Culture
Eté 2022 : Les meilleures expositions du Sud Est
1/3 : De Sérignan à Cavaillon
02 JUIN . 2022
Pour les Hardis que nous sommes, la Méditerranée sonne chaque année comme un rappel, un aimant qui reprend ses droits à la même saison. Oui, le ciel y est plus intense, le soleil y brille plus fort, les pins parasols offrent un abri de fortune et le chant des cigales nous emporte… Mais, on n’y pense pas forcément, le Sud Est de la France, c’est aussi un formidable vivier de lieux culturels qui dynamisent le territoire, notamment à travers une programmation excitante présentée par le guide Réseau Plein Sud ! De Sérignan à Cavaillon, on part à la découverte -de la première partie- des meilleures expositions du Sud Est cet été.
Nitsa Meletopoulos, The Garden of Claws, 2022. Porcelaine, engobe, émail, trois cuissons à 1300°, four à gaz oxydant. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Shebam
De cette nouvelle bible du tourisme culturel, spécial Mare Nostrum, qui a vu le jour au printemps 2020 sous la houlette de Jean-Pierre Blanc (directeur de la Villa Noailles) et d’Anne Racine (directrice de la Fondation Carmignac), avec la collaboration de la journaliste Sibylle Grandchamp, on retient une chose : la volonté de mettre en exergue un territoire, longtemps relégué au second plan de la vie artistique française, comme étant aujourd’hui et plus que jamais moteur d’initiatives et de propositions en matière d’art contemporain. Pas moins de 74 lieux des plus grandes villes aux plus petits villages, d’îles en ports mythiques de Sète à Monaco, y sont répertoriés.
« Qu’est-ce que la Méditerranée ? Mille choses à la fois, non pas un paysage, mais d’innombrables paysages, non pas une mer, mais une succession de mers, non pas une civilisation, mais des civilisations entassées les unes sur les autres. » Fernand Braudel
1. De la céramique à Sérignan
Partons de Sérignan, le point le plus à l’ouest de ce guide, pour inaugurer ce périple méditerranéen avec l’exposition de Nathalie du Pasquier au MRAC (image à la une, ndlr) dont on vous parlait il y a quelques temps par ici, puis arrêtons nous du côté du Montpellier Contemporain sous la forme d’un triptyque artistique inédit réunissant deux centres d’art : le MO.CO., le MO.CO. Panacée et l’École supérieure des Beaux-Arts de Montpellier, MO.CO. Esba.
Vue de l’exposition Contre-Nature. © Nicolas Brasseur
Trois lieux de vie et de création pour découvrir un large panorama de l’art d’aujourd’hui et notamment l’exposition Contre-Nature. La céramique, une épreuve du feu où se côtoient monstres, créatures grotesques d’émaux et de terres, un jeu de miroirs où la nature est artifice et l’artifice se fait nature pour bousculer la perception sur la sculpture et la céramique. En juin, on retrouve d’ailleurs certains de ces artistes dans la manifestation Ceramics Now, organisée par Florian Daguet-Bresson.
Exposition Contre-Nature. La céramique, une épreuve du feu,
Jusqu’au 4 septembre 2022,
MO.CO. Hôtel des collections,
13, rue de la République, Sérignan
du mardi au dimanche, 11h-19h
MO.CO. Panacée,
14, rue de l’École de Pharmacie, Sérignan
du mercredi au dimanche, 11h-19h
MO.CO. Esba, Pharmacie et Chapelle de la Miséricorde,
1, rue de la Monnaie, Sérignan
du 17 juin au 3 juillet, du mardi au dimanche, 10h-13h et 14h-18h
2. Les rencontres d’Arles, dès début Juillet
Bien sûr, ne ratez pas les incontournables rencontres d’Arles, Festival annuel de la photographie fondé en 1970, entre autres, par le fameux photographe Lucien Clergue et qui se déploie à travers une vingtaine de lieux patrimoniaux, et pas moins de 35 expositions.
