des dessins qu’il découpe et assemble en collages. La maison de ventes aux enchères Artcurial, la manufacture Pinton et l’Orient Express ne sont pas trompés en misant sur ce jeune artiste-décorateur, autodidacte et chineur hors pair. On retrouve également ses collages chez Amélie, maison d’art.  Les arts décoratifs sont morts, vive les arts décoratifs ! 

© Mathieu Richer Mamousse

J.C