Cette nouvelle édition, fidèle à l’engagement des Rencontres, poursuit un long processus de reconnaissance des femmes photographes : de figures historiques à la découverte d’artistes oubliées ou méconnues, jusqu’à l’émergence de jeunes talents. Ainsi Une avant-garde féministe des années 1970, présentée à la Mécanique Générale, réunit plus de 200 œuvres de 73 femmes artistes de la collection Verbund à Vienne, les prémices de la construction artistique une nouvelle « image de la femme », incontournable !
Pour une virée dans le New York des années 1970, il faudra rejoindre l’église Sainte-Anne où Babette Mangolte, cinéaste et photographe, témoigne de l’énergie de la scène new-yorkaise à travers la danse et la performance ; ou encore la salle Henri-Comte, où l’on découvrira l’œuvre singulière de Bettina Grossman, résidente du mythique Chelsea Hotel, qui regroupe photographies, vidéos, sculptures, peintures et design textile.
Le bâtiment imaginé par Frank Gehry abrite la Fondation Luma.
Profitez-en pour faire un détour par la fondation Luma au Parc des Ateliers, campus à la croisée de l’art, de l’architecture et de l’environnement pour voir une exposition ( comme The Impermanent Display II, deuxième d’une série d’expositions autour de la collection Maja Hoffmann avec des œuvres d’artistes majeurs comme Etel Adnan, Judy Chicago, Tacita Dean, Ólafur Elíasson, Urs Fischer ; ou découvrir Nightlife, film en 3D de l’artiste Cyprien Gaillard, tourné entièrement de nuit sur deux ans entre Cleveland, Los Angeles et Berlin, pour questionner l’héritage des révolutions et la portée des ruines de l’histoire moderne, assister à une conférence ou encore un spectacle… ou tout simplement se laisser impressionner par la Tour de Frank Gehry. Et avec tout ça, bien sûr, n’oubliez pas votre Louis Vuitton City Guide pour vous repérer…
Collection Maja Hoffmann / LUMA Foundation : The Impermanent Display II
La Tour, Galerie Principale, Niveau -2
À partir du 14 avril 2022
Cyprien Gaillard : Nightlife
La Tour, Glassroom, Niveau -2
À partir du 14 avril 2022
Les Rencontres de la Photographie,
Du 4 juillet au 25 septembre,
Tous les jours, 10h-19h30.
Fondation Luma, Parc des Ateliers
35, avenue Victor-Hugo, Arles
Tous les jours, de 10 h à 19 h 30, jusqu’en octobre.
Visites commentées du Parc des Ateliers.
3. La Collection Lambert et le Grenier à Sel en Avignon
Remontons plus haut en Provence direction Avignon pour voir ce que la Cité Papale, reine estivale du théâtre, a de ressources en matière d’art contemporain. Il nous serait bien difficile de faire l’impasse sur la célèbre Collection Lambert, créé il y a plus de vingt ans par le marchand d’art et collectionneur Yvon Lambert et installée dans deux hôtels particuliers du XVIIIe siècles réaménagés l’un par Rudy Ricciotti et l’autre par les frères Cyrille et Laurent Berger. Ces lieux historiques abritent un fonds d’œuvres saisissant allant de la seconde moitié du XXe siècle et du début du XXIe siècle.
Christian Boltanski, 1989, Collection Lambert.
La collection accueille cet été l’exposition Bienvenue dans le désert du réel, un événement qui questionne l’imagerie de masse avec des œuvres dont les sens de lectures multiples invitent à une distanciation critique. De quoi réfléchir sur la notion de représentation, au centre de nos préoccupations actuelles …
Et comme la ville est intrinsèquement liée en cette saison au spectacle vivant, le Grenier à sel, lieu pluridisciplinaire à la rencontre des arts visuels, arts vivants et de l’innovation, propose du 9 au 19 juillet une programmation sous le nom d’AIRES NUMÉRIQUES#3 consacrée aux formes immersives et numériques dans le spectacle vivant et les arts visuels . Un festival dans le festival avec des performances, conférences et des ateliers…. Et après ? Après, vous irez bien sûr passer la nuit à La Mirande.
Exposition Bienvenue dans le désert du réel à la Collection Lambert,
Jusqu’au 4 septembre 2022,
De Septembre à juin, ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h
Juillet et août, ouvert tous les jours de 11h à 19h
5, rue Violette, Avignon
AIRES NUMÉRIQUES#3 au Grenier à Sel,
2, rue Rempart Saint-Lazare, Avignon
4. A L’Isle-sur-la-Sorgue, antiquailles et art contemporain
D’Avignon, les amateurs d’antiquité seront certainement tentés par le passage quasi obligatoire du côté de l’Isle-sur-Sorgue, et ses fameux bords, qui accueille non seulement son marché permanent d’antiquités mais également deux centres d’art : le Campredon centre d’art, qui depuis 2010 présente un espace consacré à la jeune création et l’art visuel sous toutes ses formes : photographie, peinture, vidéo, installation, ainsi que la Fondation Villa Datris et ses jardins, crée un an plus tard, et entièrement dédiée à la sculpture contemporaine.
Fondation Datris, Isle sur la Sorgue. Caroline Achaintre, Elm, 2021 © Romain Darnaud
Et parce que la céramique a plus que jamais le vent en poupe, la fondation présente du 27 mai au 1er novembre Toucher Terre, l’art de la sculpture céramique ou comment rattacher ce médium ancestral à une pratique totalement contemporaine. 100 artistes sont réunis autour d’une vision commune celle de lier passé et présent, société et nature, à voir !
Campredon centre d’art
20, rue du Docteur-Tallet, L’Isle-sur-la-Sorgue
Du mardi au dimanche, 10h-18h
Fondation Villa Datris
7, avenue des Quatre-Otages, L’Isle-sur-la-Sorgue
En juin, septembre et octobre, du mercredi au samedi, 11h-13h et 14h-18h.
En juillet et août, tous les jours (sauf mardi), 10h-13h et 14h-19h.
5. L’Hôtel d’Agar et l’Hôtel Puyricard-d’Agar à Cavaillon
Pour clore ce premier voyage, faisons une dernière halte du côté de Cavaillon, en descendant plus au sud pour découvrir une maison de collectionneur, véritable cabinet de curiosités, absolument surprenante avec l’Hôtel d’Agar, propriété des Morand, (ultra) passionnés de père en fils. Non seulement l’Hôtel renferme une collection, impressionnante, de toutes époques, mais il abrite également un jardin qui fût celui des évêques de la ville jusqu’à la révolution, et dans lequel des fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour les thermes augustéennes et les vestiges d’un Mithraeum.
L’hôtel d’Agar. Courtoisie Olivier Morand.
Deux expositions estivales (du 28 Juin au 18 septembre) seront proposées dans ce lieu enchanteur : la première intitulée Louis Finson, Caravage & Georges Tony Stoll qui propose un dialogue entre la création contemporaine et une cinquantaine de peintures caravagesques dont plusieurs inédites de Louis Finson ; la seconde articulée autour de l’oeuvre du portraitriste de cours parisien du début XVIIe siècle Jean Ducayer.
L’hôtel Puyricard d’Agar, qui inaugure sa restauration avec une exposition d’art contemporain.
Quant à l’Hôtel Puyricard-d’Agar –un hôtel particulier du XVIIe siècle remanié au XVIIIe siècle, récemment sauvé par la famille Morand.– il inaugure sa rénovation avec une exposition d’art contemporain, Ecce Homo, présentée par la Galerie parisienne Poggi, invitée à s’y installer pour l’été. Fruit d’une collaboration entre la galerie, l’Hôtel d’Agar, Yvon Lambert et Stéphane Ibars, directeur artistique de la Collection Lambert, l’exposition présente une esquisse de portrait de l’humanité en partant des premières représentations de l’Homme dès la préhistoire jusqu’à nos jours avec l’art le plus contemporain qui soit (Roni Horn, Nan Goldin, Andres Serrano) Définitivement, à ne pas rater !
Hôtel d’Agar
65, place Philippe-de-Cabassole, Cavaillon
Du mardi au samedi. Visites guidées sur rendez-vous uniquement, réservation sur le site.
Hôtel particulier Puyricard d’Agar
240, Grande Rue, Cavaillon
J.C
